mercredi 5 août 2015

Tisanes bien-être aux fruits frais de l'été

Tisanes bien-être aux fruits frais de l'été

L’été, vous pouvez réaliser des boissons gourmandes pour vous sentir mieux, avec des fruits frais et plantes de saison.
Tisane estivale 

Tisane "Tentatrice"

- 1 pêche
- 50 g de framboises
- 5 ou 6 feuilles de verveine citronnelle
- deux grandes tasses d’eau

Lavez la pêche et laissez la peau, sauf si elle n’est pas bio.
Mettez l’eau à chauffer.
Au premier frémissement, déposez dans l’eau la pêche coupée en petits morceaux et les framboises.
Laissez frémir pendant 10 min.
Ajoutez la verveine.
Couvrez et faites infuser hors du feu pendant 10 min.
Filtrez ou non.
Dégustez cette boisson chaude, tiède ou froide, avec ou sans sucre.

Variante : 1 pêche, 50 g de groseilles, 2 pincées de fleurs de tilleul, deux grandes tasses d’eau, miel d’acacia (facultatif).

Tisane "Cerisette"

- 60 g de griottes entières (ou 10 g de griottes séchées)
- 1,5 g (1 pincée) de fleurs sèches de reine-des-prés
- une grande tasse d’eau
- miel de forêt

Versez les cerises dénoyautées et coupées en deux dans l’eau froide.
Portez à ébullition, puis laissez frémir pendant 5 min.
Éteignez la source de chaleur et ajoutez la reine-des-prés.
Couvrez et laissez infuser pendant 10 min.
Un soupçon de miel magnifie les parfums de cette tisane à la jolie couleur grenat.
Variante : voici une ancienne boisson, délicieuse et économique, au parfum de cerise et d’amande.
Elle se prépare avec les noyaux de cerises utilisées pour confitures ou clafoutis ; sur ces noyaux adhère toujours un peu de pulpe.
Faites bouillir deux tasses d’eau et une tasse de noyaux pendant 30 min.
La boisson est ensuite filtrée, puis sucrée ou miellée.

Quand vous faites un clafoutis, pensez donc à congeler les noyaux !

Tisane "Ange rose"

- 3 g de feuilles d’angélique
- 5 g de fraise
- 1 brin de marjolaine annuelle (environ 1 g)
- une grande tasse d’eau bouillante

Faites infuser pendant 15 min.

C’est une boisson estivale par excellence, car l’angélique doit impérativement être utilisée fraîche : sèche, sa feuille n’a plus du tout le même parfum.

J’utilise des petites fraises « Reine des vallées », au parfum de fraise des bois : ces fraisiers acceptent de pousser en pots, sur votre balcon. Cette tisane est suffisamment
douce pour être bue nature. Si vous souhaitez une saveur sucrée, tout en faisant attention à votre ligne, vous pouvez ajouter une petite feuille de stévia aux autres ingrédients et faire infuser en même temps.

mardi 4 août 2015

Forte de son autonomie alimentaire, la Crète résiste à la Troïka

Forte de son autonomie alimentaire, la Crète résiste à la Troïka

22 juillet 2015 / Emmanuel Daniel (Reporterre)



Toute la Grèce est en train de sombrer sous les coups de boutoir de la Troïka. Toute ? Non ! La Crète, la plus grande des îles, résiste aux puissances de la finance et a voté non à plus de 70 % lors du dernier référendum. Leur autonomie alimentaire permet aux Crétois de s’indigner sans en craindre les conséquences. Quoi qu’il arrive, ils auront toujours de quoi manger.

- Crète, Grèce, reportage
Dans l’avion qui m’amenait en Crète, la plus grande île grecque, je tentais d’imaginer ce que j’allais y trouver. Je m’attendais à tomber sur un pays à genoux, une population aux abois, des queues interminables devant les distributeurs, de la misère à chaque coin de rue. Mais les seules files d’attente que j’ai pu observer sur place étaient celles des touristes à l’aéroport, et aux stations de bus et dans les magasins.
C’est comme si la crise grecque qui fait les gros titres des médias français avait épargné les Crétois. « La Crète est l’île la plus riche de Grèce, ici, il y a beaucoup moins de chômage qu’en métropole. On n’a pas trop à se plaindre. On a le tourisme l’été et l’agriculture l’hiver. C’est dur c’est vrai mais ça l’est encore plus dans le reste du pays », m’explique un chauffeur de taxi.
La Crète tire une bonne partie de ses ressources du tourisme, pourtant, l’idée d’une nouvelle hausse de la TVA (qui est passée de 13 à 23 % ce lundi, notamment pour la restauration) ne semble pas inquiéter outre mesure Vassilis, restaurateur à Heraklion, plus grande ville de l’île. « Ça fera augmenter les prix de quelques centimes, ça ne me fait pas plaisir mais bon, ce n’est pas la fin du monde », m’explique le commerçant qui n’a accepté de me répondre qu’à condition que je lui commande une bière.
Un peu plus bas sur le port, un pêcheur au visage buriné tente de dissimuler son amertume derrière d’énormes lunettes de soleil. Près de son étal quasiment vide, il s’ennuie ferme et fume cigarette sur cigarette. Il accueille ma question sur la nouvelle vague d’austérité avec un haussement d’épaules. « Mon problème c’est le vent force 8 Beaufort, qui m’empêche de travailler », m’explique-t-il. Comme lui, depuis deux jours, les petits pêcheurs sont bloqués au port et privés de revenus.
Dans le centre-ville envahi par les touristes, le tenancier d’une épicerie aux rayons clairsemés m’accueille avec un sourire dénué de tout signe de préoccupation. Il admet néanmoins que la fermeture des banques n’est pas bonne pour le commerce et se réjouit de les voir rouvrir lundi. Lui n’a même pas de compte bancaire. « Je n’aime pas les banques, je ne leur fais pas confiance », explique-t-il. Comme un nombre conséquent de Grecs, il fait plus confiance à ses bas de laine qu’à son banquier pour veiller sur ses euros. Et la situation de ces derniers jours ne risque pas de le faire changer d’avis.

« Mon père a une retraite de 300 € pour lui et mon petit frère »

La plupart de mes interlocuteurs refusent d’évoquer la difficulté de la situation, comme si en parler revenait à la rendre réelle. Mais même si les Crétois s’en sortent mieux que le reste de leurs compatriotes, ils ne sont pas à envier pour autant. Un couple de restaurateurs de Rethymnos, cité balnéaire au nord de l’île, qui souhaite rester anonyme, me déclare non sans gêne qu’ils vont être obligés de frauder la TVA pour s’en sortir.
Yorgos, qui tient lui aussi un « restaurant familial » non loin de là, ne décolère pas depuis qu’il a appris cette nouvelle hausse. « On ne peut pas se permettre de répercuter les prix sur les clients sinon on les ferait fuir. Papandreou, Samaras, Tsipras, ça fait cinq ans que l’on nous impose des sacrifices pour que l’économie redémarre mais on voit bien que ça ne marche pas et ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Moi je m’en sors car je suis propriétaire mais beaucoup de mes confrères vont avoir du mal à payer le loyer cet hiver quand les touristes seront partis. »

Visiblement affecté par l’image véhiculée dans les médias sur le peuple grec, il se sent obligé de se justifier sans que je lui demande quoi que ce soit. « On nous dit que nous sommes des mauvais européens. Mais on n’est pas des fainéants, on travaille sept jours sur sept, enfin pour ceux qui ont la chance de trouver du travail. » Pour lui, c’est « une guerre économique où la dette a remplacé les canons. Ils veulent détruire notre pays et nous empêcher de nous relever. »
Pour illustrer les conséquences de l’austérité, il prend l’exemple de sa famille. « Mon père a une retraite de 300 € pour lui et mon petit frère qui n’a pas de travail. » Mais il se reprend vite et, comme s’il s’en voulait de s’être laissé aller, relativise sa situation en pensant aux habitants d’Athènes, où « il n’y a plus de liens familiaux aussi forts qu’ici qui permettent aux gens de survivre grâce à la solidarité ».

