mardi 19 mai 2015

En Catalogne, une colonie éco-industrielle invente une façon de vivre libérée du profit

En Catalogne, une colonie éco-industrielle invente une façon de vivre libérée du profit

22 avril 2015 / Emmanuel Daniel (Reporterre)




Construire un analyseur d’eau, des systèmes d’éclairage écolos, brasser de la bière ou créer un réseau de téléphone alternatif... Voilà à quoi s’affairent une vingtaine de Géo Trouvetou installés dans une usine délabrée transformée en communauté rurale libertaire et high-tech. Cette « colonie éco-industrielle post-capitaliste » invente des façons de vivre et de produire libérées de la logique du profit.
- Calafou (Espagne), reportage
Pour accéder au fond de la vallée, le véhicule doit naviguer entre les bosses d’un chemin de terre mal entretenu. A l’arrivée, on est acccueilli par une barrière levée et rouillée qui semble bloquée dans cette position depuis des décennies. Sur le muret d’enceinte, on peut lire en lettres vertes et noires sur fond blanc : « Calafou, colonie éco-industrielle post-capitaliste ».
De prime abord, le post-capitalisme n’a rien de séduisant. Des murs grisâtres défraîchis par le temps, des embrasures de portes sans portes, des carreaux brisés qui laissent passer le vent frais de février. Certains bâtiments donnent l’impression d’avoir été abandonnés avant même d’avoir été finis. Derrière l’un d’eux, une cheminée industrielle pointe encore son nez vers le ciel mais cela fait longtemps qu’aucune fumée n’en est sortie.

Adossée au bâtiment principal, une petite église investie par la végétation sert de débarras. Sans la présence de voitures et de caravanes, on pourrait penser que Calafou fait partie de la centaine de colonies industrielles désaffectées qui pourrissent près des rivières catalanes, vestige du passé industriel de la région.

Souveraineté technologique

« Au siècle dernier, plusieurs dizaines de familles vivaient ici et produisaient du papier, du textile ou plus récemment des plaques de métal », me raconte Pablo, un doctorant en biologie, en s’appuyant sur les souvenirs de l’ancien propriétaire et les quelques archives dénichées dans les sous-sols de Calafou. Abandonnée depuis l’incendie d’un des bâtiments au milieu des années 2000, cette friche industrielle située à 60km à l’ouest de Barcelone a été rachetée il y a quatre ans par une bande de néo-ruraux pas comme les autres.
Didac, un des initiateurs du projet explique qu’ici « l’objectif n’est pas tant d’arriver à l’autosuffisance alimentaire qu’à la souveraineté technologique ». Pour ce sociologue qui a vécu plus d’un an sur place, Calafou s’inscrit dans une logique de réappropriation de la technique et des outils qu’il refuse de laisser « entre les mains des entreprises capitalistes internationales ».
En quatre ans, de nombreux travaux ont été effectués. Mais malgré les efforts des habitants, les 28 000 m² de hangars offrent encore un paysage que Didac qualifie de « post-apocalyptique ». Et c’est précisément ce qui a attiré Maxigas, doctorant en production collaborative.

Installé devant un écran traversé par des lignes d’écriture verte qui semblent venir directement de la planète Mars, une tasse de maté fumante à la main, il m’explique les raisons de sa présence ici : « Vu que la société est une ruine, j’aurais l’impression de me mentir à moi-même si j’habitais dans un appartement propret aux finitions parfaites. J’aime les ruines et les univers chaotiques, ils m’ont l’air plus réels ».

Biologie, porno et bricolage

Ulyses, un trentenaire au sourire ineffaçable se charge de faire visiter les lieux aux cinq personnes arrivées ces derniers jours. On découvre que derrière ces mastodontes de béton se cache une Silicon Valley rurale et anti-capitaliste.
Le long d’un grand hangar à ciel ouvert, quelques portes donnent sur des ateliers abrités par la seule partie du toit épargnée par les flammes. Derrière l’une d’elles, on trouve un laboratoire de biologie où Pablo analyse notamment l’eau et la terre des environs qu’il soupçonne d’avoir été souillées par les rejets industriels des dernières décennies.

Sur la table et les étagères de ce minuscule local, quelques instruments d’analyse et de stérilisation traînent aux côtés d’un cendrier et d’une pile de bouquins. Mais faute de moyens, l’équipement du labo est minimaliste. Heureusement, ses utilisateurs ne manquent pas de créativité :
« On a construit notre propre incubateur avec un appareil photo, des lumières et du wifi. Grâce à ça, on peut voir les bactéries en train de se développer à distance », raconte-t-il avec fierté en ouvrant le vieux frigo dans lequel leur création est conservée.
Quelques portes plus loin, des inscriptions à la bombe nous indiquent l’entrée du Penchblenda, un « trans-hack feminism lab ». Dans ce cabinet des curiosités à peine plus grand qu’un studio d’étudiant, chaque centimètre carré est utilisé pour stocker une des inventions de Pin, une des taulières du lieu.

Cette autodidacte aux cheveux roses et rebelles nous fait visiter son antre avec un enthousiasme communicatif. A côté d’un détecteur gérant le remplissage d’une cuve à eau, d’une dynamo artisanale, d’un projet de LEDs, de piezo-électricité et d’un microscope fabriqué avec une caméra USB, elle nous montre des godemichés moulés sur place dans une matière caoutchouteuse innovante, des instruments de musique corporels, des outils pour faire soi-même son diagnostic gynécologique et des photos de « post-porn ».
Une cohabitation surprenante d’objets et de concepts qui répond pourtant d’une même volonté : reprendre la main aussi bien sur son corps que sur son environnement. Transformer et bidouiller tout ce qui a été standardisé et par le capitalisme et « l’hétéro-patriarcat ».

Pirates des temps modernes

A l’étage inférieur, je pénètre via une porte branlante dans un des lieux phares de la colonie : le Hackafou. Sous le regard rieur de Jolly Roger, le drapeau pirate qui flotte au milieu de la salle, des hackers s’affairent.
Pendant que la coque d’un analyseur d’eau sort couche par couche d’une imprimante 3D, un homme installe Linux sur un ordinateur pendant qu’un autre s’amuse à pirater mon appareil photo. C’est à ce moment que Pin surgit et repart avec sous le bras une pile de vieux ordinateurs portables qu’elle entend ressusciter.
Dans ce repère où cohabitent des petits génies, du matériel high-tech, un poêle à bois antédiluvien et des revendications politiques, plusieurs équipes ont travaillé sur le développement d’outils destinés aux mouvements sociaux comme un réseau social alternatif ou un réseau téléphonique gratuit et sécurisé.

Mais c’est le Bitcoin, une monnaie virtuelle cryptée, qui a apporté une renommée internationale à Calafou, au grand dam des habitants actuels. Amir Taaki, surnommé le « Guru du bitcoin » a séjourné plusieurs mois à la colonie avec son équipe, attirant des journalistes laissant entendre dans leurs articles que Calafou était le QG du Bitcoin.
Cette publicité indésirable ramène encore aujourd’hui des curieux du monde entier en quête d’informations sur cette la fameuse monnaie qui prend de l’ampleur hors de tout contrôle étatique. Sauf que les occupants acceptent difficilement d’être associés à cette monnaie « anarcho capitaliste » et ils sont nombreux à la colonie à garder un souvenir amer du Guru et de son équipe.
Peuplée de punks, de technophiles, de féministes radicales et de bricoleurs, Calafou n’a rien d’une communauté de hippies. « On ne ressemble pas aux communautés néo-rurales classiques qui font pousser des légumes. Moi je voulais vivre à la campagne et faire des choses liées à la science et à la technologie », raconte Pablo.

Dans cette atmosphère technophile fleurissent néanmoins des projets divers. Près du bâtiment principal, dans une salle carrelée, trois personnes surveillent un thermomètre plongé dans une cuve. De là sortira la Rosa de Foc (Rose de feu, surnom de Barcelone), la bière artisanale dont ils produisent 800 litres par mois.
Ulyses explique qu’à Calafou on trouve également un mini cirque, une fabrique de savon, un projet de numérisation de livres, un centre social, un jardin... La colonie compte aussi un énorme atelier équipé d’une dizaine de machines dédiées au travail du bois. Ces outils sont collectivisés et n’importe qui peut les utiliser gratuitement à condition de reverser une part à Calafou en cas de profit.

