vendredi 11 mars 2016

Demain Le film








le Panier Vert en Pays Rignacois



Posted: 29 Feb 2016 02:11 AM PST



Le panier vert en pays rignacois



Le Panier Vert en Pays Rignacois

 

Formation biodynamie
Posted: 23 Feb 2016 08:54 AM PST
L'association de culture biodynamique du Quercy Rouergue, organise en partenariat avec le MABD deux formations biodynamiques pour le Printemps 2016, elles sont ouvertes autant aux professionnels qu'aux amateurs!!

une formation sur la pratique de la biodynamie avec le calendrier des semis 
le 3 et 4 Avril 2016 (+ Observation du ciel les nuits du 3 et du 4 Avril) 
sur la commune de Prévinquières (12 350)
afin de découvrir et/ou approfondir son étude pour une meilleure compréhension et une meilleure pratique sur le terrain!
Cette formation est animé par Joseph Micol,
Ingénieur CNAM, professeur de sciences, de mathématiques et d'astronomie 
à l'école Waldorf et formateur d'enseignants, spécialisé en phénoménologie

Bulletion d'inscription et programme:
http://www.bio-dynamie.org/wp-content/uploads/2016/02/12-Astronomie-4-et-5-avril-2016_.pdf

- une formation Apiculture en biodynamie: introduction et visite de Printemps
Les mercredi 13 et jeudi 14 avril 2016
Lieu: Grand Vabre (12320)
et chez Yannick HARDIVILLER
Formateur:
Thierry Bordage apiculteur et animateur nature, formateur en biodynamie.
Objectifs:
Acquérir les notions de bases de l'apiculture et de la biodynamie pour l'apiculture.
Bulletin d'inscription et programme:


Les 2 formations sont finançables par VIVEA et les inscriptions sont à retourner auprès d'Hélène Salvador au MABD,Tél. : 03 89 23 37 68 ou h.salvador@bio-dynamie.org
avant le 18 Mars 2016.



« Restaurer les zones humides n’a pas de sens. Il faut les protéger ! »

« Restaurer les zones humides n’a pas de sens. Il faut les protéger ! »

2 février 2016 / Entretien avec Jean-Michel Derex



Le 2 février est la Journée mondiale des zones humides. Ces espaces très riches en biodiversité sont menacés, comme à Notre-Dame-des-Landes. Les « réparer » est une idée absurde d’un point de vue historique, pour Jean-Michel Derex. En revanche, « il faut absolument les protéger et les préserver ».
Jean-Michel Derex est historien et président du Groupe d’histoire des zones humides.
JPEG - 17.7 ko
Jean-Michel Derex.

Reporterre – Quand les zones humides sont-elles apparues ?
Jean-Michel Derex – Le terme de zone humide est né dans les années 1970, au sein du mouvement environnementaliste. Il dérive du terme anglais wetland. Pour les écologistes, c’est un concept de combat : ils utilisent cette expression pour désigner des zones menacées, à protéger et à défendre. Mais pour les historiens, les zones humides n’existent pas ! On parle d’étangs, de marais tourbeux. Le terme recouvre des réalités et des temporalités très différentes. Par exemple, les étangs ont été créés au XIIe siècle par les seigneurs et par l’Église, afin d’alimenter le marché des poissons d’eau douce comme la carpe, introduite à cette époque en Europe. Les étangs ont ensuite été vidés à la Révolution, car ils constituaient un symbole de la noblesse et du clergé. Les marais tourbeux, quant à eux, ont servi à l’exploitation de la tourbe au début du XIXe siècle, pour alimenter les machines à vapeur de la révolution industrielle. Ces deux exemples renvoient à la catégorie des zones humides, mais ils sont incomparables d’un point de vue historique.
JPEG - 91.5 ko
Paysage de Camargue.
On considère souvent les zones humides comme un espace sauvage, relativement préservé de l’activité humaine... Mais ce n’est pas votre point de vue !
Oui, les zones humides, comme la forêt, sont le résultat d’interactions entre l’homme et son environnement. Un paysage, ça bouge ! La Camargue est souvent vue comme un des derniers bastions de terre sauvage. Or au XIXe siècle, c’était un espace anthropisé. Mais comme les viticulteurs et les industries salinières se disputaient son usage, il a été décidé d’en faire une aire protégée, une sorte de zone tampon. Autre exemple, au XIIe siècle, les marais de la Brenne étaient des forêts. Pour faire fonctionner les forges, les habitants ont massivement déboisé, faisant remonter l’eau des nappes phréatiques. Ils en ont profité pour créer des étangs. Les zones humides sont des espaces aménagés par les hommes. C’est pourquoi je ne suis pas favorable à une patrimonialisation de ces espaces.
C’est-à-dire ?
Patrimonialiser, réparer, n’a pas beaucoup de sens d’un point de vue historique. Remettre en état, oui, mais par rapport à quelle époque ? Le passé n’existe pas, il est en constante évolution. En revanche, il faut absolument protéger, préserver ces zones, qui sont exceptionnelles d’un point de vue écologique. Aujourd’hui, nous détruisons massivement les zones humides. Avant l’industrialisation, les moyens techniques ne permettaient pas de telles pratiques. L’homme gérait ces espaces en bon père de famille, dans le respect du milieu.
Mais je suis optimiste, car on assiste aussi à un changement des mentalités. Depuis les années 1970 et l’émergence du mouvement environnementaliste, nous voyons moins l’homme comme maître et possesseur de la nature. Nous sommes partie prenante de l’environnement.
JPEG - 40.1 ko
L’étang de la Sous, à Saint-Michel-en-Brenne, dans le département de l’Indre.

Salade de lentilles et de quinoa aux épinards

Salade de lentilles et de quinoa aux épinards

Salade de lentilles et de quinoa aux épinards
(Crédit photo : Cocotte et Biscotte)
 
Chaque semaine, nous vous proposons une recette végétarienne, réalisée par Cocotte et Biscotte. Aujourd’hui, un petit plat de saison étonnant.

Encore une salade (froide) pleine de vitalité qui fait honneur au début de saison des épinards… Imaginée par nos soins, avec une base lentilles-quinoa, des feuilles d’épinard, de l’échalote, des noix et de la feta. Si vous restez perplexes devant le mélange froid lentilles-quinoa (comme nous au départ) et bien détrompez-vous, en plus d’être plein de bonnes choses, l’assortiment est délicieux !

Pour 4 personnes

Préparation : 20 min

Cuisson : 25 min


- 190 g de quinoa
- 110 g de lentilles vertes
- 1 échalote
- 50 g de pousses d’épinard
- 50 g de feta
- 30 g de cerneaux de noix
- quelques brins de ciboulette

Pour l’assaisonnement :
- 3 cuillères à soupe d’huile d’olive
- 2 cuillères à soupe de vinaigre balsamique
- sel, poivre
Faites bouillir un grand volume d’eau et faites cuire les lentilles. Au bout de douze minutes de cuisson, ajoutez dans cette même casserole le quinoa (son temps de cuisson est plus court). Laissez cuire encore environ douze minutes de plus.

Pendant ce temps, épluchez l’échalote, coupez-la en grosses lamelles et disposez-les sur une plaque allant au four. Arrosez-les d’un filet d’huile d’olive et enfournez pour environ dix minutes à 210°C.

Egouttez et passez le mélange lentilles-quinoa sous l’eau froide.

Concassez grossièrement les noix et faites les griller dans une poêle, à sec.

Emiettez la feta, rincez et essorez les pousses d’épinard.

Dans un bol, mélangez tous les ingrédients de l’assaisonnement. Disposez les légumes dans un plat, parsemez l’échalote, les noix, la feta et la ciboulette ciselée puis versez l’assaisonnement et mélangez bien.