« Nous n’avons peur de rien »

Si les Crétois accueillent avec une passivité relative les mesures qui font hurler les Athéniens, c’est que leur économie ne repose pas que sur le tourisme. L’agriculture les aide à tenir le coup. Une femme aux grands yeux curieux me dresse une liste à la Prévert de ce que le pays produit : « Lait, miel, huile, céréales, citron, oranges, moutons, légumes en tous genres, chèvres, poissons, et bien sûr l’huile d’olive. Il y a même des bananes à l’Est de l’île. »
En effet, la Crète est l’une des rares îles grecques qui pourrait s’en sortir sans le tourisme. En plus de créer une manne d’emplois conséquente pendant l’hiver, ce secteur permet aux insulaires de se nourrir sans dépenser d’argent. Yorgos, le restaurateur mécontent, m’explique qu’il a quelques chèvres et un potager qui l’aident à tenir, notamment hors saison, quand les touristes et leurs euros ne sont plus là.
C’est donc là que réside le secret de la sérénité des Crétois. « Nous sommes autonomes. Tout le monde ici sait faire pousser des légumes. Nous n’avons peur de rien. Nous avons tout ce dont nous avons besoin ici pour vivre. C’est pour ça qu’on n’a pas peur de la Troika », m’assure une vendeuse de produits locaux située dans la vieille-ville d’Heraklion.

Propagande pro-Oui

Comme elle, 70 % des Crétois ont dit non lors du référendum. Pour cette femme à la parole facile, l’autonomie de l’île n’est pas étrangère au refus net affiché lors du référendum. Beaucoup de mes interlocuteurs s’indignent quand je leur demande ce qu’ils ont voté : « OXI, évidemment ». Seule Aristea, conseillère municipale à Heraklion m’a avoué avoir voté Oui. « Je suis très heureuse que Tsipras ait réussi à trouver un accord. Une sortie de l’euro aurait été catastrophique pour le pays. Je ne veux pas d’un retour à la drachme. Je crois qu’on peut changer l’Europe. Je crois en la collaboration entre les peuples. »
Un argument que l’on entend aussi chez certains partisans du Non. « Pour beaucoup de grecs, l’euro c’était l’entrée dans la modernité. On n’était enfin plus considérés comme un pays des Balkans. Sortir de l’euro, c’est revenir en arrière, c’est perçu comme une régression », m’explique Dimitri. Et pour cet ancien publicitaire devenu activiste, cette croyance ne vient pas de nulle part. « Donne moi le contrôle des médias et je te dirai quoi penser », glisse-il en dénonçant la propagande pro-euro dans les médias depuis des années et celle encore plus frappante en faveur du Oui qui a eu lieu la semaine qui a précédé le referendum.
Aglae, une jeune femme impliquée dans les mouvements alternatifs « refuse de céder au chantage. On nous a fait croire que sortir de l’euro c’était la mort assurée, moi je vois que c’est en restant dans l’euro que l’on meurt », argue-t-elle en citant les conséquences sanitaires effroyables de l’austérité.
Yannis, membre d’un restaurant coopératif lui aussi souhaiterait un retour à la drachme. « Le seul effet positif de cet accord c’est qu’il a fait réfléchir les gens. Maintenant, on ne nous prend plus pour des fous quand on dit qu’on veut sortir de l’euro. Pour moi, c’est la seule possibilité pour mettre en place une autre politique : nationalisation des banques, annulation de la dette, économie alternative basée sur la coopération... », développe ce militant anti-fasciste.

Avancer dans l’incertitude

Pour Christine, une trentenaire en perpétuelle recherche de petits boulots, le refus de l’accord n’a rien à voir avec une quelconque rationalité économique mais trouve sa source dans la culture, la géographie et l’histoire de l’île. Elle prend son petit déjeuner dans une cuisine dont une des fenêtres donne directement sur la mer agitée. C’est avec poésie qu’elle analyse le OXI crétois au référendum, un non à l’humiliation et au colonialisme financier.
« La nature sauvage a forgé notre caractère. Les montagnes, la chaleur, le vent font qu’on ne se laisse pas faire, dit-elle en accueillant avec bienveillance les puissantes rafales qui s’engouffrent par la fenêtre. On a aussi une culture de la résistance. Nous avons subi de nombreuses attaques tout au long de notre histoire : les pirates, les Ottomans, les Byzantins, et même les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Maintenant c’est la Troïka. Nous avons connu bien pire et on ne se laissera pas faire par quelques crapules en costume. »
Sans nier la propension à la résistance de ses compatriotes, Vassilis, jeune ingénieur au chômage, met en avant un paradoxe : « Nous sommes un peuple plutôt aisé mais je crois que nous aimons l’idée de révolution. » Et il précise que si les Crétois ont voté massivement pour le non, ils ont dans un passé proche fait des choix contraires : « Quand la mode était au Pasok, il ont voté Pasok [parti social démocrate], quand les conservateurs étaient au pouvoir, ils ont aussi voté pour eux. On suit le sens du vent ! »
Si la plupart des personnes rencontrées dénoncent unanimement les technocrates de la Troïka qui mènent « une guerre économique où la dette a remplacé les fusils », selon Yorgos, ils sont plus mesurés en ce qui concerne Tsipras et son gouvernement qui bénéficient d’une surprenante indulgence. « Il a été courageux, il n’aurait pas pu faire mieux », m’a-t-on souvent dit en expliquant qu’il devait résoudre une équation impossible : stopper l’austérité sans quitter la zone euro. Yannis au contraire est très remonté contre le premier ministre : « C’était le seul qui aurait pu faire passer ce nouveau plan d’austérité sans déclencher d’émeute grâce à sa côte de popularité. C’est un véritable traître. »
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Yannis et ses amis en discussion
Avec une trentaine d’amis activistes, il se réunissait ce dimanche dans un café pour tenter de réfléchir à une « alternative à l’austérité, par en bas sans les partis politiques », mais qui s’appuierait sur les nombreuses initiatives de solidarité qui ont émergé avec la crise. Leur but, faire barrage à Aube Dorée qui va tenter d’emprunter l’autoroute de déception et de colère créée par Syriza.
Mais quelles que soient leurs opinions politiques, ils sont tous d’accord pour dire que le chemin vers des jours meilleurs sera long et semé d’embûches. Yorgos, attablé dans son restaurant à l’ombre d’un parasol, n’a lui aucune idée de la marche à suivre pour sortir de l’impasse actuelle, mais il ne désespère pas pour autant. « On survit. Pour l’instant la situation est confuse. Je pense qu’on va s’en sortir mais je ne sais pas trop comment. »

A la recherche du silence perdu

A la recherche du silence perdu

A la recherche du silence perdu
(Crédit photo : flore-aël surun - tendance floue )
 
Le vrai silence se fait rare. Je suis parti à sa recherche, en suivant les conseils de trois férus d'interruptions sonores. Récit d'une quête perdue d'avance.