Une économie alternative

Certains projets comme le centre social ou le laboratoire de biologie sont dits collectifs et à ce titre bénéficient du soutien de la Colonie et de locaux gratuits. Les autres, comme la brasserie ou la fabrique de savon, sont dits autonomes. Ceux-ci louent l’espace utilisé à raison d’1€ par mois et par m² et doivent reverser une partie de leurs bénéfices à la communauté.
Généralement, les projets autonomes versent 1/3 des recettes à ceux qui y participent, 1/3 pour consolider le projet et 1/3 pour la colonie. Pour le moment l’équilibre financier est fragile et la Colonie a bouclé l’année dernière avec difficulté. « Mais ça va mieux. Cette année, on va mettre le paquet », assure Pablo.
Et puis, en cas de problème, ils ne sont pas seuls. Calafou est un des projets autonomes de la Coopérative intégrale catalane (CIC), un mastodonte de l’alternative doté d’un budget d’un demi million d’euros issu de « l’insoumission fiscale », en clair, de l’évasion fiscale à des fins sociales. Avec cet argent, ils développent des outils juridiques, techniques et économiques afin de faciliter la construction d’alternatives dans le domaine de la santé, de l’éducation ou encore du logement. On trouve à Calafou un bon exemple de ce que permettent les outils crées par la commission logement de la CIC.
Au fond du terrain, caché entre un flanc de montagne et l’énorme hangar au toit carbonisé, se trouve la coopérative de logement social, une des sources principales de rentrées d’argent de Calafou. Le bâtiment compte 27 appartements et près d’une vingtaine sont pour l’instant occupés. Les habitants peuvent payer un loyer de 175 € à la coopérative ou acheter le droit d’usage de l’appartement pour 16 800 €.

C’est ce qu’a choisi de faire Karioka. Il peut en jouir à vie et récupérer sa mise en cas de départ, mais les murs continuent d’appartenir à la coopérative. Il ne peut donc pas revendre son logement. « L’avantage du droit d’usage est qu’on ne peut pas spéculer sur l’immobilier », explique ce grand gaillard avec sa voix puissante et un cheveu sur la langue.
C’est notamment cet argent qui a permis d’acheter la colonie vendue 400 000€ par son propriétaire. Près de la moitié a déjà été remboursée et ils entendent se libérer de la dette en moins de dix ans. Les habitants qui ne peuvent ou ne veulent pas payer pour un appartement personnel résident dans la « maison rouge », bâtiment en brique composé de dortoirs où logent également les invités.

Vers le post-capitalisme

En cette fin février, la colonie ne déborde pas d’activité et on se demande si les vingt-cinq personnes qui y vivent actuellement ne sont pas entrées en hibernation. Rox explique que le climat n’y est pas pour rien. « L’hiver a été très froid et sans la structure pour affronter ce froid, c’est dur d’être productif. En été, quand on peut faire des choses sans avoir cinq épaisseurs de vêtements sur soi, ça change la donne », raconte cette Italienne dont les mèches bleues dépassent de ses deux capuches.
Mais ce n’est pas la seule raison. « Beaucoup d’activités ici ne sont pas visibles. Le lieu est très grand donc personne ne te voit travailler », continue-t-elle. En effet, chaque jour passé sur place, j’ai découvert au moins une nouvelle pièce dans ce dédale industriel.


Après une tempête qui a fragilisé le collectif l’année dernière, ce dernier est en reconstruction. D’une cinquantaine de résidents, ils sont passés à vingt-cinq et réfléchissent à des protocoles pour réguler les flux de personnes. « On a accueilli trop de gens d’un coup, on n’était pas assez préparés », raconte Karioka. « Aujourd’hui, le groupe est plus fort, mais il y a encore du boulot », poursuit Rox.
En jeu, notamment la gestion de l’implication de chacun, aléatoire, notamment pour les journées hebdomadaires de travail collectif. « Parfois nous sommes fainéants, mais nous voulons faire les choses à notre rythme, c’est aussi ça le refus du capitalisme. Il y a des personnes qui ne sont pas d’accord avec ça et qui aimerait qu’on bosse tous huit heures par jour, mais un jour on va mourir, alors je veux pas perdre un moment », assume Rox avant de me débarrasser d’une chenille processionnaire, aux milliers de poils sérieusement urticants, qui grimpait sur mon pantalon.

Une ambiance pesante

Elle m’explique que Calafou n’est pas un collectif fort et uni mais un conglomérat de groupes affinitaires. Pablo abonde dans son sens : « Ce n’est pas vraiment une communauté mais plus une mini société, les gens décident de qu’ils veulent partager. Certains s’impliquent à fond dans la vie collective, d’autres paient juste leurs 10€ mensuels pour les frais et viennent aux assemblées mais on ne les voit jamais autrement. Je n’ai pas besoin d’être ami avec tout le monde ici ».
Très doués techniquement, les membres de Calafou ont plus de mal avec les relations humaines. Dans l’immense pièce commune, on voit rarement plus d’une dizaine de personnes, même à l’heure des repas. L’ambiance est pesante. Rares sont les rires qui viennent déchirer le silence.
Néanmoins après quatre ans d’expérience, le collectif commence à trouver ses marques et a mis en place certains protocoles pour se faciliter la vie (notamment pour l’accueil des journalistes). L’assemblée du dimanche sert à coordonner cet assemblage hétéroclite de personnes.
« Au départ, c’était l’anarchie complète, c’est le système parfait selon moi mais ça nécessite des gens responsables. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse et on tend un peu vers la bureaucratie. On essaie de trouver un juste milieu », explique Pablo. Mais il est difficile de bâtir une vision commune tant les intérêts de chacun sont différents. « Tout le monde n’a pas les mêmes priorités. Pour certains ce sera le développement des activités productives, pour d’autres ce sera la construction de la communauté ou encore la réduction de notre impact écologique », résume-t-il.

Pour l’instant, Calafou est loin d’être une « colonie éco-industrielle post-capitaliste » comme l’affirme le site internet et le logo à l’entrée. « Le lieu n’a rien d’écolo ni d’industriel et n’est pas encore post-capitaliste », admet volontiers Rox.
Pablo lui aussi reconnaît que « ce titre est pour l’instant très théorique ». Il explicite néanmoins ce qui différencie la vie à Calafou de ce qu’on voit ailleurs dans le monde capitaliste : « On expérimente de nouvelles manières de s’organiser de manière décentralisée. On n’exploite pas les gens, la production n’a pas pour but le profit individuel mais le bien commun ».
Ce qui rend ce projet remarquable, c’est bien sûr cette concentration de génies qui mettent leurs talents au service du collectif. Mais c’est surtout l’incroyable pari qu’ils se sont lancés : reconstruire, sur les ruines matérielles et morales du capitalisme, des formes de vies qui leur correspondent.

Pancakes aux flocons de sarrasin, au chocolat et à la noix de coco

Pancakes aux flocons de sarrasin, au chocolat et à la noix de coco
(Crédit photo : Cocotte et Biscotte)
 
Chaque semaine, nous vous proposons une recette végétarienne, réalisée par Cocotte et Biscotte. Aujourd’hui, un goûter nourrissant et équilibré.

Un bon goûter, ça se prépare ! Je prends donc le temps, malgré mes journées de travail bien chargées, de concocter à ma poupette des quatre-heures équilibrés. Bien souvent, je consacre l’après-midi du dimanche à réaliser de bonnes recettes avec elle. On réfléchit, on prévoit nos ingrédients le samedi après-midi et on réalise toutes les deux les petites douceurs de la semaine à venir. Un moment de détente, une parenthèse de douceur… Aujourd’hui, place à de petits pancakes aux flocons de sarrasin, pépites de chocolat et noix de coco. Consistants et équilibrés ma grande fille en aura pour toute la semaine pour le goûter chez mamie ou glissés dans son sac de piscine.