Bon appétit !

Avec les Amap Bois, une autre forêt est possible

Avec les Amap Bois, une autre forêt est possible

23 février 2016 / Gaspard d’Allens et Lucile Leclair (Reporterre)



Coupes rases, usines à bois, disparition des emplois et des savoir-faire… la forêt subit les mêmes dérives industrielles que l’agriculture. Dans la Drôme, un collectif a créé une Amap qui montre qu’une autre forêt est possible.
- Crest (Drôme), reportage
La nuit de janvier est fraîche. À l’intérieur de la maison, le bois crépite et les flammes dansent dans le poêle. Au coin du feu, Camille se réchauffe les mains. « La moitié du département est boisée. Pourtant, 80 % du bois qu’on brûle vient d’autres régions. » La jeune femme se lève, apporte une nouvelle bûche. « C’est aberrant ! On possède la ressource mais nous n’avons aucune autonomie énergétique. » Ce constat l’a poussée à l’action. Avec une vingtaine de familles, Camille a décidé de transposer à la sylviculture le modèle des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) qui produisent des fruits et des légumes. Camille s’approvisionne désormais en bois de chauffage issu de forêts situées à moins de 35 kilomètres de chez elle auprès de l’Amap formée en une association appelée Dryade, comme la nymphe protectrice de la forêt dans la mythologie grecque.
Lors des chantiers, « on prélève à peine 25 % des arbres, souligne Pascale Laussel, coordinatrice et fondatrice de l’association Dryade. La tendance actuelle est plutôt à la coupe rase. Des parcelles entières disparaissent, jusqu’à dix-neuf hectares d’un seul tenant. » Ici, au contraire, on éclaircit la forêt pour la faire durer plus longtemps : « On enlève les arbres malades, on donne de la lumière aux plus beaux. »
Jardiner au lieu d’exploiter. Les membres du collectif cherchent à maintenir la diversité des essences, des âges et des tailles. « On prend de petites quantités, ce que la forêt peut supporter. Chaque année l’Amap change de parcelle, elle y reviendra dix ans plus tard. » Ils laissent du bois mort au sol pour produire de l’humus et privilégier les repousses spontanées.
Pour ses chantiers de coupe, Dryade pratique le débardage à cheval. « L’animal travaille avec précision. À l’inverse des machines, il ne tasse pas les sols et n’abîme pas les arbres voisins, explique la débardeuse, concentrée, précise et ferme avec son animal.

« La forêt ne se résume pas à un tas de bois. » Entretenue par les générations passées, elle est un trait d’union avec la population à venir. « Une parcelle se gère au minimum sur cinquante ans. Les arbres élargissent notre vision de court terme et s’imposent comme un bien commun », affirme Pascale.
En créant l’Amap en 2011, cette ancienne conseillère en stratégie publicitaire s’est mise au vert. Son défi ? Créer des ponts entre des personnes qui s’ignorent. Les propriétaires forestiers, courtisés par les industriels, cèdent souvent à leurs sirènes : un chèque en papier contre une coupe à blanc ; les travailleurs forestiers, soumis au diktat du productivisme, coupent plus pour tenter de gagner plus ; les citoyens restent à la marge, dépossédés de ce qui constitue près d’un tiers du territoire national.
JPEG - 189.3 ko
Pour Pascale Laussel, fondatrice de l’association Dryade, « il faut se rassembler, se réapproprier ensemble la filière bois ».
« Des nymphes comme Dryade, aujourd’hui, on en aurait bien besoin... » sourit Siegfried, élagueur-bûcheron qui a rejoint depuis peu l’association. La forêt s’industrialise, comme l’agriculture. Un même rouleau compresseur écrase les champs, les arbres. Et les hommes. Décimés par la mécanisation, les bûcherons sont de moins en moins nombreux. En France, une scierie disparaît tous les trois jours. On en comptait 10.000 en 1965, aujourd’hui il en reste 1.500. Comme le paysan, le travailleur forestier voit ses savoir-faire diminuer. Les débardeurs à cheval ne sont plus qu’une quarantaine. « On ne forme plus de bûcherons, on forme des conducteurs d’engins forestiers. »

 Mettre les projecteurs sur la forêt et sur ceux qui la font

L’abatteuse – un gros tracteur forestier – fait tomber les arbres comme des dominos. « Derrière sa machine, un technicien peut raser un hectare par jour. » Dans ces parcelles aux allées rectilignes, le résineux est roi : il pousse plus rapidement et plus droit que le feuillu. Au fond de la forêt, une parodie de la nature : « Ces plantations d’une seule essence n’ont rien d’un écosystème, : ni habitat pour animaux ni refuge de biodiversité, les arbres sont calibrés, standardisés pour l’industrie. » On y extrait le bois comme une ressource minière.
La sève monte toujours mais les sols s’appauvrissent : « Les arbres coupés trop jeunes ne restituent pas de minéraux à la terre. Elle s’acidifie », poursuit Siegfried. Après une coupe à blanc, la forêt ne filtre plus l’eau qui, alors, coule, dévale, déborde. Jusqu’à inonder le village en aval, comme celui de Grâne (voisin de Crest), en 2008, quand le ruisseau de la Grenette est sorti brusquement de son lit. Jean, un habitant, s’en souvient. « Ça a été un déclic. Des propriétaires se sont mis à parler de sylviculture douce. Depuis, certains travaillent avec l’Amap bois. »
JPEG - 119.5 ko
Ce coin de forêt vient de subir une coupe rase.
Quand Pascale a lancé Dryade, elle cherchait à mettre les projecteurs sur la forêt mais aussi sur ceux qui la font. « Les bûcherons jouent un rôle essentiel. Pourtant ils ne sont pas reconnus. » Chez les professionnels, l’air est lourd. Romain déverse sa colère. « Si c’est pour bosser comme un bœuf, gagner 500 € par mois à temps plein… Je ne sais pas si je vais continuer le métier. » Entre le rêve et la réalité, qu’il a appris à connaître, le fossé est grand. Un de ses collègues, plus âgé, enchaîne : « On coupe tout le temps. Avant, on écorçait les troncs, on mettait les branches en taille, on les brûlait. Ça permettait de casser le rythme, de souffler. Aujourd’hui, on a la tronçonneuse en main toute la journée, une machine de 10 kilos, qui vibre huit heures par jour. » Hernies discales, vertèbres déplacées, tendinites à répétition… L’espérance de vie dans la profession est de 62 ans et demi. Soit six mois seulement après l’âge légal de leur départ à la retraite.
« Avec l’Amap, on essaye de changer de modèle, dit Pascale, on paie le bois 20 % plus cher. On avance la moitié de l’argent lors du chantier, alors que l’on utilisera les bûches seulement deux ans plus tard, une fois séchées. » Le bûcheron rémunéré décemment peut déclarer ses activités et bénéficier d’une couverture sociale, ce qui est loin d’être une évidence dans ce secteur. « La moitié des activités de bûcheronnage se fait au noir, car les prix du marché ne permettent pas au bûcheron d’amortir ses charges. »
JPEG - 180.5 ko
L’un des bûcherons de Dryade au travail.
Selon Camille, adhérente de la première heure, acheter à un prix élevé est autant un acte de solidarité qu’une démarche de sobriété énergétique. « On a bien isolé notre maison, on peut payer plus cher, puisque l’on chauffe moins. » Camille ne fait pas de séparation entre démarche environnementale, baisse de la consommation et amélioration des conditions de travail. L’approche globale de l’Amap est nécessaire, car, ajoute-t-elle, « se chauffer au bois n’est pas forcément écolo ».