Connaissez-vous un endroit où l’on entend ni voiture, ni moteur, ni aucune voix ? En clair, aucun bruit humain, même en tendant bien l’oreille ? On pense d’abord en trouver des tas. Pourtant, ils sont rarissimes. Je l’ai compris en passant plusieurs jours au cœur de la forêt de l’Ardenne belge à la fin du mois de juillet. Loin des routes bitumées, au milieu des arbres, j’appréciais le calme mais distinguais au loin le son des voitures et des campeurs. Mon sonomètre le confirmait : il captait quelques décibels. Rebelote dans les catacombes parisiennes : ce monde calme et mystérieux n’est pas à zéro décibel, même la nuit. En 2012, un journaliste du quotidien américain The New York Times racontait avoir marché plusieurs jours dans la neige du parc Denali, au milieu de l’Alaska, pour s’éloigner le plus loin possible des routes et parvenir à n’enregistrer que les seuls et uniques sons de la nature. Il a échoué : des bruits d’avions venaient perturber ses prises plusieurs fois par heure.

Le silence aurait-il disparu ? Les initiés qui l’entendent régulièrement sont en tout cas très peu nombreux. L’un d’eux, l’artiste sonore Eric La Casa, me raconte comment il le cherche. « D’abord, il faut trouver à partir de quand on n’est plus relié à une ville, ce n’est pas évident. Ensuite, il faut quitter les routes, mais il y en a presque partout. Il n’y a pas vraiment d’adresses exactes, on connait des zones très calmes, mais il faut toujours chercher. Il y a le Causse Méjean (en Lozère, ndlr) par exemple, surtout l’hiver. Il n’y a presque pas de voitures et même pas d’insectes, en fait il n’y a rien. » Et qu’entend-on quand il n’y a aucun bruit ? « Le niveau sonore y est tellement bas que, pour un Parisien, par exemple, c’est déroutant. Il faut plusieurs jours pour descendre de son niveau de bruit habituel et s’y habituer. On sent que les gens là-bas sont dans un autre rapport au temps et à l’espace. Ils ne sont pas mal à l’aise si vous êtes ensemble et que personne ne parle, alors que vous, par contre, il faut vous y préparer. »

Préparer son corps au silence

Eric La Casa me conseille de contacter Marc Namblard : « Il est audio-naturaliste. C’est la personne que je connais qui est capable d’attendre le plus longtemps sans bouger, juste pour écouter. » Celui-ci confirme que chercher le silence est une quête ardue : « On parle beaucoup du bruit en ville, mais à la campagne, ce n’est pas vraiment mieux. J’habite dans un village de 100 habitants, au moment où je vous parle, je suis dans mon jardin, j’entends quelqu’un en train de tondre. Même quand on met un micro dans l’eau, on entend les moteurs. » Le guide naturaliste m’assure que plus on reste dans une zone de calme, plus notre ouïe s’affine au point d’entendre « des petits bruits d’insectes ». Tant et si bien que, pour lui, « le vrai silence total n’existe pas ».

Pour m’en approcher, je prends rendez-vous dans l’endroit de France le plus coupé des bruits humains. Il se trouve… en plein centre de Paris. C’est une chambre « anéchoïque » – c’est-à-dire où il n’y a pas d’échos – installée à l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/Musique) où l’on n’entend aucun bruit extérieur tant elle est isolée. « C’est une sorte de boîte dans une boîte, avec un cube posé sur des blocs silencieux en néoprène qui absorbent les vibrations », explique Olivier Warusfel, le chercheur qui me fait visiter les lieux. La porte de la chambre est fermée, j’ai l’étrange impression que mes oreilles distinguent avec une grande précision d’où vient le son de sa voix.

Le silence est passionnant

Je décide d’y rester le plus longtemps possible, pour expérimenter le fameux silence dont m’ont parlé Eric La Casa et Marc Namblard. Dans les premiers moments, je suis impressionné par le bourdonnement que j’entends, un peu comme quand on « écoute » un coquillage. J’ai l’impression qu’il me fallait un sas de décompression en sortant du boucan parisien. Au bout d’une dizaine de minutes, le bourdonnement diminue et d’autres bruits m’étonnent : celui de mes paupières quand je cligne des yeux, par exemple. Bizarrement, écouter le silence est assez passionnant, la première demi-heure passe très rapidement. Je craignais de m’endormir, ce calme est en fait reposant. J’entends maintenant le squelette de mon cou quand je tourne la tête, et le « clic » de la mine de mon stylo me semble être un bruit impressionnant. Au bout de cinquante minutes, l’ennui prend le dessus. Le manque de son devient pesant, je quitte la pièce juste avant d’avoir atteint le « cap » de l’heure silencieuse.

« Nous ne sommes pas fait pour le silence. La vie fait du bruit, le silence total, c’est la mort. » George Foy, celui qui me dresse ce constat, est probablement l’un des hommes qui a le plus cherché le silence total dans sa vie. Il a raconté ces recherches dans son livre Zéro Décibels (2010). Épuisé par le bruit de New York, il a d’abord cherché à se rendre dans des endroits calmes, puis s’est réfugié dans une maison très isolée. A chaque fois, des bruits le dérangeaient. Il a alors voyagé dans le monde entier avant de trouver enfin l’endroit le plus silencieux de la terre : une chambre totalement sourde au Minnesota, aux Etats-Unis, où le niveau de décibels est négatif. « Le type qui m’y a amené a éteint la lumière parce que ça fait un tout petit peu de bruit et il m’a mis au défi de passer 45 minutes là-dedans sans devenir fou. J’étais dans le noir et dans le silence complet, c’était très impressionnant. Au début, j’étais très content, j’avais trouvé ce que je cherchais. Et puis au bout d’un temps, j’ai réalisé que j’entendais des bruits, mes propres bruits, j’entendais même le sang couler dans mes veines. J’ai compris que le seul moment où l’on n’entend rien, c’est quand on est mort », décrit-il. Ce Franco-Américain est depuis revenu vivre à New York. « Mes recherches m’ont fait comprendre que personne n’a vraiment envie du silence absolu. Il faut veiller, par contre, à trouver un équilibre dans sa vie et à s’accorder des temps calmes pour sortir de temps en temps du bruit qui nous entoure. »



Ce bruit qu’on n’entend plus


Se servir au quotidien d’un décibel-mètre est un exercice étonnant. C’est ainsi que George Foy a constaté qu’il vivait dans un environnement proche, en moyenne, de 50 décibels (dB), même la nuit. Un niveau sonore qui cause stress et fatigue quand il est prolongé. 50 dB, c’est aussi le niveau de bruit de l’open space de notre rédaction parisienne en début de matinée. Puis, dans le calme du creux de la matinée, on redescend sous les 40 dB. A l’heure du déjeuner on dépasse les 70 dB. Dans les restaurants du coin, à l’heure de pointe, on approche des 85 dB. Et vous ? Pour le savoir, si vous n’avez pas de sonomètre, il existe des cartes de bruit dans de nombreuses villes (Paris, l’agglomération de Nantes ou Lyon).