Pour environ 15 à 20 pancakes
Préparation : 15 min
Repos : 2 fois 30 min - 100 g de flocons de sarrasin
- 450 ml de lait végétal (soja, amande, avoine…)
- 115 g de farine de châtaigne (ou autre de votre choix)
- 115 g de farine blanche
- 2 cuillères à soupe de sucre de canne blond
- 1 cuillères à soupe de bicarbonate de sodium
- 1 cuillères à soupe de vanille en poudre
- 2 cuillères à soupe de pépites de chocolat
- 2 cuillères à soupe de noix de coco râpée
- 2 œufs
- 1 pincée de sel
- 1 cuillères à soupe d’huile de coco.
Couvrez les flocons de sarrasin avec 250 ml de lait végétal et réservez au frais pendant trente minutes.

Dans un saladier, mélangez tous les ingrédients secs. Ajoutez les œufs battus puis remuez en versant peu à peu 200 ml de lait végétal.

Ajoutez à ce mélange les flocons de sarrasin gonflés par le lait végétal. Réservez ce mélange à couvert encore trente minutes au frais.

Faites fondre l’huile de coco et incorporez-la à la pâte.

Faites chauffer une poêle anti-adhésive ou faites fondre un peu de beurre. Versez de petites louches de pâte à pancake jusqu’à épuisement du mélange.

Faites cuire quelques minutes de chaque côté et dégustez !

Goût y es-tu?

La scène se déroule sur les étals d’un hypermarché ou d’un supermarché. A moins qu’il ne s’agisse d’un marché de plein air. En ces premiers jours de printemps, elle exhibe sa robe rouge, rutilante. Entre deux et trois euros la barquette de 500 grammes, on se l’arrache et on frétille à l’idée de n’en faire qu’une bouchée. Mais, le dessert venu, la promesse se transforme en une matière pâteuse et gorgée d’eau, diffusant un arôme indigent. La belle est une fraise d’Espagne – c’est son droit – venue de la province de Huelva, où elle et ses congénères sont élevées à la manière chimique. On pourrait explorer le rayon chantilly, décortiquer les nuggets, palper un pseudo-camembert, briser le pain industriel… Le goût n’en sortirait pas plus grandi.

De quel côté le responsable de ces rendez-vous ratés est-il à chercher ? Avant tout du côté de l’industrie, dont le logiciel fonctionne majoritairement au triptyque massification, compétitivité, praticité. La rentabilité exigée par les actionnaires de ces méga-entreprises conduisent leurs dirigeants à raisonner « marchés continentaux », comme le font les industries automobile et pharmaceutique. En bout de chaîne, les « grands » distributeurs n’exigent en définitive qu’une seule chose : le prix, le prix, le prix. Dans leur esprit, le goût est réduit au rôle de variable d’ajustement. Certes, ce diktat du prix trouve aussi sa source au cœur des contradictions des consommateurs, qui ont considérablement réduit l’effort consacré à se nourrir. Les enquêtes d’opinion soulignent avec constance le souhait de moins dépenser pour l’alimentation. Et le budget alimentaire des ménages stagne autour de 15% à 16% de notre consommation effective, contre 30% dans les années 1960.

Mais, si la photographie est décevante, une tendance se dessine : même partis de peu, le recours croissant aux circuits courts et le développement régulier du bio esquissent un mouvement prometteur. Aux producteurs et aux transformateurs de changer de logiciel. Car dans l’esprit des consommateurs, c’est certain, le goût a encore un avenir. —

Traité de libre-échange UE-USA : pourquoi villes et régions se rebellent

Traité de libre-échange UE-USA : pourquoi villes et régions se rebellent
(Crédit photo : US Department of Agriculture - flickr)
 
Bourguignons, Bisontins, Niortais... votre ville ou votre région a pris position contre le traité de libre-échange transatlantique (Tafta). Que signifie cette décision ?
Le Baromètre de cet article





Au nom du libre-échange, les poulets de Bresse vont-ils céder la place aux volailles américaines lavées à la Javel ? Les élus bourguignons le craignent. C’est pourquoi ce lundi 17 mars, le conseil régional de Bourgogne a adopté une motion sobrement baptisée « Vœu pour un traité transatlantique plus transparent ». Ce texte vise le traité Tafta (Transatlantic Free Trade Agreement) discuté depuis juin 2013 à la Commission européenne et qui à partir de 2015, pourrait lier l’Europe aux Etats-Unis. Après la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), l’Ile-de-France, Niort (Deux-Sèvres) et Besançon (Doubs), la Bourgogne est la cinquième collectivité française à répondre – ou à devancer - l’appel « Déclarons nos communes hors Tafta », publié le 14 mars par le collectif unitaire national contre le traité.

Des multinationales qui poursuivent les Etats

Pour Daniel Berneron, membre du collectif, il en va de la survie des pouvoirs locaux. « Si le traité est adopté, les collectivités perdront toutes leurs prérogatives au profit des multinationales » affirme-t-il. Le collectif, qui réunit une myriade d’associations citoyennes comme les Engraineurs ou Attac, dénonce surtout un mécanisme du traité qui permettrait aux firmes procédurières de porter plainte pour entrave à leur liberté commerciale. Ainsi, les Etats ou collectivités « trop » stricts en matière de droit du travail, de protection de la santé ou de l’environnement s’exposeraient à des poursuites. Le scénario n’est pas théorique. L’an dernier, ce mécanisme a permis à Philip Morris d’attaquer en justice la politique anti-tabac de l’Uruguay et de l’Australie. En France, écologistes, militants de gauche et ONG craignent donc de voir Monsanto attaquer une Europe trop hostile aux OGM ou Chevron faire sauter les entraves législatives à l’exploitation du gaz de schiste.

Fin du bio dans les cantines ?

« Le traité a beau être supranational, l’impact sera local » affirme Abdel Ghezali, adjoint au maire de Besançon pour justifier la motion prise le 18 février par sa ville. L’élu socialiste craint pour l’introduction du bio dans les cantines et la gestion de l’eau en régie. « Le risque serait de ne plus pouvoir refuser ce type de marchés aux multinationales sous prétexte qu’elles proposent des prix imbattables, explique-t-il. Nous n’avons rien contre le fait de faire appel au privé, mais il y a des secteurs pour lesquels la ville est compétente, et dans tous les cas, on veut continuer à avoir le choix. » Devant les premières protestations de la société civile, Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce chargé du dossier, a décidé de remettre à plus tard les discussions sur ce point du traité. Depuis, peu de choses filtrent sur l’avancée des négociations. « On ne sait pas ce qui va sortir du chapeau », résume Philippe Hervieu, le président du groupe Europe Ecologie Les Verts (EELV) de Bourgogne à l’initiative de la proposition.« Tout ce qu’on demande c’est que le couvercle soit levé sur ce qu’il se passe au niveau européen », poursuit la conseillère régionale EELV Chantal Dhoukar. Le requête fait écho à l’appel lancé le 15 mars par Corporate Europe Observatory et 26 autres ONG .

La Bourgogne face au reste du monde ?

De Niort à Bruxelles, les opposants à Tafta espèrent parler d’une même voix. « Ce ne sera pas la Bourgogne face au reste du monde, reconnaît Philippe Hervieu, l’idée c’est d’abord d’amener l’Association des régions de France (ARF) à prendre position ». Même combat en Paca où Jean-Louis Joseph, vice-président PS de la région Paca a soutenu la motion « Hors Tafta » déposée par le front de gauche : « Les élus PS considèrent que tout n’est pas à jeter dans ce traité, mais on s’est associés pour protester contre le manque d’informations de l’ARF. » Dans les faits, se déclarer hors Tafta n’a pour l’instant qu’une portée symbolique. Reste que le timing est propice. « L’idée c’est d’alerter les gens, de créer un rapport de force et d’imposer le débat avant les élections européennes », explique Chantal Dhoukar.