Acheter une forêt 

À cinquante kilomètres de là, à Pierrelatte, une usine à biomasse avale 150.000 tonnes de bois par an pour produire de l’électricité. Avec un tel appétit, la centrale menace les ressources locales et fait pression sur les propriétaires forestiers pour couper à blanc leurs forêts. « Comme pour la méthanisation et les mille vaches, des énergies vertes sont détournées par le gigantisme. » Pour Camille, la solution réside dans « des projets à taille humaine, gérés par des citoyens ».
Depuis sa création, l’Amap bois taille sa route, malgré les embûches : « On peine à recruter des bûcherons locaux, ils se font de plus en plus rares, avance Pascale. La gestion douce ne s’apprend pas à l’école. » Plus généralement, « on manque d’une culture populaire de la forêt. On s’y promène, mais elle nous échappe ». On la voit toujours aussi belle, mais on ne connaît pas ses coulisses.
Dryade mise sur une implication citoyenne plus forte encore : elle songe à acheter une forêt grâce à l’épargne collective – une idée inspirée de Terre de liens. « Nous pourrions installer un bûcheron et un débardeur. Ils gagneraient en sécurité et en autonomie, et fourniraient du bois de qualité localement. » Un terrain d’expérimentation encore vierge. On touche du bois pour la suite.

Gratin de mangues à la grenade et à la noix de coco

Gratin de mangues à la grenade et à la noix de coco

Gratin de mangues à la grenade et à la noix de coco
(Crédit photo : Cocotte et Biscotte)
 
Chaque semaine, nous vous proposons une recette végétarienne, réalisée par Cocotte et Biscotte. Aujourd’hui, une douceur très fruitée.

Il y a quelques temps déjà, je vous proposais un gratin ananas, litchi, coco. Cette petite douceur est devenue un grand classique à la maison et toute la famille le réclame à chaque dîner. J’avais une mangue et une grenade dans ma corbeille de fruits. Je les avaient achetées sans trop savoir quoi en faire. Un dessert sophistiqué ? Oui, pourquoi pas, mais, en même temps, les choses les plus simples sont souvent les meilleures et je dois avouer que je n’avais pas trop le temps… Hop, on reprend cette base de gratin et on y met des cubes de mangue, de la grenade, le tout dans de jolies petites cocottes et voilà un dessert exotique hypersimple à réaliser et qui fait son petit effet lors des réunions de famille. Psss, tout est dans la façon dont vous l’annoncez…

Pour 4 petites cocottes ou un plat moyen

Préparation : 10 min

Cuisson : 30-35 min


- 2 mangues bien mûres
- 1 grenade
- 200 ml de crème liquide allégée (ou crème soja)
- 2 cuillères à soupe de noix de coco en poudre
- 50 g de sucre de canne roux
- 1 jaune d’œuf
Préchauffez votre four à 180°C

Epluchez la mangue et détaillez-la en cubes. Ouvrez la grenade en deux et grattez-la afin de récupérer les petits grains du fruit.

Dans un plat ou de petites cocottes, répartissez de façon égale les cubes de mangue et ajoutez quelques grains de grenade.

Dans un saladier, mélangez la crème liquide, la noix de coco et le sucre. Ajoutez le jaune d’œuf. Mélangez de nouveau.

Versez ce mélange sur les fruits. Enfournez pour environ 30-35 minutes.

Et c’est tout ! Bon appétit !

A Roubaix, le succès du « zéro déchet » à la carte

A Roubaix, le succès du « zéro déchet » à la carte


A Roubaix, le succès du « zéro déchet » à la carte
(Crédit photos : Natacha Delmotte)
 
Depuis plus d'un an, plus d'une centaines de familles volontaires s'essayent à alléger leurs poubelles avec l'aide de la mairie. Un succès environnemental, économique et social qui repose sur un principe : pas de contraintes !
Depuis un an, Roubaix a un point commun avec San Fransisco aux Etats-Unis et Capannori en Italie : le « zéro déchet ». De novembre 2014 à novembre 2015, 101 familles volontaires se sont lancé le défi de réduire de moitié leur production de déchets, avec l’aide de la mairie. Au bout du chemin, le bilan est positif : 40% de poubelles en moins en moyenne.

« La volonté politique est déterminante pour mener à bien ce type de projet », explique Alexandre Garcin, adjoint au maire au développement durable à l’origine de la démarche. Entré au conseil municipal après les élections de 2014, il décide de mettre en place ce qui était alors une promesse de campagne. « L’idée était de s’attaquer à la saleté de la ville de Roubaix », souligne Audrey Leclercq, responsable du service développement durable de la ville.

Mais avec 306 kg de déchets ménagers produits par an et par habitant, « la montagne est haute ». Il faut choisir par quel côté commencer l’ascension. Le défi famille est le projet le plus rapide à mettre en place. L’initiative est originale car la ville n’est pas chargée de la gestion de ses déchets, qui revient à la métropole. « Cela donne une vision différente : on a une approche globale du territoire et non pas une approche technique », poursuit Audrey Leclercq. En connaissant la ville, ils ont pu imaginer une démarche incitative pour les habitants.

A Roubaix, le premier principe du « zéro déchet », c’est l’absence de contraintes. Les familles se sont toutes engagées volontairement. L’aventure commence par la prise de conscience : la première semaine, chaque foyer a pour tâche de peser ses poubelles… sans changer ses habitudes. La mairie leur propose ensuite – via des ateliers, par exemple – des pistes pour réduire leur poids. L’objectif est de trouver des astuces qui permettent de diminuer la quantité de déchets produits, sans trop d’impacts sur le mode de vie.

Une démarche accessible

Si un an après son lancement, l’opération est un succès, au départ, les participants ne se sont pas engagés corps et âme dans le « zéro déchet » à la manière de la référence en la matière : Béa Johnson. Cette Française installée aux Etats-Unis s’y est mise en 2008 et ne produit depuis qu’un litre de déchets par an avec sa famille de quatre personnes ! Mais elle n’inspire pas vraiment les Roubaisiens. « Quand j’avais vu Béa Johnson avec son bocal de déchets pour l’année, j’avais eu peur », avoue Marie-Noëlle Vuillerme, conseillère commerces « zéro déchet », qui a fait partie des 101 premières familles volontaires. Chez Andrée Nieuwjaer, ambassadrice de ces mêmes familles, le constat est le même : « Je ne veux pas critiquer, chacun fait comme il veut, mais il ne faut pas que ça devienne une contrainte pour l’entourage, et notamment pour les enfants. »

A les entendre, réduire ses déchets ne semble pas si difficile. « Si nous, on y est parvenus, tout le monde peut le faire, affirme Françoise Guillevec, qui vit pourtant avec son mari et six adolescents dont ils ont la charge en tant que famille d’accueil. On n’est pas des ayatollahs, mais au final, c’est pas plus difficile de faire bien que de faire mal. » Pour réussir, il suffit d’y aller étape par étape. Chez les Guillevec, on a commencé par faire plus attention au tri et à acquérir certains réflexes (compost, réparation des objets cassés…) Andrée Nieuwjaer, elle, a d’abord réduit ses poubelles en consommant de façon plus raisonnée, avant de se mettre à fabriquer elle-même ses produits ménagers. Mère de jeunes enfants, Marie-Noëlle Vuillerme aime donner une seconde vie aux objets. Son astuce à elle ? Les couches lavables, « parce que les couches jetables pèsent lourd ».

« Parler des déchets, c’est parler de notre manière de vivre », explique Audrey Leclercq, et notamment du gaspillage « absurde », notamment de l’eau. « Lorsque je suis allée en Afrique du Sud, ils voulaient passer d’un point d’eau pour 200 familles à un pour 50. Nous, on a plusieurs points d’eau par famille et on prend la voiture pour l’acheter en bouteille ! » Eviter le gaspillage, c’est aussi bon pour le porte-monnaie. Avant le « zéro déchet », Andrée tenait à peine trois semaines avec son budget de 500 euros mensuels pour quatre. « Aujourd’hui, il me reste 200 euros par mois. On a pu ouvrir un livret A », confie-t-elle.