Quelques nouvelles du climat

Quelques nouvelles du climat

Quelques nouvelles du climat
(Crédit photo : Michel Desbien - Flickr)
 
Montée des eaux, point de bascule et gros secrets bien gardés : beaucoup de monde au chevet du climat cette semaine. On fait le tour pour vous.

Que resterait-t-il de la planète si le niveau de la mer s’élevait de six mètres ? Les projections de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) montre une terre dont pratiquement toutes les côtes seraient affreusement rongées. Adieu Venise, adieu New York ! Alors que le pire scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une hausse du niveau de la mer d’environ un mètre à l’horizon 2100, une nouvelle étude, publiée par le magazine Science, remet en lumière cette carte de la NOAA. Les chercheurs du projet Past Global Change, qui s’intéressent au climat du passé pour tenter d’éclairer celui du présent, ont étudié trois épisodes de montée des eaux au cours des trois derniers millions d’années. Il y a 125 000 ans, la fonte des pôles a ainsi provoqué une élévation de 6 et 9 mètres, alors que la température moyenne de la planète n’était que de 1°C supérieure à la température de notre période pré-industrielle. Aujourd’hui, la température moyenne est de 0,9°C supérieure à la période préindustrielle et l’objectif de la COP21 est de trouver un accord pour plafonner la hausse à +2°C ! Un billet du journaliste Sylvestre Huet, de Libération, nous explique malgré tout que les prévisions de notre futur, fondées sur cette connaissance scientifique du passé, sont soumises à d’importantes incertitudes. Il n’est pas encore temps de crier à la noyade.
A quand le point de non retour ? Pendant que l’eau monte, les scientifiques du monde entier, réunis sous l’égide de l’Unesco à la grande conférence « Notre futur face au changement climatique », à Paris, s’interrogent sur un drôle de mot, « tipping point ». Le journaliste Loïc Chauveau, du magazine Sciences et avenir, a suivi ce débat. La question posée est : à quel moment la planète atteint-elle un point de bascule, un seuil climatique où il n’y a plus de marche arrière possible ? La question a de quoi faire frémir. Mais s’il est désormais clair que certains grands glaciers de l’Antarctique ne se remettront jamais, des doutes planent sur l’impact du réchauffement sur le courant El Nino, par exemple, ou encore sur les moussons africaines et asiatiques. Autant de phénomènes surveillés comme le lait sur le feu par les chercheurs. On compte sur eux.
Le cynisme climatique d’ExxonMobil Mais tout le monde n’est pas aussi vigilant quand il s’agit de changement climatique. ExxonMobil, la plus grosse compagnie pétrolière du monde, par exemple, pourrait même se faire taxer de légère négligence... Une enquête du Guardian révèle ainsi que les dirigeants avaient été alertés de la réalité du changement climatique dès 1981… mais ont continué à financer des climatosceptiques pendant près de trois décennies. Le pot-aux-roses a été déniché dans un échange de courrier entre l’université d’Etat de l’Ohio et un ex-expert d’ExxonMobil, nommé Lenny Bernstein. Celui-ci affirme que la compagnie s’intéressait en 1981 à un gisement gazier au large de l’Indonésie. La firme n’ignorait pas alors que le gisement composé à 70% de CO2 aurait pu larguer dans l’atmosphère près de 1% des émissions mondiales de l’époque. Ce qui choque dans cette affaire, c’est surtout que la question de la corrélation entre énergies fossiles et changement climatique est devenue publiques à la fin des années 1980. Or, depuis plusieurs années, Exxon se préoccupait déjà du sujet et a continué par la suite à financer des chercheurs climatosceptiques. A hauteur de plus de 22 millions de dollars d’après les enquêtes de Greenpeace. Il y a quelques mois, les fins limiers de l’ONG avaient ainsi pu prouver qu’ExxonMobil faisaient partie des entreprises pétrolières ayant versé 1,2 million de dollar à un astrophysicien de l’université de Harvard, Willie Soon, pour qu’il publie des recherches sur l’influence du soleil sur les changements climatiques, par exemple.

Les plantes "Bien-être" du jardin

Les plantes "Bien-être" du jardin

Aux vertus apaisantes, digestives, dermatologiques ou fortifiantes, les plantes de votre jardin peuvent soigner au naturel. Quelle plante pour quels maux ?  En crème, infusion ou tisane, quelle partie utiliser, racine, feuille, fleur, tige, etc. ?
La santé par les plantes du jardin : quelques pistes pour prendre soin de soi grâce aux trésors que l'on cultive chez soi - C. Hochet - Rustica

Plantes apaisantes

En usage externe, principalement sous forme de cataplasme, les plantes apaisantes peuvent soulager foulures, douleurs articulaires et voies respiratoires.
En usage interne, sous forme de tisane, d'infusion ou de décoction, ces plantes médicinales peuvent aider à lutter contre l'insomnie et le mal de tête.
Les simples peuvent également avoir un effet apaisant dans le cas d'inflammations, notamment articulaires ou des voies respiratoires.
Enfin, certaines plantes médicinales peuvent également avoir un effet antistress.
Bain relaxant à la marjolaine

Plantes digestives

Repas trop riches ou pris trop vite, environnement stressant, alimentation inadaptée, sédentarisation et position coupant la digestion, le mode de vie contemporain met le système digestif à rude épreuve. Ballonnements, spasmes, perturbations du transit intestinal…certaines plantes médicinales permettent de contrer ces petits maux.

Plantes dermatologiques

Sous forme de cataplasme, de gel ou de pommade, un certain nombre de préparations à base de plantes redynamisent l'épiderme, soignent les éruptions cutanées, eczémas et autres mycoses, hydratent, apaisent et assouplissent la peau. Les plantes médicinales peuvent également permettre de soigner les petites coupures et plaies, les brulures légères et de soulager des piqûres d'insectes.
Lotion corporelle pour réveiller votre peau
Soins capillaires au bouleau
Éliminer les points noirs
Baume réparateur pour pieds crevassés
Après-shampoing au thym pour la beauté des cheveux
Macération d'achillée millefeuille contre les minicoupures


Plantes "coups de fouet"

En apportant vitamines et sels minéraux, mais aussi en favorisant l'élimination des toxines, ces plantes médicinales redynamisent le corps et aident à surmonter les fatigues passagères.