« Les monnaies locales peuvent encourager la transition énergétique »

« Les monnaies locales peuvent encourager la transition énergétique »
(Crédit photo : taxtebate.org.uk - Flickr)
 
Et si le sol-violette ou l'Eusko allaient plus loin ? Ces monnaies complémentaires boostent déjà l'économie du coin, et si elles soutenaient les investissements écoresponsables ? L'économiste Jérôme Blanc y croit.
Le Baromètre de cet article






Le sol-violette à Toulouse, la Pêche à Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’Eusko au Pays Basque… Une trentaine de monnaies locales complémentaires ont fait leur trou en France. Le principe est simple : on troque ses euros pour des espèces sonnantes et locales à dépenser dans les commerces de proximité. Selon le rapport remis le 8 avril à Carole Delga, secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire, ces monnaies pourraient permettre une « nouvelle prospérité ». Et si cette prospérité était aussi écologique ? A quelques mois de la COP21, les rapporteurs ont juxtaposé les contributions de deux économistes, Michel Aglietta et Jérôme Blanc, pour mettre en lumière la capacité des monnaies locales à favoriser la transition écologique. L’idée s’appuie sur des travaux antérieurs de Michel Aglietta, qui propose de donner une valeur sociale aux non-émissions de gaz à effet de serre pour booster les investissements les plus écologiques. La nouveauté arrive ensuite : Jérôme Blanc a étudié la possibilité de relier cette valeur sociale du carbone évité aux monnaies complémentaires. Objectif : soutenir localement les projets les moins polluants.

Terra eco : Votre proposition réconcilie monnaie et développement durable. Est ce que cela signifie que la finance est incapable de promouvoir la transition énergétique ?

Jérôme Blanc : On a manifestement un problème de financement pérenne des investissements bas carbone à cause d’une double incertitude. D’abord, les acteurs privés ne sont pas enclins à financer des projets risqués, peu rentables et dont les effets ne seront visibles qu’à long, voire très long terme. La deuxième difficulté est liée à l’humeur changeante des pouvoirs publics. Dans le passé, on a vu des dispositifs très incitatifs permettre à une industrie, comme le solaire, de se développer. Et d’un coup, cette dynamique se retrouve brisée par un changement d’agenda politique. La proposition de Michel Aglietta de donner une valeur sociale au carbone vient contrer cela pour inciter les acteurs à investir. A la différence d’un prix comme celui des droits d’émission de gaz à effet de serre, la valeur sociale ne fluctue pas en fonction du marché. Elle est fixée pour cinq ans. Ensuite, pour éviter que les gouvernants ne reviennent dessus, cette valeur est internationale et donc moins soumise aux changements politiques.

Pourquoi avoir choisi les monnaies locales pour proposer une application de cette idée ?

Les monnaies locales favorisent les achats de proximité, ce qui va de pair avec l’idée de transition écologique. Il faudra tout de même réfléchir à la question du périmètre concerné. Si l’on accorde un crédit ou une subvention en monnaie locale à un projet qui émet peu de gaz à effet de serre, il faut que le porteur de projet ait la possibilité de dépenser son argent dans le territoire concerné par la monnaie locale. Prenons la construction d’une maison écologique, par exemple. Cela implique de trouver des fournisseurs et des professionnels qui acceptent d’être payés en monnaie locale. Il faudra dans tous les cas garder une certaine souplesse, car il y a plein de choses que l’on ne produit plus localement et qu’il n’est pas question de relocaliser.

Concrètement, à quoi pourrait ressembler la prise en compte de la valeur sociale du carbone par les monnaies locales ?

Les collectivités locales ou territoriales auraient la possibilité de subventionner ou d’accorder un crédit à taux zéro aux entreprises ou aux ménages qui ont des projets qui émettent peu de gaz à effet de serre. L’évaluation des projets serait confiée à des organismes indépendants. Les sommes distribuées proviendraient, elles, d’un fonds d’investissement pour la transition écologique alimenté en monnaie locale par les collectivités.

Les collectivités locales devraient alors assumer le coût de la transition énergétique ?

Cela suppose la mise en place de politiques publiques d’investissement, mais les collectivités locales n’auraient pas vocation à tout financer : il s’agit simplement d’un coup de pouce.

Cela implique tout de même de pouvoir alimenter ces fonds…

C’est là qu’intervient le mécanisme de valeur sociale du carbone. Jusqu’à maintenant, quand une association émet de la monnaie locale, elle place la somme équivalente en euros sur un compte en banque. Cela permet d’assurer la convertibilité de la monnaie. Si l’on fixait une valeur sociale du carbone au niveau international, comme le propose Michel Aglietta, cela pourrait évoluer. Les collectivités auraient la possibilité d’émettre de la monnaie locale sans autre contrepartie qu’un certificat carbone. Imaginons un investissement qui permette d’économiser dix tonnes de carbone, par exemple. On prendrait la valeur sociale de la tonne de carbone, on la multiplierait par dix pour obtenir une somme en euros que l’on convertirait ensuite en monnaie locale pour obtenir un apport monétaire contre un certificat carbone.

Dans sa contribution, Michel Aglietta évoque la nécessité d’une instance internationale, comme un nouveau Fonds monétaire international (FMI) pour fixer et contrôler la valeur sociale du carbone. Pour les monnaies locales, qu’est ce que cela nécessiterait ?

Aujourd’hui, les monnaies locales sont principalement utilisées par des particuliers qui, par conviction, se rendent dans des bureaux de change pour convertir des euros en sols-violettes, par exemple, avant de faire leurs courses. Les professionnels ont beaucoup de difficultés à les utiliser pour payer leur fournisseurs. Pourtant, les monnaies locales peuvent aller encore plus loin et encourager la transition énergétique. Pour cela, il faut encourager leur utilisation, en permettant leur usage électronique notamment. C’est la première étape. Ensuite, les monnaies locales sont portées par des citoyens. C’est très bien, mais les connexions aux collectivités sont réduites, ce qui limite leur impact. Il faudrait que les associations qui portent ces monnaies soient remplacées par des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) dans lesquelles on trouverait les salariés de la SCIC, des citoyens, des partenaires financiers, mais aussi des collectivités locales et territoriales. C’est le meilleur moyen d’éviter que les citoyens soient dépossédés de leur initiative tout en intégrant les monnaies locales dans une logique de politiques publiques. Plus puissantes, les monnaies pourraient alors servir à investir au lieu de se limiter à des achats militants.

Pour que le mécanisme fonctionne, il faut que les monnaies locales aient un certain poids. En est-on loin aujourd’hui ?

En France, c’est l’Eusko, la monnaie du Pays Basque qui est la plus aboutie. Il en circule l’équivalent de 350 000 euros environ, ce qui est déjà pas mal ! A chaque fois qu’un Eusko est converti en euro, Herrikoa, une société de capital-risque abonde un fonds qui sert à soutenir des projets à dimension sociale, éthique et environnementale. Une dizaine de milliers d’euros ont déjà été distribués, ce qui est bien, mais tout de même limité. De manière générale, les monnaies locales manquent de connexions avec des structures de financement locale et solidaire. Les monnaies complémentaires manquent aussi d’appui des collectivités. Depuis juillet 2014, celles-ci peuvent percevoir les impôts ou les entrées de théâtre ou de piscine en monnaie locale. Et pourtant, à ma connaissance, aucune ne l’a proposé.

La proposition se focalise sur le carbone. N’est-ce pas réducteur ?

La transition écologique touche aussi à la biodiversité ou à la préservation des sols, mais la question du carbone est tellement grande et déterminante qu’il est essentiel de la prendre en compte. Si l’on arrive à connecter les monnaies locales à la valeur sociale du carbone, ce sera déjà un grand pas. Nous ne prétendons pas inventer un système miracle, mais ces propositions peuvent constituer de bonnes bases. Il appartient au ministère de les approfondir puis, éventuellement, de les soumettre au moment de la COP21.

Selon Michel Aglietta, la valeur sociale du carbone pourrait devenir le nouvel étalon universel des pays engagés au sein de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Y croyez-vous ?

La valeur sociale du carbone n’est pas palpable comme pouvaient l’être des lingots d’or. Mais il ne faut pas oublier que, dans les faits, les lingots d’or circulaient peu, hormis en temps de guerre quand on cherchait à les protéger. Remplacer l’or ou le dollar par une valeur qui tiendrait compte du changement climatique, pourquoi pas ? L’idée a le mérite de rendre une stabilité à un système qui n’en a pas et surtout de le rendre compatible avec une environnement dans lequel les ressources ne sont pas infinies. Nous venons de traverser de grosses crises et nous en connaîtront surement d’autres. Voyons-les comme des opportunités : elles nous offrent la possibilité de repenser les systèmes.