Une communauté « zéro déchet »

Depuis janvier, 100 nouvelles familles se sont lancé dans l’aventure et les anciennes ont gardé leurs bonnes nouvelles habitudes. Forte de ses 220 foyers, la démarche prend de l’ampleur au point de créer une petite communauté dans la ville. « Avant, à Roubaix, personne ne se parlait », poursuit Andrée, qui partage désormais avec les autres familles participantes. Elles se côtoient à travers les ateliers, elles partagent les bonnes astuces sur Facebook… « Des gens que je croisais auparavant sont devenus des amis », confirme Marie-Noëlle Vuillerme.

Si l’initiative en est encore à ses balbutiements, le « zéro déchet » de Roubaix voit ses efforts récompensés. Le 3 février dernier, des élus et les ambassadeurs des familles se sont rendus à l’Assemblée nationale pour recevoir le deuxième prix du trophée Eco-actions 2015, remis par l’association des Eco Maires. A presque 60 ans, Andrée n’avait jamais pris le TGV et et pas mis les pieds en Ile-de-France depuis trente-sept ans. Lors de la cérémonie, elle s’est sentie fière des efforts accomplis par les familles roubaisiennes. « Nous, on est rien par rapport à tous les gens importants qui sont venus : les patrons, Ségolène Royal… J’aurais jamais pensé que le “zéro déchet” nous conduirait jusqu’à Paris. »

A terme, Roubaix veut convaincre toute la ville. Depuis le mois de janvier, quatre écoles s’y essayent et les bâtiments administratifs réfléchissent à la manière de le mettre en place. Un label « zéro déchet » a été créé pour les commerçants et, pour l’instant, une dizaine d’entre eux ont pris part à la démarche. Avec une communauté de 650 personnes impliquées dans la démarche, « ça va devenir assez incitatif, commente Alexandre Garcin, l’adjoint au maire. On compte sur l’effet tâche d’huile ».

Quelles plantes pour affronter les maux de l'hiver sans se ruiner ?

Il n'existe pas de médecine plus naturelle que celle des plantes. Utilisées depuis des centaines d'années, elles ont fait leurs preuves et s'illustrent dans les précieuses astuces de nos grands-mères.
Quelles plantes pour affronter les maux de l'hiver sans se ruiner ?

La médecine par les plantes pour soigner les maux de l'hiver

Utilisées depuis la nuit des temps, les plantes sont les remèdes naturels par excellence. Un rhume ? Une toux qui irrite ? Le nez qui coule ? Et si, plutôt que de dépenser une fortune dans des médicaments aux effets souvent indésirables, se soigner par les plantes pouvait vous aider à combattre les maux de l'hiver ?

Vous pouvez les trouver sous différentes formes : feuilles, plantes séchées, huiles essentielles ou écorces. Les feuilles sont en général fraîchement cueillies, tandis que les plantes séchées se conservent plus longtemps. A utiliser surtout en prévention, elles permettent d'éviter de subir les petits désagréments de l'hiver.

Les plantes à utiliser pour se soigner cet hiver

La camomille romaine : elle possède tout particulièrement les facultés d'adoucir et de calmer. Utilisée en compresses, adieu petit coup de fatigue, yeux irrités, poches sous les yeux…...

La grande camomille : ses feuilles utilisées en tisane vous permettront de dire « Stop ! » aux migraines. Cette fameuse décoction aura en plus l'avantage de calmer les maux de gorge.

La valériane : utilisée en tisane, elle a pour propriété de traiter les troubles du sommeil et l'anxiété. Intéressant, car il n'y a rien de plus énervant que de tourner dans son lit pendant des heures en regardant les heures défiler sur la radio réveil !

Le thym : utilisé en tisane, il soigne les voies respiratoires et la toux.

La sauge : elle aide à faire chuter la fièvre et atténue la fatigue.

Le saule : consommé en infusion, il traite les maux de tête et la fièvre.

L'eucalyptus : il aide à dégager les voies respiratoires. Que ce soit en tisane ou en huile essentielle, il est tout aussi efficace pour apaiser les maux de gorge et les angines.

L'échinacée : cette plante protège l'organisme et favorise la convalescence.

Cultiver, cueillir, acheter : nos astuces !

Cueillette

Quelques précautions sont à prendre lors de la cueillette des plantes :

• Éviter les aires protégées

• Ne pas les ramasser en bordure de route ou à un endroit où vous savez que des pesticides sont utilisés.

• Éviter les aires polluées (bord de route, sentier de grand passage, etc.)

• Prendre garde également à ne pas confondre avec une plante qui vous semble similaire. Si vous avez un doute, il est plus sage de vous abstenir ou d'amener la plante chez le pharmacien afin qu'il procède à une vérification. Mieux vaut faire appel à un spécialiste et éviter l'intoxication !

Achat

Si pour beaucoup bio est synonyme d'onéreux, certaines astuces permettent de se procurer des produits AB sans se ruiner. Rendez-vous directement chez un producteur ou cultivateur près de chez vous, ainsi que sur les marchés pour vous procurer des produits bio pas trop chers.

Il y a une science du ver de terre, la géodrilologie, eh oui !

Il y a une science du ver de terre, la géodrilologie, eh oui !

5 mars 2016 / Christine Laurent (Reporterre)



Le jardinier travaille la terre à la grelinette puis la recouvre de compost tamisé. C’est alors que, si tout va bien, les vers de terre prennent le relais.
Nous avons sorti les chapkas et les gants et, dans le vent et le froid, nous avons pédalé vers la gare d’Austerlitz, confiantes dans le plein soleil annoncé par la météo. Le RER, qui court sur les voies, est un révélateur d’injustice sociale… Elle s’inscrit comme dans un livre dans les paysages que nous traversons jusqu’au dernier front de l’urbanisation, dans notre jardin de la vallée de la Juine.
Une chaleur printanière nous accueille. Les jonquilles commencent à fleurir… et d’une corolle s’échappe un gros bourdon qui, d’un vol maladroit et bruyant, s’éloigne vers une autre fleur épanouie. Les coccinelles aussi sont de sortie. Pourtant, pas la moindre pousse de fèves et de pois. La terre est encore bien froide. Peut-être avons-nous été un peu vite en besogne. Espérons que nos graines germeront avant de pourrir sous terre !
La journée est idéale pour travailler la terre et je m’attaque à remettre en état les buttes sérieusement mises à mal par les rats taupiers. Avec la grelinette, en piquant les dents dans la terre et en suivant d’un mouvement de balancier avant-arrière, j’avance dix centimètres par dix centimètres, finalement assez rapidement. J’étends ensuite une couche de compost tamisé avec un grillage trouvé dans le jardin et dont les jours mesurent un centimètre carré. Deux brouettes couvrent maintenant la terre d’une pellicule nourricière. À condition que les vers de terre fassent leur boulot !
JPEG - 279.6 ko
La grelinette et les buttes mises à mal par les rats taupiers.
Or, j’ai appris récemment de la bouche d’une spécialiste en géodrilologie, branche de la zoologie dont l’objet est l’étude des vers de terre, que ces derniers n’aimaient pas trop le compost mûr. Ceux que l’on trouve dans le compost en cours de fabrication – les épigés – disparaissent dès que la matière organique est transformée. Les anéciques, eux, se baladent du sous-sol vers la surface, où ils viennent chercher leur nourriture. Ils préfèrent « brouter » des racines d’herbe ou carrément de l’herbe. Pour leur donner envie de remonter à la surface, j’ai recouvert la butte de toutes les plantes spontanées ôtée en grelinant la terre.
JPEG - 85 ko
Le mouvement de va-et-vient du sous-sol vers la surface du ver anécique.
Les anéciques sont de précieux alliés, qui jouent un rôle agronomique majeur. En se déplaçant dans l’ensemble du profil du sol, ils ingèrent et mixent la matière organique (l’herbe) et la matière minérale (terre composée dans notre jardin de sable, de limon et d’un chouia d’argile). Dans leur tube digestif, ces matières sont en contact avec diverses sécrétions et autres micro-organismes et, à la sortie, leurs déjections sont les fameux complexes organominéraux facilement assimilable par les plantes. Ce sont les vers de terre qui fabriquent la nourriture des plantes !
Le soleil est passé derrière la haie de thuyas. Il est temps de se couvrir et de repartir vers la gare, laissant nos vers de terre prendre le relais.