Bouillon de légumes d'hiver reminéralisant
Infusion contre la dépression hivernale ( millepertuis & sauge officinale )

A savoir :
Les principes actifs des plantes médicinales peuvent occasionner des effets indésirables lorsqu'ils sont pris en même temps que certains médicaments. Il peuvent également être contre-indiqués dans le cas de certaines pathologies. Si des troubles surviennent, n'hésitez pas à consulter votre médecin.

« Le vivant est merveilleux, il est capable de réagir et d’absorber les changements »

Jacques Tassin : « Le vivant est merveilleux, il est capable de réagir et d’absorber les changements »

Jacques Tassin : « Le vivant est merveilleux, il est capable de réagir et d'absorber les changements »
(Crédit photo : Flore-Aël Surun / Tendance Floue)
 
Quand beaucoup font des espèces invasives le grand méchant loup, cet écologue y voit un phénomène naturel, sur lequel rejeter ses erreurs.

Peut-on définir une espèce invasive ?

C’est complexe, car ce qu’on appelle les invasions biologiques recouvrent une très grande diversité de situations. Sont mis dans le même sac des animaux et des plantes, des milieux et des fonctions écologiques qui n’ont rien à voir. Le premier point de vue, néanmoins, est bio-géographique : une espèce invasive est une espèce qui, seule, n’aurait pas franchi les barrières, océans, montagnes, qu’elle rencontre et qui a donc bénéficié de l’aide de l’homme pour les transgresser. Le deuxième point de vue fait davantage référence à l’impact de cette espèce, la difficulté étant de pouvoir le qualifier et d’envisager son évolution dans le temps. Enfin, le troisième est lié à l’organisme invasif lui-même. Il porte sur les mécanismes écologiques et biologiques qui font que l’espèce devient invasive : nous sommes en présence d’une espèce qui tire parti d’un changement de milieu et d’une possibilité d’accéder à des ressources auxquelles les espèces en place, indigènes, ont moindrement ou plus difficilement accès. Pourquoi est-ce la définition la moins utilisée ? Parce que, dans cette problématique des espèces invasives, nous sommes sur de l’émotionnel. Y compris dans le milieu scientifique dont je fais partie.

Qu’entendez-vous par « émotionnel » ?

Voir une espèce qui n’est pas « à sa place », ça choque. Ces intrusions, inattendues, sont aussi mal perçues de la part de Monsieur Tout-le-Monde que de celle des scientifiques. Et ce pour des raisons purement culturelles. Les discours qui sont utilisés pour parler des espèces invasives en témoignent. Ils ont été façonnés en Angleterre au XIXe siècle. En 1856, Charles Elton, qui a inventé la notion d’invasion biologique, compare déjà ces espèces à des bombes. Ce botaniste a imprimé une manière très négative de se représenter les choses. Aujourd’hui encore, les métaphores sont guerrières : on parle de « lutte », de « guerre », de « système préventif », de « contrôle aux frontières ». Ou médicales : on parle de l’écrevisse de Louisiane comme de la peste rouge ; du miconia, à Tahiti, comme du cancer vert. C’est faire ici référence à une vision organiste de la nature, confondant les habitats avec des êtres vivants. Parler de leur santé n’a aucune valeur scientifique.

Que nous apprend le passé sur ces phénomènes d’invasions biologiques ?

Dans l’histoire du monde, les espèces n’ont pas cessé de se mouvoir. C’est même l’aspiration première des êtres vivants que de se déplacer, y compris les plantes, via leurs graines. C’est pourquoi la notion d’intrus est absurde. Heureusement que des migrations ont eu lieu lors des précédentes glaciations ou lors de changements radicaux du milieu ! Pour raisonner purement en écologue scientifique, il faudrait se dire : ces espèces sont intéressantes parce que, dans un contexte de changement climatique et de changement d’utilisation des terres, elles sont une réponse du vivant. Certes, c’est l’homme qui a mis la main à la pâte en les introduisant, mais c’est aussi lui qui modifie les milieux.

Justement, quelle est la part de responsabilité des humains dans l’arrivée et le développement des espèces invasives sur un territoire ?

Les introductions, pour la majorité volontaires, sont liées à l’explosion des moyens de transport depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais la responsabilité de l’homme tient surtout à la manière dont il a tracé par avance le devenir de ces espèces. En modifiant les milieux, en terrassant, en labourant, en polluant, il a changé la donne. Un réajustement des assemblages d’espèces s’opère, en faveur de certaines et au détriment d’autres. Il en a toujours été ainsi. Ce qui change, c’est le fait, peut-être culpabilisant, que l’homme a concouru aux déplacements des espèces invasives. Mais sa plus grosse responsabilité, c’est la manière dont il bouscule les habitats. On revient toujours à cette dimension émotionnelle et existentielle très profonde : l’idée que le monde a été dérangé, qu’un ordre a été bouleversé. Or, ce sont des notions qui ne sont pas vraies pour tout le monde ! Un travail sur la perception des espèces invasives par les aborigènes d’Australie a montré que leur regard est infiniment plus bienveillant que le regard occidental, par exemple. A leurs yeux, ces espèces sont très méritantes, puisqu’elles ont réussi à s’implanter et à se multiplier dans des espaces souvent difficiles.

Les espèces invasives sont souvent présentées sous l’angle du danger qu’elles représentent. Quel est-il ?

Ne mélangeons pas ce qui porte préjudice aux activités et à la santé humaines et ce que l’on interprète comme portant préjudice au fonctionnement des écosystèmes. Il est très facile d’identifier des risques pour les humains : le moustique tigre arrive dans le sud de la France avec la possibilité qu’il transporte le chikungunya. C’est très clair, il faut juguler son extension. L’ambroisie, très allergène, s’étend le long de la vallée du Rhône, c’est un problème. Mais, en mettant uniquement ces cas simples sur le devant de la scène, on occulte la deuxième partie du problème, beaucoup plus floue, qui porte sur l’impact sur les milieux naturels. Car évoquer un danger à l’égard de la nature, c’est beaucoup plus difficile. Les situations présentées sont souvent des situations extrêmes, c’est-à-dire des prédateurs introduits dans des îles. Le cas classique, ce sont les rats, les chats, les renards qui provoquent des dégâts véritables, parfois dramatiques, avec des extinctions d’autres espèces. Mais ce sont des cas particuliers : les îles représentent 5% des surfaces terrestres !

A l’inverse, ces espèces ont-elles des effets bénéfiques ?

Le monde serait bizarrement fait si une espèce déplacée d’un endroit à un autre n’avait aucun effet positif. Négatif et positif ne sont d’ailleurs que des interprétations. Une espèce invasive interfère immédiatement et souvent intensément avec l’ensemble de la communauté vivante qu’elle fréquente. En ornithologie, des études ont montré que certaines plantes invasives assuraient une ressource alimentaire pour des oiseaux en danger, parfois même garantissaient leur survie. Sur l’île Rodrigues, dans l’océan Indien, une rousserole en situation extrêmement précaire a remonté la pente à la faveur d’un arbuste épineux introduit et planté pour protéger les semis. En Australie, il existe des zones où on ne lutte plus contre l’expansion du camphrier, parce qu’il est une ressource majeure pour le maintien de quelques pigeons frugivores. Et Lantana camara, qui figure parmi le top 50 des invasives, est maintenant considéré comme une espèce clé de voûte, indispensable pour le maintien de beaucoup d’autres. Un entomologiste californien a montré que le monarque, un papillon nord-américain emblématique, ne tenait que grâce au fenouil envahissant. Il a dû mettre en garde les associations qui luttent contre les invasives.