Le changement climatique va-t'il vider nos nappes phréatiques?

Le changement climatique va-t-il vider nos nappes phréatiques ?
(Crédit photo : Rudi Winter - geograph.org.uk)
 
Si, en 2070, les calculs des climatologues se révèlent exacts, qu'est-ce que cela signifiera pour les réserves en eau de nos sous-sols ? Et pour le débit de nos cours d'eau ? Trois chiffres pour tout comprendre.
Le Baromètre de cet article





Jusqu’ici, tout va bien. En ce mois d’avril 2015, le niveau des réserves françaises d’eau souterraine est normal, voire supérieur à la normale dans 83% des réservoirs. Cet hiver, la recharge des nappes phréatiques a tenu ses promesses. Et, même si pour cet été « rien n’est joué », selon l’hydrologue Philippe Vigouroux, pour l’heure la France n’a pas à craindre la sécheresse. Oui, mais demain, lorsque les températures du globe auront grimpé de 2°C sous l’effet de nos gaz à effet de serre ? Dans cinquante ans, les hydrologues du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), le service de géologie nationale, afficheront-ils la même sérénité ? En se basant sur les scénarios du quatrième rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), une équipe de recherche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) s’est échinée à anticiper les conséquences du changement climatique sur les nappes phréatiques. Pour appréhender les premiers enseignements de leur projet baptisé Explore 2070, trois chiffres donnent le ton.

10% à 25% d’eau en moins pour recharger les nappes

De septembre à avril, lorsque la végétation est en sommeil, que ses besoins en eau sont au plus bas, les nappes phréatiques se rechargent en absorbant une grande partie des précipitations. C’est sans compter l’évapotranspiration – l’évaporation de l’eau de pluie qui touche le sol – et la transpiration des végétaux, un double phénomène qui renvoie une partie des précipitations directement dans l’atmosphère. Or, si les températures grimpent comme le Giec le prévoit, cette quantité d’eau qui repart sans s’infiltrer grimpera de 10% à 15%. Une perte sèche pour les nappes phréatiques. A ce premier impact devrait s’en ajouter un autre : des pluies moins abondantes. « La réponse des phénomènes de précipitations au réchauffement sera très contrastée, le Bassin méditerranéen pourrait connaître des épisodes de fortes pluies, et le Nord et le Sud-Ouest pourraient s’assécher », explique Florence Habets, directrice de recherche au CNRS chargée du projet Explore 2070. En bout de course, il faudra donc composer avec moins de « pluie efficace », celle qui recharge nos réserves souterraines. En moyenne, la recharge de nos sous-sols sera 10% à 25% moins abondante en 2070 qu’aujourd’hui, et jusqu’à 30% à 50% dans les zones les plus touchées, comme le Sud-Ouest.

En 2070, le niveau baissera peut-être de 10 mètres

Résultat, dans nos sous-sols, le niveau des nappes phréatiques – le « niveau piézométrique », pour les experts – va chuter. Les plaines, comme celles duPoitou ou de l’Aquitaine, devraient être relativement épargnées avec entre 0,5 et 1 mètre en moins. Mais sur les plateaux, cette baisse du niveau de l’eau dans les sous-sols pourrait atteindre 10 mètres ! C’est autant de ressources dans lesquelles la France ne pourra pas puiser. Or, sur ses 100 milliards de mètres cubes de réserves souterraines, le pays prélève en 34 milliards chaque année pour couvrir 60% de ses besoins en eau potable mais aussi pour ceux de l’industrie et de l’agriculture. Plus rare, l’eau sera aussi plus concentrée en polluants. « Le taux de pesticides et de nitrates évolue en fonction de la quantité d’eau dans les aquifères », explique Florence Habets. Un phénomène qui risque de se renforcer, « car les nappes sont connectées aux rivières », précise la chercheuse.

Jusqu’à 40% de débit en moins dans les cours d’eau en été

La baisse des réserves en eau de nos sous-sols aura des conséquences sur le flux de nos cours d’eau. En période d’étiage, c’est-à-dire les mois les plus chauds, fleuves et rivières pourraient voir leur débit réduit de 40%. « Les impacts, en particulier estivaux, seront considérables », confirme Florence Habets. De manière très localisée, certaines rivières pourraient perdre jusqu’à 70% de leur débit. L’ennui, c’est que les agriculteurs irrigants ont besoin de ces volumes pour le maintien de leur activité. Les barrages et les bassins de stockage pourraient donc se multiplier. « Mais prélever en hiver n’est pas sans impact », met en garde Florence Habets. Outre l’agriculture, plusieurs activités, comme l’industrie, le transport fluvial et le refroidissement des centrales nucléaires, dépendent du débit des cours d’eau. « Continuer les prélèvements ou les augmenter dans certaines régions ne sera pas durable », conclut la chercheuse. En se penchant sur l’impact du climat, les experts notent également un risque de substitution de l’eau douce par l’eau salée. « Cette salinisation peut progresser très largement à l’intérieur des terres », indique Serge Lallier, directeur adjoint eau-environnement au BRGM. Les habitants du littoral, surtout pourraient manquer d’eau douce. A la vôtre !

Compte rendu Blé mai

Voici le résumé-compte-rendu de la rencontre des adhérents le 9 mai chez Richard Guinaudeau (n°109).

Ça a commencé par un gigantesque atelier débitage de bois avec 3 tronçonneuses et pas mal de gens pour déblayer, ranger et ramasser du bois sur les chemins et une débroussailleuse vaillante sur une pente bien drue. Au total ont participé une dizaine de personnes en cet après-midi où le cœur à l'ouvrage faisait plaisir à vivre et à voir.
Puis après 17h, un petit rafraichissement , un petit discours de Richard , la B.L.E. proprement dite avec des échanges de matériel, vêtements et plantes et, pour finir en beauté, un dîner partagé autour d'une belle table dans la maison rénovée de bois vêtue.
J'ai compté jusqu'à 25 personnes présentes, un record d'audience pour notre SEL ces dernières années comparable au pic d'activité qui nous avait incité à demander l'octroi d'une salle à la mairie à l'époque.
Dans l'ordre, étaient présents les adhérents n°4(2), 5(2), 14, 54,55, 61, 94 ,97, 98(2), 99, 101, 103(4), 109, 110(2), 115, 119 et aussi 3 nouveaux, nommément :Dominique, n°120 et Marie-France et René (n°121).
Une bonne journée pour la majorité d'entre nous, je pense.
A la prochaine.
Lucette

vendredi 8 mai 2015

Y-a-t-il de l'aluminium dans notre alimentation?