Les cinq méthodes de l’industrie pharmaceutique pour nous bourrer de médicaments inutiles

Les cinq méthodes de l’industrie pharmaceutique pour nous bourrer de médicaments inutiles

10 février 2016 / Sarah Lefèvre (Reporterre)



L’industrie pharmaceutique va bien, très bien même. Grâce aux Français, leurs plus fidèles clients au monde, mais d’abord grâce à un intense et efficace travail de l’ombre auprès des autorités politiques et sanitaires et des médecins. Si la santé des laboratoires est renforcée par ces pratiques, ce n’est pas le cas de celle des patients.
Au concours des consommateurs du comprimé, les Français figurent toujours sur la première marche du podium. En moyenne : quatre comprimés avalés par jour pour l’ensemble de la population et une facture de 34 milliards d’euros en 2014. Soit 2,7 % de plus que l’année précédente, dont 20 milliards pris en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie. Parallèlement, l’industrie pharmaceutique s’affirme comme la plus rentable au monde et elle ne cesse de progresser : 639 milliards d’euros de chiffres d’affaires global pour le secteur en 2013, en croissance de 4,5 % par rapport à 2012. Il y a 10 ans, un rapport de la Chambre des Communes anglaises sur l’industrie pharmaceutique concluait : « Elle est maintenant hors de tout contrôle. Ses tentacules s’infiltrent à tous les niveaux » (texte en bas de cet article). Le constat est-il toujours d’actualité ? Comment s’y prend-elle, dans quelles strates se fond-elle pour maintenir notre dépendance et commercialiser toujours plus de nouvelles molécules ?

Tout commence par le cabinet du médecin traitant : le principe concurrentiel de la médecine libérale et payée à l’acte implique la notion de satisfaction. Claude Malhuret, sénateur UMP, a proposé plusieurs amendements en faveur de l’indépendance du corps médical face au lobby pharmaceutique lors du vote de la loi santé. « Les médecins sont prêts à tout pour garder leurs patients. Alors ils répondent à leurs demandes. Les somnifères, les benzodiazépines [anxiolytiques]… C’est un scandale, ça tue les vieux ! C’est normal, quand on est vieux, de ne dormir que cinq heures par nuit. Tous ceux qui en prennent à long terme – pas plus de six semaines normalement – sont finalement dépendants et subissent un déficit cognitif d’autant plus fort qu’ils sont âgés. » Dans ce système régi par la rentabilité et la réponse aux besoins immédiats du patient, pas le temps de s’intéresser en profondeur aux origines des troubles du sommeil ou d’une dépression, comme l’explique Jean-Sébastien Borde, président du Formindep, collectif de médecins qui œuvre pour une formation indépendante. « Nous sommes parmi les champions du monde de la consommation des anxiolytiques. Or l’accompagnement de ces pathologies prend du temps si l’on veut comprendre ce qu’il se passe, tandis que la prise d’un médicament va soulager automatiquement. C’est la conjonction d’un manque de praticiens et d’un nombre de consultations très élevé pour chacun qui conduit à ces prescriptions très importantes. »

 1. Manipuler le baromètre thérapeutique

Cette surconsommation de médicaments est encouragée par les labos. Première technique : modifier le seuil à partir duquel le médecin doit prescrire. Prenons l’exemple de l’hypertension, à l’origine de troubles cardiovasculaires, qui représente la moitié du marché médicamenteux de la cardiologie, selon Philippe Even, ex-président de l’institut Necker [1] et fervent militant anticorruption. « L’industrie, puis les agences de santé et les médecins ont redéfini l’hypertension à 14, contre 16 auparavant. Alors que la tension moyenne de la population se situe aux alentours de 13. Ça a l’air de rien comme ça, je n’arrive pas à réveiller les gens à ce sujet, mais qu’est-ce que cela signifie ? » Le professeur émet un bref silence avant de hausser le ton. « Cela veut dire quadrupler le marché des antihypertenseurs, parce qu’il y a quatre fois plus de gens qui ont une tension entre 14 et 16 ! »

2. À nouvelles maladies, nouveaux marchés

Autre tendance, la transformation de facteurs de risque en maladies. Exemple phare : le cholestérol, « notre ennemi à tous ». Parmi les traitements « blockbusters », le Crestor, du laboratoire Astrazeneca. Il est la troisième référence pharmaceutique la plus commercialisée au monde. Cette pilule anticholestérol fait partie de la famille des statines, prescrites à outrance et souvent à vie. « Cinq millions de gens sont traités avec des statines en France, explique Claude Malhuret. Contre un million seulement qui en auraient besoin. » Seules les personnes qui ont déjà eu un accident cardiovasculaire devraient en consommer, selon lui. Quid des quatre millions de personnes qui en prennent inutilement ? Les effets secondaires recensés sont lourds : insuffisance rénale, troubles musculaires, cognitifs, hépatiques, impuissance, myopathie, cataractes. Le sénateur enchérit : « Le jour où toutes ces personnes âgées qui consomment des statines et autres somnifères vont mourir d’un accident médicamenteux, personne ne va s’en occuper ou bien même s’en soucier. Elles seront mortes de vieillesse, comme tout le monde ! » 20.000 accidents dus à de mauvaises prescriptions sont recensés chaque année en France. Un chiffre sous-estimé selon Michèle Rivasi, députée européenne EELV, « du fait des carences de notre système de pharmacovigilance ».

3. Chers visiteurs médicaux


Une vigilance qui doit s’opposer à l’omniprésence du marketing. Les médecins sont quotidiennement sollicités par les visiteurs médicaux qui assurent la promotion des nouvelles molécules. « Les lobbies sont omniprésents dans les couloirs des hôpitaux, affirme Jean-Sébastien Borde, du Formindep. Or, le médicament prescrit par le spécialiste aura tendance ensuite à être prescrit par le généraliste à la sortie de l’hôpital. » Et cette promotion fonctionne à merveille, selon une étude de 2013 publiée dans Prescrire, la seule revue médicale indépendante en France. Les médecins qui reçoivent le plus de consultants ont les ordonnances les plus généreuses. Ces mêmes praticiens reçoivent plus de patients, pour des temps de consultation plus courts et lisent davantage de presse gratuite financée par les firmes elles-mêmes. Les visiteurs tentent d’instaurer « une relation amicale » avec les médecins et offrent petits-déjeuners ou déjeuners, proposent d’organiser le pot de départ des internes… 244.572.645 € : voici le montant total des cadeaux des firmes pharmaceutiques aux médecins entre janvier 2012 et juin 2014, recensés par le collectif Regards citoyens.