Vous estimez que les humains n’ont qu’une faible tolérance à l’égard des espèces invasives…

J’appelle surtout à élargir le point de vue ! Regardons si, dans certaines situations, ce n’est pas une bonne chose que des espèces d’origine étrangère réussissent bien là où les espèces autochtones ne réussissent plus. C’est notamment le cas pour des écrevisses. La plupart des populations indigènes ont régressé du fait de la pollution. L’écrevisse de Louisiane, quant à elle, est beaucoup plus tolérante. Certes, elle apporte des nuisances, elle chamboule, elle peut réduire par endroits la diversité biologique. Mais en Camargue, elle est devenue une ressource alimentaire pour les oiseaux échassiers et c’est grâce à elle que les populations de grandes aigrettes et de spatules blanches ont décuplé. Prenons l’ibis sacré qui s’est échappé d’un zoo en Bretagne et s’est étendu dans l’ouest de la France. La campagne menée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage en a éliminé 5 000, justifiant cela par l’hypothèse qu’il entre en compétition avec d’autres échassiers, voire qu’il prélève leurs œufs ou leurs poussins. Finalement, des études menées pendant quinze ans par un naturaliste sur le régime alimentaire de l’ibis ont montré que sa première ressource alimentaire était l’écrevisse de Louisiane, une autre invasive ! Les choses sont beaucoup plus compliquées qu’on ne le croit.

Vouloir éliminer ces animaux ou végétaux a-t-il un sens ?

Mesurer l’impact à long terme d’une espèce invasive, c’est très dur. Prédire l’effet du contrôle, voire de l’éradication, c’est également extrêmement compliqué. Quand on supprime le lapin de garenne ou le mouflon dans une île, on obtient généralement une invasion végétale ! L’herbivore en question contrôlait une autre invasion… Par ailleurs, éliminer une espèce introduite ne permet pas de remonter le temps. Faire disparaître la moule zébrée dans les lacs d’Amérique du Nord, ou la perche du Nil dans le lac Tanganyika, en Afrique, ne fera jamais revenir la situation antérieure liée, dans les deux cas, à la pollution des eaux. C’est cette dernière qui est responsable des situations observées. Mais il est tellement plus commode de pointer du doigt un bouc émissaire que d’essayer de traiter un problème souvent extrêmement complexe.

Qu’est-ce que les espèces invasives apprennent aux écologues ?

Elles ont appris aux scientifiques que les écosystèmes ne sont jamais saturés. Gardons-nous d’une vision de chaises musicales où une espèce invasive chasse une espèce autochtone. Il peut arriver qu’une espèce invasive entraîne l’extinction d’une autre espèce, mais elle ne prend pas sa place. Elles nous ont ensuite appris qu’elles sont capables de s’adapter. On parle de micro-évolution. Par exemple, sur l’île de La Réunion, dans la partie la plus arrosée, où il y a davantage de végétation humide, avec une grande production de fruits, le bec du bulbul orphée s’est allongé, en à peine vingt générations d’oiseaux, pour lui permettre de tirer parti de cette ressource.

C’est très encourageant dans un contexte de changement climatique, par exemple.

Absolument ! Regardons ces invasions biologiques jusqu’au bout, en considérant que, finalement, le vivant est merveilleux. Il a toujours cette capacité à réagir et à absorber les changements qui s’opèrent. Des espèces qui se débrouillent dans des milieux pollués – sans que cela nous empêche de limiter la pollution, bien sûr –, ou qui parviennent à se maintenir dans des milieux si difficiles, c’est encourageant !

Qu’est-ce que notre regard sur les espèces invasives révèle de la relation que nous entretenons avec le sauvage ?

Notre relation à l’animal sauvage est incomplète. Nous n’acceptons le sauvage que s’il ne nous surprend pas trop, s’il nous est familier, s’il est intégré dans notre patrimoine culturel. Les espèces invasives nous disent surtout que nous sommes mal armés pour envisager l’altérité vivante. Face à ces espèces qui n’étaient pas là hier et qui sont là aujourd’hui, notre tendance naturelle nous invite à nous méfier, à envisager les nuisances qu’elles pourraient engendrer. Finalement, est-il heureux de regarder les choses de cette manière-là ? —

Jacques Tassin en dates :
- 1960 Naissance
- 1983 Première rencontre avec l’Afrique, où il découvre la forêt tropicale, en Côte d’Ivoire
- 1988 Premier contact avec les îles tropicales, en Guinée-Bissau, sur les îles Bijagos
- 2010 Publie Plantes et animaux venus d’ailleurs : une brève histoire des invasions biologiques (Orphie)

« Plus nous marchons et plus nous sommes vivants »

« Plus nous marchons et plus nous sommes vivants »

« Plus nous marchons et plus nous sommes vivants »
(Crédit photo : jfgornet - flickr)
 
La marche fait son retour dans les villes et est davantage prise en compte dans les politiques urbaines. Entretien avec Sonia Lavadinho, chercheuse au centre de transports à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

Terra eco : Nous utilisons de moins en moins la marche pour nous déplacer. Avons-nous oublié que nous étions des bipèdes ?
Sonia Lavadinho : Sans doute l’avons-nous un peu oublié. Mais tout nous le rappelle : les collectivités, le monitoring (opération qui consiste à mesurer le fonctionnement d’un système, d’un processus en temps réel – marche, jogging, déplacement à vélo – par le biais de sondes, de capteurs ou d’une application), les applications mobiles, etc. L’environnement technologique et les sensibilisations de tous genres nous font le rappel en permanence que notre quantité de sommeil, le nombre de calories brûlées ou notre rythme cardiaque sont des indicateurs à surveiller. Je dirais donc que la concomitance de la conscience individuelle à vouloir se prendre au jeu et les messages des collectivités favorisent ce rappel à l’ordre. Nous nous souvenons que nous avons deux jambes.

Certes, mais qu’en faisons-nous ?

Eh bien nous bougeons ! Nous marchons même davantage que ce que nous croyons. Nous couplons la grande vitesse (motorisée) et les tronçons plus petits. Nous avons cessé d’être des spécialistes d’un seul mode de transport pour devenir des utilisateurs multimodaux. On passe de sa voiture au tramway ou au métro, puis à l’avion ou au TGV avant de finir par un taxi.

La part de liberté dans l’usage de ces modes de transport est assez faible...

Pour le vélo, la marche ou la voiture, bien au contraire ! On y décide de l’itinéraire et de l’horaire notamment. Et je dirais que la marche sert de ciment à cette ville multimodale. Passer du bus à l’avion ou au TGV dans des temps courts n’est possible que si l’on a deux pieds. Le seul transfert existant entre deux modes est la marche. Nous n’avons pas le choix.

Et vous avez le sentiment que le discours des collectivités est moderne là dessus ? La marche serait valorisée ?

