mardi 21 juillet 2015

Ces jeunes font le tour du monde pour promouvoir l’économie circulaire

Découvrir et échanger autour de l’économie circulaire dans 22 pays pendant 17 mois, c’est le projet osé de Jules et Raphaël, nommé Circul’R.
Prenez deux jeunes actifs, une envie d’entreprendre, saupoudrez de motivation et d’organisation: vous obtenez Circul’R. Cette initiative est celle de Jules et Raphaël, deux entrepreneurs de 27 ans. Leur objectif? Partir à la découverte de 100 initiatives tournées vers l’économie circulaire pendant 17 mois, dans 22 pays.
«Nous sommes partis le 2 mars. Nous avons commencé par Londres, puis la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, brièvement le Danemark, puis nous sommes descendus plus au sud vers l’Espagne, le Portugal et le Maroc», racontent les deux compères, actuellement à Dakar au Sénégal pour une escale d’un mois. Ce projet a été pensé à deux, bien loin de l’Hexagone: «Nous nous sommes rencontrés au Mexique pendant notre expérience chez Airbus. Nous avons tout de suite partagé autour de notre motivation commune: entreprendre autour du développement durable». Puis, ce qui n’était au départ qu’une réflexion s’est vite transformée en un projet concret: «Nous avons tout de suite axé notre projet sur le recyclage des déchets. Au Mexique, une entreprise nous y a initié: celle de la construction de maisons uniquement faites de déchets en plastique, vendues 5000 $». Et le financement? «A notre retour en France, nous avons démarché quelques entreprises pour qu’elles nous aident dans notre projet. Aujourd’hui, nous avons 15 partenaires».
Depuis leur départ de France il y a 4 mois, ces entrepreneurs ont déjà découvert pas moins de 45 projets. «C’est un rythme très sportif. Nous découvrons environ 1 projet tourné vers cette nouvelle forme d’économie tous les 3 jours», témoigne Jules. L’économie circulaire? Jules nous en donne sa définition: «Le modèle linéaire de la révolution industrielle pose deux problèmes: le manque de ressources et l’augmentation du nombre de déchets. Ce modèle circulaire permet donc d’économiser au maximum les ressources naturelles, en recyclant».

Un voyage aux multiples objectifs

Ce voyage va au-delà de la simple découverte de projets liés à l’économie circulaire, comme le raconte Jules: «Notre but ultime est de mettre en relation certaines entreprises pour qu’elles puissent par la suite échanger et avancer ensemble». Si les deux amis essayent toujours d’arriver dans le pays avec 2 ou 3 rendez-vous prévus, ils font surtout confiance à leurs relations sur place, comme témoigne Jules: «Les rencontres font beaucoup. Au fil des discussions, nous arrivons toujours à nous faire conseiller de nouvelles initiatives. La plupart du temps grâce aux personnes sur place!». Cette manière de fonctionner leur permet de faire des rencontres d’exception: «Interface est une entreprise basée en Hollande qui recycle de la moquette. Avec plus d’un milliard de chiffre d’affaire, c’est un vrai modèle d’inspiration en terme d’économie circulaire!».
Partager est le maître mot de ce projet. En plus de mettre en relation les entreprises, Jules et Raphaël veulent sensibiliser la jeune génération, et s’en donnent les moyens: «Sans s’imposer en donneurs de leçons, notre objectif est aussi d’initier les enfants au recyclage. A Dakar par exemple, nous sommes intervenus auprès de jeunes de 9 à 15 ans pour les sensibiliser au fléau qu’est devenu le plastique dans leur pays. Nous sommes aussi intervenus dans d’autres établissements, comme à la London School of Economics».

Le temps d’une escale au Sénégal

Le plus enrichissant pour ces deux jeunes entrepreneurs de 27 ans est de découvrir les pays émergents: «Nous avons découvert l’initiative de femmes qui récupèrent le plastique au Sénégal. Sous couvert d’une contrepartie pour les donateurs, elles créent par la suite des billes de plastiques pour les revendre à l’industrie du plastique». C’est dans ce même pays que les deux compères ont été à la rencontre de Jokko Santé, une pharmacie virtuelle: «Ils sont partis du constat que nous avions tous beaucoup trop de médicaments dans nos placards. L’objectif est donc de les leur ramener, pour cumuler des points et en acheter par la suite à moindre coups grâce aux points cumulés». La dernière rencontre pour ces deux amis se passait à la décharge Mbeubeuss, à l’extérieur de Dakar. Jules raconte cette découverte marquante: «A la base c’était un lac... Aujourd’hui c’est une décharge qui récupère 2000 tonnes de déchets par jour qui sont triés et valorisés à 80 % environ. Le plus étonnant a été de voir ces 3000 collecteurs qui trient directement sur place dans des conditions difficiles».
Au tiers de leur parcours, les deux entrepreneurs se penchent déjà vers l’avenir: «Notre objectif à long terme est de garder l’association pour continuer à mettre en relation ces initiatives prometteuses et essentielles pour notre planète. Ensuite, nous aimerions créer notre entreprise, peut-être en nous inspirant de tout ce que nous avons découvert». Prochaine étape du voyage? «En septembre nous allons faire un rapide retour en France pour participer aux Etats-Généraux de l’économie circulaire, organisés par Anne Hidalgo», nous confie Jules. Mais avant, ce sont les entrepreneurs d’Afrique du sud qui ouvriront leur porte aux deux amis.