4. Séduire les leaders d’opinion

Les Key Opinion Leaders, alias KOL, ou leaders d’opinion, clés de voûte de la promotion des médicaments, interviennent en première ligne, avant et après l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments. Ils sont rémunérés pour réaliser les essais cliniques, les valider puis prêcher la bonne parole durant les congrès de spécialistes, dont les déplacements, frais de bouche et hôtels sont pris en charge par les labos, pour eux comme pour leurs confrères présents sur place. En tant que chef du service de gériatrie à l’hôpital Pompidou, à Paris, Olivier Saint-Jean a le profil parfait. « Je suis un KOL négatif », affirme-t-il pourtant. Le professeur refuse de prescrire les seuls traitements « inutiles voire dangereux » qui existent aujourd’hui contre la maladie d’Alzheimer. « C’est complexe pour nous de dire : “Je n’ai rien à vous prescrire.” Mais à partir du moment où je me suis rendu compte que le traitement était dangereux pour les patients, j’ai basculé et j’ai dit à mes étudiants à l’université que cela ne marche pas. » En 2006, l’Inserm lui demande d’étudier de plus près les analyses de ces médicaments. Résultat : il démontre leur inutilité, et révèle qu’ils peuvent s’avérer toxiques pour des patients justement atteints de troubles de la mémoire. « Je me suis fait insulter par mes confrères, raconte-t-il. Certains, en lien avec les labos, disaient qu’il était criminel de dire que ces médicaments étaient inefficaces. » KOL négatif, donc non rentable, brebis égarée d’un star système qu’il décrit par ailleurs pour y avoir participé quand la recherche était encore teintée d’espoir.

« Il y a trente ans, ces personnes âgées restaient dans les hospices et les fonds de salle des hôpitaux psychiatriques. Puis, les labos ont proposé des médicaments en parallèle de professionnels qui se bougeaient pour avoir une vraie reconnaissance de ces malades. J’ai eu des liens d’intérêts avec les labos à ce moment-là. On avait vraiment envie de faire mieux. Cela m’arrivait d’aller faire des formations à des médecins traitants et puis, c’est vrai que je repartais avec un chèque. Parfois réinjecté dans le service, parfois dans ma poche. » À l’heure où le montant des crédits alloués à la recherche ne cesse de baisser, de plus en plus de chefs de service, les « patrons », comme on les appelle, acceptent la manne des études diligentées par les labos.
Mais alors quelle différence y a t-il entre lien et conflit d’intérêts ? Claude Malhuret s’est battu au Sénat en 2015 lors du vote de la loi santé de Marisol Touraine pour imposer des amendements en faveur de plus de transparence entre les firmes et le corps médical. « Un laboratoire vous demande par exemple d’effectuer des recherches pour approfondir la compétence sur une pathologie. Vous réalisez cette étude, vous amenez donc des résultats et êtes rémunéré pour les services que vous avez rendus au laboratoire mais vous n’êtes pas en situation de conflit. Au contraire, il y a conflit d’intérêts lorsque, en échange d’une rémunération, vous apposez votre signature en bas d’une étude que vous n’avez pas pris le temps de suivre, de réaliser vous-même. » Ceux-ci sont une minorité insiste Philippe Even dans son dernier ouvrage Corruptions et crédulité en médecine : il identifie par exemple « les six cardiologues parisiens les plus liés à l’industrie ». Ce sont eux qui agissent ensuite auprès des autorités publiques, puis qui deviennent membres et présidents des agences de santé et livrent leurs recommandations au ministère pour les autorisations de mise sur le marché (AMM).

5. Contrôler les études et les consciences

Une fois l’AMM obtenue, une grosse machine en trois étapes se met en branle. La première est celle de la diffusion orale : « Il faut que des universitaires aillent de congrès en séminaires répandre la vérité sur la dernière merveille du monde qui vient d’arriver », raconte Philippe Even. Aux États-Unis, des médecins que l’on appelle les « Tour Doctors » passent des contrats d’orateurs avec les firmes.
C’est à ce moment-là que la presse s’en empare, c’est la deuxième phase. Les firmes s’arrangent alors pour faire signer les articles par les spécialistes des pays au plus fort potentiel de marché : États-Unis, Europe, Japon, Chine, Brésil. « Le plus souvent, ils lisent l’article écrit par des sous-traitants de l’industrie et le signent », poursuit l’auteur de Corruption et crédulité en médecine. Nos consultants ou leaders d’opinion ont ensuite la charge de répercuter la promotion dans leurs pays respectifs, dans les journaux locaux, sur les plateaux télé. « Et alors de nombreux journaux, même réputés, tombent dans le panneau : “Un expert mondialement reconnu”, lit-on dans Le Monde ou dans Le Figaro, par exemple… Reconnu à l’intérieur du périph, oui ! » rit Philippe Even, avant de poursuivre. « Or, ces journaux, comme les journaux spécialisés ne vivent plus que grâce à la pub et donc à l’industrie. » D’ailleurs, quel secteur se porte encore mieux que l’industrie pharmaceutique ? Justement celui de ces journaux médicaux. « Alors que les firmes pharmaceutiques réalisent en moyenne 20 % de bénéfices par an, les organes de publication en réalisent 30 % ! » affirme le président de l’institut Necker.

Dernière phase : le médicament doit être recommandé par les prescripteurs et les sociétés dites savantes, comme les fédérations de santé, qui sont des centaines en France. La fédération de cardiologie par exemple, celle de l’hypertension, la société d’athérosclérose, etc., financées par les laboratoires : « Elles émettent des recommandations officieuses. Pour les rendre officielles, la Haute Autorité de santé reprend les articles d’experts qui les ont rédigés pour les firmes. À travers ces trois étapes, les congrès, les journaux, les sociétés et agences de santé, on peut dire que les sociétés tiennent directement la plume des prescripteurs. »
Sur les 2.000 médicaments commercialisés (10.000 au total avec les copies), seuls « 200 sont utiles », selon Philippe Even. Michel Thomas, professeur en médecine interne [2] à Bobigny, va plus loin. Il a publié une étude en 2013 recensant 100 médicaments vraiment indispensables. « On considérait qu’il y avait beaucoup trop de consommation de médicaments en France et qu’il fallait se pencher sur l’essentiel. » Après validation auprès d’une centaine de médecins internistes français, la liste se réduit aujourd’hui à 85 références, hors traitements de maladies rares et anticancéreux, pour une prise en charge de « 95 % des pathologies de départ ». Michel Thomas attend avec impatience de voir si, comme prévu dans la loi de santé, une liste des médicaments « préférentiels » inspirés de la sienne verra le jour. « Le Leem, le syndicat des firmes pharmaceutiques en France, a fait une offensive lors de la discussion de cette loi pour tenter de l’interdire, mais cette proposition a retenu l’aval de l’Assemblée et du Sénat », se félicite-t-il. Reste à savoir quand et comment sera promulguée cette loi de santé, car, comme il le dit, « les décrets d’application peuvent tout changer ».

« L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE EST MAINTENANT HORS DE TOUT CONTRÔLE »

Voici un extrait d’un rapport de 2006 de la Chambre des Communes anglaise sur l’industrie pharmaceutique, dont les conclusions ont été reprises par l’ONU en 2008. Selon les médecins contactés, ce rapport est toujours valable.
JPEG - 132.5 ko
La Chambre des Communes anglaise.
« L’industrie pharmaceutique trahit ses responsabilités à l’égard du public et des institutions. Les grandes firmes se sont de plus en plus focalisées sur le marketing, plus que sur la recherche, et elles exercent une influence omniprésente et persistante, non seulement sur la médecine et la recherche, mais sur les patients, les médias, les administrations, les agences de régulation et les politiques. (...) Elle s’est imbriquée dans tout le système, à tous les niveaux. C’est elle qui définit les programmes et la pratique médicale. Elle définit aussi les objectifs de recherche de médicaments sur d’autres priorités que celles de la santé publique, uniquement en fonction des marchés qu’elle peut s’ouvrir. Elle détermine non seulement ce qui est à rechercher, mais comment le rechercher et surtout comment les résultats en seront interprétés et publiés. Elle est maintenant hors de tout contrôle. Ses tentacules s’infiltrent à tous les niveaux. Il faut lui imposer de grands changements. »

[1Centre international de recherches en médecine moléculaire affilié à l’université Paris-Descarte et à l’hôpital Necker, à Paris
[2La médecine interne est une spécialité médicale. Elle s’intéresse au diagnostic et à la prise en charge globale des maladies de l’adulte avec une prédilection pour les maladies systémiques et les maladies auto-immunes en général.