Il existe peu de discours effectivement sur ce sujet. Aujourd’hui les collectivités juxtaposent des modes de transport mais ne travaillent pas sur leur cohabitation. C’est même parfois un dialogue de sourds. Je travaille beaucoup sur la notion de « hub de vie », ces espaces existants entre les différents mode de transport : un parking relais par exemple. La France est très en retard sur ces sujets, les collectivités commençant tout juste à comprendre qu’il y a des espaces de vie à valoriser, à organiser – parfois simplement par des synergies à trouver.

Faut-il rendre tout piétonnier ?

Attention d’abord à ne pas confondre la ville « marchable » et l’espace réservé aux piétons. Je ne suis pas une Ayatollah de la marche : je ne dis pas faisons des rues piétonnes à tout prix. Il ne faut pas tout lâcher, mais injecter de la marche le plus possible et dès qu’on le peut. La ville de Londres (Royaume-Uni) par exemple a fait sa révolution en une petite vingtaine d’années. Elle a refait ses espaces publics, fait des ponts, créé des itinéraires courts, des « passerelles » d’un lieu à un autre. Aujourd’hui, certes en partie grâce à l’organisation des Jeux Olympiques, elle est devenue l’une des villes les plus marchables du monde. Bilbao (Espagne), elle aussi, grâce à un travail en profondeur obtient des résultats hors du commun : on s’y déplace à 70% en marchant, à 20% en transports publics et à seulement 10% en voiture.

Et Paris ?

Paris possède deux très grandes qualités. Quand on est fatigué, on trouve un café à très grande proximité pour retrouver des forces et repartir. Et quand on veut accélérer, on trouve, là aussi à grande proximité, une bouche de métro dans laquelle s’engouffrer. Ce sont deux relais de ce que j’appelle la marche augmentée.

Paradoxalement, les collectivités ne communiquent pas sur la marche. Pourquoi ?

Il y a du pain sur la planche, c’est vrai. Néanmoins, je dirais qu’il existe un « marché ». Le politique observe les tendances et voit l’intérêt à investir ce champ. On sait par de nombreuses études qui disent toutes la même chose qu’investir sur la marchabilité de l’espace urbain est très vite rentable. Ce sont les piétons et les cyclistes qui achètent le plus en ville. Partout où le piéton est valorisé, cela devient très payant. L’espace est approprié par les marcheurs et la valeur foncière augmente. Mais attention, une telle politique n’a de sens que si elle ne limite pas au centre-ville, si on travaille sur des vitesses basses...

Assumer le discours « ma ville est marchable » en quelque sorte…

Tout à fait. Ce fut le positionnement du maire de Londres (Ken Livingstone, ndlr). En France, et c’est respectable, les collectivités ont beaucoup travaillé sur les écoquartiers, mais elles ont créé des îlots, des archipels marchables certes, mais isolés et au cœur d’un océan motorisé. Avec une telle stratégie on finit vite par se noyer.

La marche urbaine sert-elle le lien social ?

Absolument. Les deux sont très corrélés. On sait par de nombreuses études que la facilité à traverser une rue encourage une meilleure connaissance de ses voisins, la possibilité pour les personnes âgées de sortir de chez elles, la consommation, etc. La sociabilité s’accroît mécaniquement, la solidarité aussi. Dans la rue, vous croisez des individus qui ne vous ressemblent pas et ce sont ces rencontres improbables qui facilitent la créativité. L’exemple de la Silicon Valley ne montre pas autre chose. Vous pouvez parler de Meetic ou de Facebook, il n’y rien de mieux qu’une rue, une ville pour (re)créer des communautés. C’est le propre de l’homme. Et donc, plus nous marchons, plus nous sommes vivants.

Alternatiba, le village global et climatique qui monte, qui monte

Alternatiba, le village global et climatique qui

monte qui monte !

Alternatiba, le village global et climatique qui monte, qui monte
(Philippe Houssin)
 
Bayonne, Bordeaux, Nancy et bientôt Paris… Dans près de 70 villes françaises, des « villages des alternatives » essaiment. Le mouvement militant et festif n'en finit plus de prendre l'ampleur et entend peser au delà de la COP21.

Tandis qu’il chemine dans le quartier de la « Consommation responsable » pour rejoindre la « zone de gratuité », le promeneur est attiré par une voix s’élevant du chapiteau « Naomi Klein ». Devant un auditoire captivé, l’agronome Marc Dufumier parle brevetage du vivant et agroécologie. A quelques pas, des étudiants s’essaient à la construction de meubles à partir de palettes en bois. Plus loin, des enfants s’extasient devant un hôtel à insectes avant d’avaler une tartine – à prix libre – de confiture maison arrosée de jus de fruit bio. En ce deuxième week-end de juin, à Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), familles écolos et altermondialistes de tous poils ont trouvé leur coin de paradis.


Crédit photo : Alternatiba


« Tout le défi, c’était de ne pas rester entre soi, de faire un festival avec, par et pour les habitants », explique Elise Ayrault, l’une des bénévoles à l’initiative de ce « village des alternatives contre le changement climatique » ou Alternatiba du nom du mouvement. Sous un barnum, devant un one man show tournant en dérision la surconsommation, des ados du quartier s’esclaffent, oubliant presque de baisser le regard sur le smartphone niché dans la paume de leur main. Leur implication s’est aussi jouée en amont, « dès la mise en place des stands, la construction des toilettes sèches… Une trentaine de jeunes, suivis par des éducateurs ou issus du foyer de mineurs étrangers isolés, nous ont beaucoup aidés », souligne la jeune femme.

Thérapie collective

Du parc boisé à la salle polyvalente, des stands balisent le chemin : celui du fournisseur d’énergie verte Enercoop, de la banque éthique La Nef, d’Artisans du monde ou des associations Greenpeace, Attac ou L214, dédiée au bien-être animal. Ici, un projet d’habitat partagé recrute. Plus loin, une initiative de production d’énergie citoyenne prend forme. « A travers ces villages, on veut montrer que dans tous les domaines de la vie, pour lutter contre le changement climatique, il y a des solutions », explique Txetx Etcheverry, membre de l’association Bizi ! (« Vivre ! », en basque ) qui a porté le premier projet d’Alternatiba à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), en octobre 2013.

Crédit photo : Alternatiba


Sous ses allure festives, ce premier rendez-vous, alors parrainé par Stéphane Hessel, était en fait une thérapie collective. « Après le sommet de Copenhague, on avait le moral à plat, on voyait le climat sortir de l’agenda. Certains en arrivaient à se dire que le sujet ne mobiliserait jamais », se souvient ce militant, également cofondateur d’une monnaie complémentaire et d’une chambre d’agriculture alternative. « Le problème climatique, ça te sidère, tu te sens impuissant et ça t’empêche d’agir. La seule issue, c’était de prendre cette question sous l’angle des solutions », poursuit-il de son accent chantant. Alors, dans un Bayonne « libéré de la bagnole », dotée d’une rue du « repos » et nourri aux produits locaux, près de 600 bénévoles ont démontré à quelque 12 000 personnes que leur objectif – « Changer le système, pas le climat » – pouvait s’atteindre dans la joie.