France 5 rediffusait, le 5 janvier dernier, le documentaire « Aluminium, notre poison quotidien ». Il paraît que nos placards et nos salles de bains en sont pleins. Or l’aluminium est neurotoxique, il favorise entre autres la maladie d’Alzheimer.  Lisez bien la liste des ingrédients, nous était-il conseillé.
Ayant trouvé la liste des additifs à bannir, je me rendis dans mon hyper marché pour mettre leur conseil en pratique.
Au rayon boulangerie industrielle
Je commençais par les pains de mie, principale source de contamination. Rien. Brioches ? Rien. Pain au chocolat ? Rerien. Du haut de gamme aux premiers prix, rien.
Pourtant le rapport EAT2 de l’Anses (1) reconnaît lui aussi qu’il y a de l’aluminium dans les produits céréaliers. D’où vient-il ?
Pas des additifs alimentaires, contrairement à ce qu’on nous laissait entendre dans le reportage. Ce ne sont pas les vilains industriels qui font exprès de le mettre dedans pour nous empoisonner. Il vient… de la croute terrestre. Les céréales le fixent naturellement. Et du coup, rien ne sert d’acheter bio comme nous le conseillait le monsieur d’Ecocert (même si les produits bio ont bien d’autres atouts).
On trouve également de l’aluminium dans le thé, le chocolat (oh non, pas le chocolat !!!) et les légumes.
Dans les cosmétiques
J’ai eu plus de chance au rayon cosmétique et plus particulièrement au rayon déodorants. Là, inutile de s’abimer les yeux à lire les petits caractères, s’il n’y a pas d’aluminium, c’est écrit en gros sur le devant.  L’entourloupe qui consistait à utiliser de la pierre d’alun synthétique (ammonium alum) semble être éventée : tous les déodorants « à la pierre d’alun » étaient à la pierre d’alun naturelle. Vérifiez tout de même, au cas où. Même les déodorants premiers prix étaient « sans sels d’aluminium ».
Mais alors pourquoi certaines grandes marques s’obstinent-elles à utiliser du chlorhydrate d'aluminium? En plus, les produits qui en contiennent ne sont pas moins chers.
Parce ce que seul ce sel est un anti transpirant. Les produits sans aluminium sont des déodorants, c’est à dire qu’ils empêchent juste que la transpiration sente mauvais. Si on veut s’éviter la sensation d’humidité et l’auréole sous les aisselles, il faut en passer par les sels d’aluminium…
Dans les laits infantiles
Le documentaire mentionnait une étude britannique ayant trouvé des taux regrettables d’aluminium dans les laits infantiles (2). 60 millions de consommateurs a mené l’enquête de son coté sur les marques vendues en France et trouvé de l’aluminium dans la moitié d’entre eux (3) et (4).
Inutile de vous fatiguer à lire les petits caractères, je l’ai fait pour vous : aucun lait ne contient d’additif à l’aluminium. Les fabricants n’ont donc pas intentionnellement rajouté un neurotoxique dans le lait de nos enfants. D’où vient-il, alors ?
Encore et toujours de la croute terrestre, me répond l’Anses. Il y en a partout. Mais alors, pourquoi certains laits en contiennent et d’autre pas ? Ils ne savent pas.
D’après 60 millions de consommateurs, les laits infantiles Danone (Blédilait et Gallia) ne contiennent pas d’aluminium. Je les appelle donc pour savoir comment ils s’y étaient pris.
Et bien ils n’en savent rien non plus. Ils n’ont rien fait de particulier. Certes, ils imposent un cahier des charges très précis à leurs fournisseurs de matières premières, mentionnant entres autres une teneur maximale en aluminium. Mais ils n’ont jamais eu de mal à trouver de tels fournisseurs. L’aluminium n’est pas une source d’inquiétude pour eux, contrairement au plomb, au cadmium, aux mycotoxines pour lesquels ils ont une surveillance pointilleuse…
La contamination ne peut pas non plus venir du circuit de production, l’aluminium n’étant pas un matériau de choix dans l’industrie alimentaire car il s’oxyde. Leurs cuves sont en inox et surement que celles des concurrents aussi. Il serait absurde de faire autrement.
Peu importe me direz vous, du moment que leur lait est propre. Mais s’ils n’ont rien fait de spécial, est-on sûr que ce résultat soit stable dans le temps ? Si 60 millions de consommateurs avait fait ses analyses à un autre moment, seraient-ils arrivés au même palmarès ? Car Danone source son lait dans plusieurs pays différents.
D’après 60 millions de consommateurs, un nourrisson qui prend le lait le plus chargé en aluminium de leur panel reste néanmoins en dessous de la dose journalière admissible (DJA) définie par les normes européennes. Il est à 32% de la DJA, pour être précis.
Conclusion
Déodorant plutôt qu’anti transpirant, choisir son lait infantile sur la liste de 60 million de consommateurs ou allaiter jusqu’au sevrage… et puis voilà. Pour les céréales et autres végétaux qui fixent l’aluminium, il n’y a malheureusement rien à faire car on ne peut pas savoir la composition de la croute terrestre là où ils ont poussé.
D’autant que d’après l’Anses, 99% des adultes, 98% de enfants sont très en dessous de la dose journalière tolérable. Les personnes à risques sont :
Les patients sous dialyse
Les professionnels de l’aluminium
Les personnes prenant des anti acides de façon chronique
Dans aucun de ces cas, la source d’intoxication n’est l’alimentation.
Une fois de plus le soi-disant scandale alimentaire ne résiste pas à la contre enquête. Certes les industriels de l’alimentation sont toujours à l’affut d’une baisse  de coûts, mais pas au risque de porter atteinte à leur image de marque. Pensez à Nestlé qui se trimballe encore une image d’empoisonneur de bébés africains alors que les faits ont plus de 40 ans !
Faut-il pour autant en conclure que tout va bien et qu’il n’y a rien à changer ? Non, et je crois que ce genre de documentaires, loin de tirer la sonnette d’alarme, ne font qu’aggraver la situation. Car au fond que disent-ils ? Qu’il suffit de traquer tel ou tel ingrédient et tout sera résolu.
Or si tous ces produits chimiques n’arrangent pas notre santé, leur influence est bien moins forte qu’on ne veut nous le faire croire. Que ce soient les maladies cardio vasculaires, la plupart des cancers, l’ostéoporose, la baisse de la fertilité masculine… les premières causes sont toujours la prédisposition génétique, la sédentarité , à quoi s’ajoute pour certaines pathologies, trop de sel, trop de sucre. C’est donc notre mode de vie qu’il faut changer et mais ça, qui veut l’entendre, le soir, après une longue journée de travail ?
Anne Pierce

Femmes pour la planète

Elles viennent d’Argentine, du Canada, du Danemark, du Népal, du Brésil, d’Allemagne. Ces six femmes sont les héroïnes du dernier film de Marie-Monique Robin, « Femmes pour la planète », que celle-ci a rencontrées lors du tournage de « Sacrée croissance ! ». Elles ne se connaissent pas, mais leurs vies et leurs discours se font écho. Ce ne sont pas des militantes politiques ni des intellectuelles, mais des « héroïnes locales » qui, habitées par un sentiment d’urgence, ont décidé de construire ici et maintenant un autre monde, pour que leurs enfants et petits-enfants puissent continuer à vivre dignement sur la Terre. L'agriculture urbaine, la transition énergétique, l'utilisation et la promotion d'une monnaie locale, sont au quotidien les moyens de ce changement majeur. Quelle que soit leur origine sociale ou géographique, elles disent toutes que « ce n’est pas l’argent qui compte » mais les liens humains, et qu’il faut troquer le paradigme du « toujours plus » contre celui du « toujours mieux ».

Un film plein d'espoir qui donne raison au poète allemand Goethe, que la réalisatrice Marie-Monique Robin aime citer, et qui a dit : "Tout ce que tu peux faire ou rêver de faire, tu peux l'entreprendre. L'audace renferme en soi génie, pouvoir et magie. Débute maintenant".

Ce film, diffusé sur Ushaïa TV, a pu être réalisé grâce à une opération de crowdfunding qui s’est terminée le 7 mars.

Documentaire de 52 minutes

jeudi 7 mai 2015

Nous ne sommes pas des déchets, nous sommes des produits !

Les pros du recyclage se battent pour que les rebuts qu'ils exploitent soient considérés comme de vrais produits. Une coquetterie sémantique ? Pas du tout. Cette définition serait lourde de conséquences… sonnantes et trébuchantes.

C’est l’histoire d’une étiquette dont certains ont du mal à se dépêtrer, un peu le sparadrap du capitaine Haddock. Quand vous jetez votre dévolu sur un chaise cassée-réparée-customisée dans une ressourcerie, vous ne le savez peut-être pas, mais vous achetez un déchet. Le terme n’a rien de péjoratif, il est juridique. « Un produit devient un déchet dès lors qu’il est abandonné par son détenteur et que la personne qui le récupère ne l’utilise pas, soit parce qu’il n’est pas en l’état soit parce qu’elle n’en a pas le besoin immédiat », explique Carl Enckell, avocat spécialisé en droit de l’environnement. Pour les particuliers, adopter un déchet ou un produit a peu d’importance. Pour les entreprises en revanche, l’étiquette « déchet » ou « produit » peut changer la donne. A tel point que les recycleurs se battent pour que les matières qu’ils vendent ne soient plus estampillées « déchets ».