L’énergie solaire n’est pas toujours écologique

L’énergie solaire n’est pas toujours écologique

13 février 2016 / Corinne Morel Darleux



À Réauville, dans le sud de la Drôme, dix hectares de forêt ont été rasés pour implanter une centrale solaire. Depuis, les regrets nourrissent une envie et une énergie farouches de ne plus répéter les mêmes erreurs.
Corinne Morel Darleux est secrétaire nationale à l’écosocialisme du Parti de gauche et conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes.
JPEG - 17.4 ko
Corinne Morel Darleux

7 janvier. Dans ma boîte mél submergée, je découvre un message comme on reçoit une bouteille à la mer. Sylve m’écrit : « Je te suis depuis des années maintenant, et je vois en toi une personne humaine (ce n’est pas peu dire dans ce monde de fous) qui acte dans le bon sens. Bravo pour tout ce que tu essayes de faire, y’a du boulot, y’a pas ! Alors je me dis que de te contacter pour pareil sujet peut nous aider, nous Réauvillois qui nous retrouvons devant le fait accompli d’un parc photovoltaïque qui va dévaster 10 ha de bois et ses animaux… Tout ça pour de l’énergie verte, quel mauvais humour. »
Quelques échanges plus tard, rendez-vous est pris, et le 29 janvier nous nous retrouvons au village de Réauville, 370 habitants, dans le sud de la Drôme. De là, Sylve nous guide jusqu’à sa maison au fond des bois pour nous expliquer tout ça. Nous, c’est Hélène et Didier, que j’ai embarqués avec moi, deux camarades précieux, militants aguerris qui sont du coin et pourront faire relais. Arrivés chez Sylve, nous sommes accueillis sous un soleil radieux par quatre chiens en fête, un drapeau multicolore de la paix, une baignoire sur terrasse en plein air face à la vallée, un coin de paradis… Et puis, il y a Clément aussi. À 24 ans, maraicher en permaculture et vente directe, Clément a été élu conseiller municipal. C’est un enfant d’ici, son arrière-grand-père a été maire de Réauville, il l’a découvert il y a quelques jours et nous le dit avec un sourire. Avec Sylve, ils sont voisins et se sont trouvés. Une belle rencontre amicale. Lui, discret, un peu en retrait, mais le regard déterminé et assuré. Elle, la saltimbanque multicasquettes ayant vécu en camion, installée à Réauville depuis douze ans, greffée de la colonne vertébrale à qui on avait prédit la paraplégie avant 40 ans, bien vivante et fièrement debout à 52 ans.
Sylve, qui me dit qu’ici aussi on a besoin de moi, me gronde gentiment de ne parler que du Diois dans mes chroniques et me demande de parler aussi d’eux, de leurs projets et de leur volonté d’agir. Alors voilà. Après tout, on est à moins de 80 km à vol d’oiseau, 1 h 20 de petites routes de montagne par le col d’Aleyrac…

Dix hectares de forêt volatilisés en dix jours 

Ce qui s’est passé à Réauville est dramatiquement simple. Une enquête d’utilité publique, des feuilles placardées sur le panneau d’affichage de la mairie que personne ne lit, une procédure respectée dans l’indifférence générale et le résultat : dix hectares de forêt volatilisés en dix jours. Un hectare par jour, dimanche compris. L’efficacité redoutable du capitalisme vert. Ces dix hectares, propriété de la commune, ont été accordés à SolaireDirect, société à 1 € de capital, rachetée depuis juillet 2015 par le géant Engie (ex-GDF Suez), pour installer un parc de panneaux solaires. Les travaux ont été diligemment réalisés par Bouygues Énergie. Voilà.
En France, aujourd’hui, on rase des forêts pour installer du solaire. On promeut des fermes-usines à mille vaches pour en réalité alimenter la vraie source de rentabilité : le méthaniseur. Du renouvelable qui n’a plus rien de vert. Je repense aussi en les écoutant à ce projet absurde que j’avais réussi à bloquer à la région, qui consistait à financer une extension bitumée de parking pour mettre, là aussi, des panneaux sur les toitures du bâtiment. On marche sur la tête. Les énergies renouvelables devenues marché lucratif servent à justifier l’exact inverse d’une transition écologique. Misère.
JPEG - 284.7 ko
Chez Sylve, à Réauville.
On pourrait s’arrêter là. Traiter tout le monde d’idiots ou de salauds. Ou alors, on peut prendre appui sur ce qui hérisse localement pour remonter aux racines du mal et essayer de comprendre l’enchaînement. Et de fait, assez rapidement, avec Sylve et Clément, c’est ce qu’il se passe : la discussion sur du local, partie de Réauville, arrive assez vite à des questions d’ordre global. On évoque les communes qui n’ont plus d’argent et se retrouvent asphyxiées par les logiques de réduction des dépenses publiques, l’austérité. Alors oui, quand une grande entreprise comme Engie débarque, les communes se font plumer. Un bail de près de quarante ans, dix hectares privatisés. La location des terres rapportera 40.000 euros par an à la commune. On a vu ça ailleurs, à Roybon pour le Center Parcs où le maire avait outrageusement anticipé son budget. Mais une fois qu’on a dit ça…
Quand même. Sur la communauté de communes, d’autres terrains auraient pu être trouvés. La mairie seule possède 153 hectares et ce coin de la Drôme provençale d’oliviers, de cigales et de rocaille présente de nombreuses surfaces arides, sans arbre et non arable. Alors, pourquoi là ? Alors que la forêt recule partout dans le monde, qu’elle est une ressource inestimable, pourquoi une forêt de chênes qui met des années à se créer, pourquoi avoir rasé cet écosystème où vivaient le lézard des murailles, qui est en voie de régression, et la coronelle lisse, une espèce protégée… Il y a peut-être une bonne raison, mais on ne la connaît pas.
Mais, alors qu’on discute des conséquences environnementales et de perte de biodiversité avec Sylve et Clément, ce qui me frappe surtout, au-delà de ce nouvel exemple des dégâts qui se multiplient au nom de l’argent-roi, c’est de constater que, dans ce cas particulier, je ne retrouve pas le schéma délétère de projet nuisible qui fait naître une mobilisation locale puis voit le jour malgré tout, laissant tout le monde découragé et démobilisé. C’est même l’inverse.
Là où Sylve et Clément s’en veulent, c’est d’avoir laissé passer, sans rien voir. Aujourd’hui, il est en effet trop tard. Hélène, qui a lu les 50 pages du rapport, le confirme : tout a été fait dans les règles, il n’y a pas de faille. La parcelle a été rasée, la procédure respectée. Il y a bien eu à un moment des courriers, quelques grognements, des chasseurs qui voulaient garder ce terrain en l’état, des habitants qui voyaient le nouveau plan local d’urbanisme modifier la constructibilité de leur terrain, un peu de Nimby (Not In My BackYard), mais ce n’est pas allé plus loin. Le commissaire-enquêteur « a pris acte » des problèmes soulevés. Au conseil municipal, les onze élus ont approuvé sans se poser trop de questions et Clément, inexpérimenté et un peu seul sur ce coup, après avoir interpellé sur le bien-fondé du projet, n’a pas osé s’opposer davantage, il s’est abstenu. Mais loin de baisser les bras, ils ont au contraire décidé de faire de cette « erreur » un déclencheur. Leur tout premier tract le crie : « Il est toujours temps de réagir afin que cette erreur ne se répète pas. »