La COP21 donne « une responsabilité » ou au moins « une opportunité »

La partition a été rejouée l’année suivante à Bordeaux, à Nantes et à Lille. Cette année, depuis le début de l’été, ces rencontres « ludiques, participatives, pédagogiques » ont lieu tous les week-ends un peu partout en France (voir ici le programme). Le concept essaime même en Belgique, en Suisse et en Espagne. Au total, 185 collectifs et au moins 73 villages éphémères auront éclos d’ici à la COP21, le sommet onusien sur le climat qui se tiendra au Bourget en décembre prochain. « Le fait que ces négociations se passent en France, ça nous donne, à nous citoyens, une responsabilité, estime Ismaël, membre d’Alternatiba Bordeaux, ou au moins une opportunité de nous faire entendre ». Parallèlement aux festivals, des bénévoles se relaient aux pédales de tandems pour un Tour de France des alternatives parti de Bayonne le 5 juin dernier (Leur parcours est à suivre ici).

Crédit photo : Amélie Mougey


« Pendant trois mois et demi, il s’agit de toucher tous les territoires, pas seulement les villes où souvent les dynamiques existent déjà », explique Wandrille Jumeaux, membre d’Alternatiba Paris. Aux côtés de dizaines d’autres militants, il organise le 26 septembre prochain le plus grand village des alternatives, soutenu par 143 organisations et pensé pour accueillir 50 000 personnes.

Brainstorming dans le salon d’inconnus

Comme lui, de Rouen à Tahiti, des bataillons de bénévoles s’affairent, au moins neuf mois durant, pour préparer leur Alternatiba. Avant le rendez-vous bordelais, Ismaël se souvient n’avoir « quasiment pas dormi pendant quatre mois ». « Un bénévole qui avait peu de temps contribuait à sa façon, en nous ouvrant sa maison, raconte-il. Chaque jour, j’y allais directement en sortant du travail et j’y passais une bonne partie de la nuit. » A Paris aussi, étudiants, jeunes travailleurs, parents et retraités investissent, au minimum tous les quinze jours, les salons d’inconnus pour des sessions de brainstorming. Rassemblés en groupes thématiques – « Climat », « Education », « Economie »… –, quartier par quartier, ils mettent sur pied leur festival. Quand une mairie leur prête une salle, comme l’a fait celle du IIe arrondissement de Paris un dimanche de février, ils se réunissent par dizaines pour réfléchir à la cartographie.

Crédit photo : Amélie Mougey


« On ne passe pas des heures à discuter de grands concepts, on est dans l’action », explique l’un d’eux. Créer la première affiche, chercher du matériel, des partenaires, négocier les interdictions de circulation : les débats sont concrets. L’efficacité, maître-mot du mouvement, vise à faciliter le recrutement. « Une personne qui travaille à temps plein n’a pas envie de passer trois heures de son week-end à discuter dans le vide. Elle veut que son engagement ait un effet », explique Txetx Etcheverry, qui se définit lui-même comme un « radicalo-pragmatique ». Pour épargner des débats houleux aux suivants, les Basques ont rédigé un kit méthodologique de 150 pages détaillant comment mettre sur pieds un Alternatiba.

Crédit photo : Alternatiba


Recours au crowdfunding, recherche de subventions… Chaque groupe s’organise et parfois se chicane sur le financement de son événement. A Paris, la région et la mairie apportent leur soutien. D’autres groupes, comme celui de Nord-Essonne, préfèrent l’indépendance, rappelant que « l’engagement est la première ressource du mouvement ».

« De la marge pour penser »

Dans un bistrot de l’Est parisien, assis devant leur pinte de blonde, les nouveaux venus se présentent tour à tour. Informaticien, enseignant, ingénieur : l’Alternatibar, un rendez-vous bimensuel, brasse large. Dans la salle, beaucoup n’ont jamais milité. C’est le cas d’Emma qui à 24 ans termine ses études d’urbanisme et vient donner de son temps. « Il n’y a pas de doctrine, ce n’est pas un syndicat ou un parti politique. Ça laisse de la marge pour penser », explique-t-elle. « On n’est pas Alternatiba, on est soi-même et on participe à un Alternatiba », abonde Sandra, fondatrice du mouvement marseillais. Cette ouverture permet de recruter sur tous les fronts : sur les ZAD, au Forum social mondial, au Ouishare Fest, dans les espaces de travail partagé, les syndicats, les réseaux d’éducation populaire, des militants Alternatiba pointent le bout de leur nez, tentant de convaincre que « le climat est la mère de toute les batailles ». Leur seul point commun ? L’adhésion à la charte et le rejet « des fausses solutions », nucléaire et OGM, notamment.

Crédit photo : Amélie Mougey


Quatre mois avant le festival de Saint-Quentin-en-Yvelines, la salle polyvalente rassemblait déjà les représentants de tous les Alternatiba. Autour de la table, jeunes et vieux militants. Ils sont à Attac, au mouvement Colibris, au CCFD-Terre Solidaire, membres de la Confédération paysanne et parfois d’Europe Ecologie - Les Verts. « On laisse les étiquettes à l’extérieur », assure Julie, de Grenoble. La logique ? « Si on ne cherche pas ce qui nous divise, on peut mettre tout le monde d’accord », explique Txetx Etcheverry. « Le mouvement lui-même est apolitique », souligne Marion Esnault, d’Alternatiba Paris. L’intervention de militants du Front de gauche, du NPA, d’EELV, du collectif Roosevelt lors des évènements ne doit pas entamer l’indépendance du mouvement.

Crédit photo : Amélie Mougey


Ordre du jour minuté, mains qui s’agitent pour dire un refus, une approbation ou bien l’envie de couper court : la cérémonie jouée lors de chaque « coordination européenne » où se retrouve le noyau dur d’Alternatiba a de quoi laisser le néophyte pantois. « On a repris les méthodes d’Act-Up. Dans les années 1980, l’association voyait ses rangs décimés par le sida, il n’y avait pas de temps à perdre. » Cette communication non violente porte ses fruits : dans cette assemblée de 60 participants, les décisions se prennent tambour battant, au consentement. « Décider collectivement, ça peut être long, mais au final, on s’économise toute la perte de temps liée ensuite aux blessures d’ego », explique Marion Esnault, persuadée que « notre système de gouvernance est une alternative en soi ».

Ces réflexions ne cachent pas le premier des combats, celui du climat. Habitat partagé, mobilité douce, agriculture de proximité… « On veut voir les initiatives qu’on promeut se développer jusqu’à atteindre une taille critique et avoir un vrai impact sur les gaz à effet de serre », espère Wandrille Jumeaux. Du haut de ses 51 ans dont trente-sept d’engagement, Txetx Etcheverry voit surtout dans le mouvement le meilleur levier pour « créer une nouvelle génération de militants ». Dans un collectif qui n’a d’association que le nom et ne réclame aucune adhésion, les sympathisants sont impossibles à dénombrer. Le grand rassemblement prévu à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pendant les quinze jours que dure la COP21 sera pour ces centaines d’électrons libres l’occasion de prendre la mesure de leur puissance.