Aujourd’hui, du chiffon d’essuyage au carton, rien de ce que commercialisent les recycleurs n’est considéré comme un produit. Quand ils entrent dans la chaine du recyclage, les matériaux deviennent des déchets pour toujours, peu importe les traitements qu’ils subiront pour être valorisés puis revendus. L’enjeu est d’autant plus important dans le secteur du bâtiment qui remplit à lui seul 73% des poubelles françaises, soit 260 millions de tonnes de déchets chaque année. Depuis le début des années 1980, les granulats issus de la déconstruction des bâtiments peuvent, une fois triés et concassés, être revendus et utilisés, pour les revêtements routiers, par exemple. Le procédé a fait ses preuves et des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Belgique l’utilisent depuis longtemps. En France, seules 20 millions de tonnes de déchets sont valorisées de la sorte chaque année. Pourquoi ? « En partie à cause du statut de déchet », selon le Syndicat des recycleurs du BTP.

Un déchet, des contraintes supplémentaires

Jusqu’en 2008, les professionnels collectaient des déchets qu’ils transformaient et revendaient, sans s’interroger sur le statut des produits qui sortaient de leurs lignes de recyclage. Tout a changé avec une directive européenne de 2008, transposée en France en 2010 et en 2012. Le texte définit le passage du statut de « produit » à celui de « déchet ». Or, au delà des étiquettes, être classé dans l’une ou l’autre des catégories a des conséquences. « Quand un produit devient un déchet, il est soumis à certaines obligations en termes de stockage, de traçabilité, de transport et de passage de frontières », souligne Carl Enckell. Problème : si le produit peut devenir un déchet, l’inverse n’est pas possible ! Quid de la revalorisation et de l’économie circulaire ? « On s’est rendu compte que le texte prévu pour protéger l’environnement pouvait bloquer les pratiques vertueuses », résume l’avocat.

Face à ce casse-tête juridique, la Commission européenne a permis à certains matériaux d’échapper à leur condition de rebut. Les débris métalliques, le verre et le cuivre ont ainsi retrouvé leurs lettres de noblesse à l’échelle communautaire. Dans l’Hexagone, une procédure de sortie du statut de déchet a également été prévue par un décret du 30 avril 2012.

Deux années pour un dossier

En théorie, les professionnels n’ont qu’à monter un dossier et le présenter au ministère de l’Environnement qui décide, après avis d’une commission, de la possibilité ou non de sortie du statut de déchet pour l’ensemble de la filière. Mais, petite difficulté, « il faut déposer un nouveau dossier pour chaque matière recyclée et chaque usage », explique Anne-Claire Beucher, de la Fédération des entreprises du recyclage. En clair, ce sera un dossier pour les granulats destinés à l’usage routier, un pour ceux promis au béton recyclé, etc. « Il s’agit de reconnaître des pratiques de valorisation qui existent depuis longtemps pour certaines filières, sans pour autant s’exonérer des obligations environnementales et de qualité des matières recyclées. » Or, et c’est là que les recycleurs ont le blues, en deux ans, seul le bois d’emballage destiné aux chaufferies a réussi à bénéficier de cette procédure, en juillet 2014 ! « Beaucoup d’autres dossiers ont été déposés, ajoute Anne-Claire Beucher. Mais pour le moment, cela patine. »

Les professionnels du bâtiment avaient pourtant bon espoir. En septembre 2014, durant sa conférence de rentrée, la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait annoncé la sortie imminente du statut de déchet pour les granulats du bâtiment, ceux qui sont cachés dans nos routes. Depuis ? Rien. Le texte bute sur des détails techniques et la dernière réunion sur le sujet, en mars dernier, s’est soldée par un échec. Parmi les recycleurs, certains sont convaincus que des lobbys jouent en leur défaveur. Car si la bataille est d’abord juridique, elle comporte aussi des enjeux économiques.

« Nous sommes dans une filière où il y a encore de grandes possibilités de croissance », explique-t-on au Syndicat des recycleurs du BTP, qui estime que 100 millions de tonnes de déchets du secteur échappent chaque année au recyclage. « Si les gouvernants veulent vraiment que l’on recycle, il faut qu’ils nous le prouvent. » Des syndicats aux chefs d’entreprise en passant par les services juridiques, on commence à perdre patience. Pour eux, c’est une certitude : la valse des étiquettes suffirait à booster leur marché.

Plus de donneurs et plus d’acheteurs

« Dès que l’on sera sortis du statut de déchet, nous recevrons davantage de matières premières », promet Antoine Pereira, ingénieur développement chez Yprema, un des leaders du secteur. Car il est un détail qui a son importance : un déchet engage la responsabilité du producteur initial, même s’il est valorisé. Seul le passage du statut de déchet à celui de produit pourrait dégager le détenteur initial de toute contrainte. « Je connais des entreprises et même certaines collectivités qui préfèrent enfouir leurs déchets plutôt que de les valoriser pour éviter d’avoir des soucis dans vingt ou trente ans, ajoute l’ingénieur. Pourtant, je ne connais aucun cas où la responsabilité du pollueur a été mis en cause. Pour eux, c’est juste une façon de se protéger. » Côté débouchés aussi, la sortie du statut de déchet pourrait, selon lui, changer la donne : « Vendre un déchet n’est pas valorisant. Personne ne voudrait avoir une route ou une cour d’école en déchets. Le mot nous empêche de décrocher certains marchés. On chipote sur des détails alors que les déchets du bâtiment, ce ne sont que de l’eau, du sable et des cailloux. Chez Yprema, on les recycle depuis 1984. Pourquoi nous refuser aujourd’hui une reconnaissance qui nous semblait évidente ? » Ces tribulations administratives semblent surtout en contradiction avec l’objectif fixé par la loi de transition énergétique de recycler 70% des rebuts du BTP d’ici à 2025.

Sans oublier que d’autres filières, comme le papier, le plastique ou les solvants régénérés attendent eux aussi de passer de la case « poubelle » à la case « produit ». « Si on veut doper l’économie circulaire, il faut se donner les moyens de le faire », souligne l’avocat Carl Enckell, qui continue d’instruire de nouveaux dossiers. Ce sera peut-être long, mais il est persuadé que le droit comprendra à son tour que rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

A lire aussi sur Terraeco.net :
- « Le Père Noël se cache-t-il dans nos ordures ? »
- « Sous nos montagnes de déchets, le juteux business des trafics »

Pour répondre à l’urgence climatique, construisons le bien vivre ensemble

Bonjour à toutes et à tous, Les dernières nouvelles

Faites la cuisine, pas la croissance !

Grâce à une agriculture débarrassée de l’obsession productiviste, nous pouvons « entonner un refrain autrement plus subversif et jubilatoire que celui des chiens de garde de l’économie triomphante : Faites la cuisine et pas la guerre ! »
http://www.lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=612:lidee-de-culture-liee-a-la-democratie-alimentaire-fait-son-chemin-&catid=13:agenda&Itemid=59#.VSu31vDSk_Q

 
Pour répondre à l’urgence climatique, construisons le bien vivre ensemble

Voir le programme http://www.lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=607:pourquoi-les-elus-des-collectivites-locales-ont-un-interet-de-co-construire-avec-les-porteurs-de-projets-de-la-societe-civilen-&catid=13:agenda&Itemid=59#.VSN--vDSk_Q
Pour répondre à l’urgence climatique, construisons le bien vivre ensemble
http://www.lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=608:2015-changeons-le-systeme-pas-le-climat-&catid=13:agenda&Itemid=59#.VSN-rPDSk_Q

Sommes-nous en démocratie, allons-nous dans le mur ou dans le gouffre ?

http://www.lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=614:sommes-nous-en-democratie-allons-nous-dans-le-murn-&catid=13:agenda&Itemid=59#.VS_bBfDSk_Q
Sylvia Fredriksson, Scoot.it, sont intervenus sur le thème "Civic Hacking : les communs, contre culture du 3ème millénaire ?" au sein de l'agora des pitches des 200 Bâtisseurs pour demain, au Grand Palais, à l'occasion du forum-exposition "Osons la France".
https://www.youtube.com/watch?v=yKeS2g5IZPc&feature=youtu.be


Lutter contre la corruption, à la conquête d'un pouvoir citoyen


Cordialement René Chaboy
commission communication ( information&mise en relation)
tél 05 63 67 02 36
site
http://www.lienenpaysdoc.com/

Promouvoir une nourriture sociale saine en réseaux coopératifs fraternels locaux et dans le monde.

https://www.linkedin.com/groups/Promouvoir-nourriture-sociale-saine-r%C3%A9seaux-8245298?gid=8245298&trk=vsrp_groups_res_pri_act&trkInfo=VSRPsearchId%3A685832441422352210470%2CVSRPtargetId%3A8245298%2CVSRPcmpt%3Aprimary

Co-construire l'Avenir

https://www.linkedin.com/groups/Coconstruire-lAvenir-8141900?gid=8141900&trk=nmp_rec_act_group_name

Un autre monde est possible et indispensable https://www.facebook.com/groups/421004381276693/
Consommer, semer et entreprendre librement sur nos territoires
Association lien en Pays d'OC
Association pour une constituante
https://www.facebook.com/pages/Pour-une-constituante/352067051629249
















Réduction des gaz à effet de serre : qui s’engage à quoi ?