Voir de ses yeux, de l’intérieur, se rendre compte sur place

Alors, aujourd’hui, ils veulent s’organiser. Pour que cette « grosse connerie qu’on a laissé faire » ne se reproduise pas. Monter un comité citoyen pour Réauville, accompagner et soutenir les conseillers municipaux pour que tout ne se décide pas à onze élus, reprendre les choses en main, en citoyens vigilants et informés. Au marché, autour du lavoir, des réseaux se créent, des élus municipaux réalisent ce qui s’est passé sous leur nez, on se rencontre, on discute, on alerte, on essaye de s’organiser. Il y a de la motivation, peu de moyens, mais du cœur et de la volonté. Celle de concrétiser le comité citoyen afin de rassembler les gens. Alors, avec Hélène et Didier, on évoque la lutte contre le supermarché à Saillans, les collectifs anti-Tafta, on parle de réseaux sociaux et de choses toutes simples : créer une adresse de contact mél, faire un communiqué à la presse locale, organiser une réunion publique. Didier explique les commissions extra-municipales, ouvertes aux citoyens, qu’ils peuvent réclamer à la mairie. « Il faut qu’on se renseigne là-dessus aussi. » Les stylos volent sur le papier. Nos carnets de note se noircissent d’idées à creuser pour eux, de pousses de récit pour moi, à grands et petits traits.
Entre la collecte de faits et les pistes d’avenir, autour du repas que nous a préparé Clément, on se raconte aussi un peu. Une rencontre humaine, où on croit déborder du sujet avant de se dire qu’en fait non, que tout est lié. Sylve, qui s’est retirée de Facebook et de la lecture des journaux, choisissant « de ne plus se faire pomper les énergies », saturée d’informations qui alimentent négatif et stress, et ne lit plus que le fruit de ses recherches, Reporterre, Mediapart. Qui a cette phrase sublime : « Les loyers, c’est la zonzon des citoyens. » Clément, qui nous explique qu’il n’a pas besoin du label bio, trop cher et qui ne lui servirait à rien : ses clients sont ses voisins, ici tout le monde sait comment il travaille et ce qu’il produit, « de beaux légumes sans rien du tout de chimique ». Nos échanges dépassent rapidement les limites de Réauville et de son usine photovoltaïque, on évoque le regroupement absurde des communautés de commune de Grignan et de l’Enclave des papes, à cheval sur deux départements et deux régions, un vrai chaos impossible à piloter, où tout le monde est fâché contre tout le monde. On évoque la commune de Salles-sous-Bois, à quelques kilomètres, où le même type de projet a jailli des cartons lors des vœux 2016 du maire.

Assis dehors autour d’une table au soleil en ce mois de janvier, on échange idées et expériences, et ce moment sans calcul ni suspicion, sans distinction schizophrénique entre citoyens, élus et militants, ce pot commun fraternel et désintéressé, nous a fait à tous un immense bien. Se sentir écoutés et un peu moins isolés, se plonger dans de l’action de solidarité concrète, ancrée dans le terrain, sentir renaître l’intérêt général qui part de là, de ces dix hectares qu’on n’a pas su sauver. Et je réalise à ce moment-là que le vrai cœur de ma chronique ne sera pas la forêt, cette fois, mais la naissance d’une prise de conscience et, peut-être, d’une démocratie villageoise.
Ces dix hectares néanmoins j’ai voulu les voir. Comme à Sivens, et même sur un tout autre plan comme en Palestine, en Tunisie, et sur tous les lieux d’exploitation, comme en usine, c’est une chose de lire des articles, de discuter, de croire savoir, c’en est une autre de voir de ses yeux, de l’intérieur, de se rendre compte sur place, de matérialiser ce qu’on pressent. Quand on en revient, aucun discours ne sonne plus comme avant. Témoigner, rendre compte, implique de voir. Alors, nous y sommes allés, rejoints par Jean Luchet, président de l’Apeg, l’Association pour la protection de l’environnement, créée au départ contre une ligne à haute tension et qui, depuis plus de dix ans, enchaîne sur divers projets, de l’enfouissement de déchets en bordure de rivière à un circuit de compétition automobile ou encore un poulailler industriel sur le plateau du Croc, non loin de là, pour… installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments.

« Habitants de la planète avec le cul entre deux chaises » 

Sur le lieu de la coupe, c’est la consternation. Un paysage lunaire, vaste plaine pas encore dessouchée mais couverte d’un tapis de dix hectares de bois broyé. Des épines de bois sortent du terrain, des échardes jonchent le sol. Un tracteur, au loin, celui d’un fermier du coin, chargé de ramasser le bois qui sera vendu par l’ONF (Office national des forêts), reversé pour 90 % à la mairie. Plus rien, sur une zone qui va rapidement se transformer en croûte de roche et ne sera plus jamais replantée. Sylve nous dit comme elle regrette de ne pas avoir fait une photo avant/après. Elle et Clément se sont rendus plusieurs fois sur le chantier. Ils ont engagé la discussion avec ceux qui conduisaient les travaux, humainement, en tant qu’habitants qui veulent comprendre cette dévastation absurde en prenant soin de ne pas tout mélanger et de ne pas confondre les responsabilités. À chaque fois, la discussion a pu avoir lieu une fois précisé qu’ils ne venaient pas mettre le désordre ni agresser quiconque. Comme le dit Sylve, « conducteur de travaux ou simple bûcheron, tous restent des habitants de la planète avec le cul entre deux chaises : ce qu’ils pourraient ressentir avec leur cœur, mais qui leur ferait perdre leur salaire ». Alors, Clément et Sylve leur ont expliqué qu’ils ne voulaient pas des « compensations », qu’ils voulaient leurs arbres. Ont récupéré comme ça, peu à peu, les infos, fait leur enquête de terrain, croisé les faits, et décidé qu’il fallait se tourner vers l’avenir, mobiliser pour la suite, pour les dégâts pas encore commis. Et qu’on ne les y reprenne plus.
JPEG - 191.3 ko
Clément, Sylve et leurs chiens sur les dix hectares déboisés.
Et cette visite, finalement, c’est le petit déclic qui manquait. Le micro-événement qui provoque l’adresse de contact, le communiqué, l’information aux journaux.
Communiqué envoyé à la presse locale
Corinne Morel Darleux, conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes, et Jean Luchet, président de l’Apeg, en compagnie de Clément Chevru, conseiller municipal de Réauville et de Sylve Wood, habitante de la commune, sont venus constater ce vendredi 29 janvier la déforestation de 10 ha de forêt pour permettre l’implantation d’une usine photovoltaïque voulue par la mairie de Réauville au bénéfice de la multinationale Engie. Les travaux sont réalisés par Bouygues énergie.
Suite à ces événements, des habitants de Réauville ont décidé de créer le Comité citoyen pour Réauville. Ce, afin de créer un lien plus concret entre les citoyens et le conseil municipal et qu’il puisse être une source de propositions et d’initiatives pour la commune. Ce comité souhaite également faire bénéficier de son expérience les citoyens d’autres communes qui pourraient être confrontées à un problème identique dans les mois qui viennent.
Contact : comite.reauville@ntymail.com
Page Facebook
Sylve et Clément ne regardent pas la télé, ils ne sont pas sur Twitter et n’ont pas de carte de membre. Mais ils font de la politique.