A neuf mois de la conférence de Paris sur le climat, 34 Etats se sont déjà prononcés sur le rôle qu'ils sont prêts à jouer pour faire baisser leurs émissions. Engagements, tours de passe-passe et astuces : mise au point avec notre carte.

Ne levez pas les stylos ! Sur les 196 pays qui participeront à la COP21, la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre prochain, 34 seulement ont remis une copie indiquant les objectifs qu’ils sont prêts à se fixer en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les autres planchent encore. Ces contributions – le terme « engagement » a été remplacé, car jugé trop contraignant ! – doivent paver la voie à la recherche d’un accord mondial sur le climat. Le scénario idéal serait que les Etats s’entendent pour réduire les émissions de 40% à 70% d’ici à 2050. Un effort collectif qui vise à limiter la hausse de la température moyenne de la planète à deux degrés.

Le système des contributions, prévu par la conférence de Lima en décembre dernier, doit permettre aux négociateurs de savoir ce que chaque pays est prêt à mettre dans la balance. L’ONU, sous l’égide de qui se tient la COP21, avait alors incité les pays qui étaient « prêts à le faire », à rendre leur copie avant le 31 mars. La prochaine date de rendu a été fixée au 1er octobre. Parmi les élèves ponctuels, ont trouve les 28 membres de l’Union européenne – qui ont présenté un engagement commun –, les Etats-Unis, le Gabon, la Norvège, le Mexique, la Suisse et la Russie. A première vue, certains affichent des objectifs audacieux, mais c’est souvent au prix de quelques contorsions. Première évaluation… avant des mises à jour tout au long de l’année.

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A voir aussi la vidéo : « Comprendre le Climat et la COP21 »

« On ne peut pas continuer à considérer que l’animal est une chose »

Faire avancer le droit des animaux est indispensable. C'est la raison pour laquelle il sera enseigné à l'université de Strasbourg à partir de la rentrée prochaine. Un projet inédit en France, porté notamment par le juriste Jean-Marc Neumann.

A partir du mois de septembre prochain, le Centre Européen d’enseignement et de recherche en éthique de l’université de Strasbourg dispensera à ses étudiants des cours de droit de l’animal. Il s’agit là d’une première en France. Le juriste Jean-Marc Neumann, secrétaire général et coordinateur de l’EuroGroup for Animal Law Studies et fondateur du site Animal et Droit, fait partie de l’équipe qui a monté ce projet. Il explique pour quelles raisons il est nécessaire.

Terra eco : Les animaux ont-ils des droits ?

Jean-Marc Neumann : Ce sont plutôt les humains qui ont des devoirs envers les animaux ! Plutôt que de considérer que l’animal a un droit, on interdit à un humain d’exercer des actes de cruauté envers lui. Dans ce cas-là, on peut dire que l’animal a le droit de ne pas être blessé ou tué, par exemple. Il existe des dérogations, comme pour la corrida ou les combats de coqs. Et cette protection pénale de l’animal n’en concerne que certains : les animaux domestiques et les animaux sauvages vivants dans les zoos et les cirques. Les animaux sauvages vivant à l’état de liberté, eux, ne sont pas protégés contre les actes de cruauté en tant qu’individus. Ils peuvent l’être par des textes lorsqu’ils font partie d’une espèce protégée. Par exemple, l’ours ou le loup. A l’inverse, ceux considérés comme des nuisibles peuvent être détruits sans qu’il y ait d’émotion particulière.

Dans le projet de loi sur la biodiversité, récemment examiné à l’Assemblée nationale, l’amendement prévoyant de reconnaître la faune sauvage comme dotée de sensibilité a été supprimé. Qu’est-ce que cela traduit ?

Il l’a été sous la pression du lobby de la chasse ! Il est évident que reconnaître la sensibilité de l’animal sauvage inquiète beaucoup les chasseurs. Cela conduirait logiquement à interdire des pratiques de chasse cruelles, comme la chasse à la glu ou la chasse à courre, qui portent atteinte à cette sensibilité. On voit là tout le paradoxe de notre système. En début d’année, la France a réformé son Code civil. Un article reconnaît désormais que l’animal est un être vivant doué de sensibilité. Mais on a oublié le code de l’environnement qui concerne les animaux vivants à l’état de liberté ! C’est incohérent : un animal sauvage vivant dans un zoo est reconnu comme sensible et protégé pénalement. Si le même animal s’échappe et se retrouve en plein nature, il n’a plus aucune protection pénale. C’est une aberration.

Pourquoi faut-il former les étudiants au droit des animaux ?

Les formations spécifiques dans ce domaine n’existent quasiment pas en Europe. Nous disposons déjà de textes juridiques qui se rapportent à l’animal. Malheureusement, ils sont mal connus, y compris de la part de ceux qui sont censés faire appliquer le droit. Les magistrats, par exemple, n’ont pas de cours de droit dans leur cursus. Les policiers et les gendarmes non plus. Nous pensons que c’est d’abord par une bonne connaissance du droit qu’on protégera mieux les animaux et que ce droit pourra alors évoluer. La formation universitaire proposée par le Centre européen d’enseignement et de recherche en éthique concernera des étudiants en master, mais sera également proposée en formation continue pour que des avocats ou des vétérinaires puissent obtenir un maximum d’informations sur le droit applicable. Nous constatons que de plus en plus d’étudiants, de chercheurs et d’enseignants montrent un intérêt pour le droit se rapportant aux animaux. Il y a un besoin.

D’où vient ce besoin ? Nos relations avec les animaux doivent-elle passer par le prisme du droit ?

Dans les dernières décennies, la science nous a fait découvrir que, par bien des aspects, certains animaux sont très proches de nous, en terme d’émotions, par exemple, ou par leur ADN pour certains. Ces connaissances nous obligent à appréhender l’animal de manière différente, à avoir une éthique nouvelle à leur égard. Et cette éthique nouvelle doit elle-même contribuer à ce que le droit soit réformé. On ne peut pas continuer à considérer que l’animal est une chose. Il faut que le droit se mêle à l’éthique et à la science pour que l’on adopte enfin un regard nouveau sur les animaux.

Le droit français est-il en retard par rapport à celui d’autres pays ?

Globalement, l’Union européenne et la Suisse sont, de loin, en avance sur ce sujet. Aucun autre ensemble de pays au monde n’a de règlements aussi protecteurs des animaux que les nôtres. Néanmoins, il reste difficile de faire évoluer le sort des animaux dans la pratique. Le droit ne fait pas tout. Il y a en face des obstacles puissants : le lobby agroalimentaire et le lobby de la chasse, en particulier, qui pèsent sur les textes de loi. Il faut une mobilisation de la population.

Trouvez-vous que notre regard sur les animaux a changé ?

Incontestablement ! On sait de mieux en mieux que l’homme est un prédateur de la nature, que des centaines d’espèces disparaissent, qu’on déforeste des zones entières et que tout ceci a des conséquences que de moins en moins de gens sont prêts à accepter. Il y a tout simplement de plus en plus d’informations qui circulent. La façon dont les animaux sont traités dans les fermes industrielles fait aussi partie du changement de regard sur les animaux d’élevage, par exemple. Les gens se posent des questions, avant tout sur leur santé. Ils veulent se nourrir de façon plus saine. Mais par ricochet, ils changent leur regard sur la condition des animaux. Sur ce point, nous sommes en train de rattraper notre retard par rapport à des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse, où l’intérêt pour les animaux est depuis bien longtemps plus marqué.

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