dimanche 26 avril 2015

Cancérogène, le Roundup ? Monsanto attaque les chercheurs

il y a quelques jours, le Centre international de recherche sur le cancer a classé le glyphosate comme « probablement cancérogène ». Les industriels s'inquiètent-ils ? Non, ils cherchent à discréditer les scientifiques.

Vous ne connaissez pas le glyphosate ? En fait, si. C’est Monsanto qui a vendu le premier ce produit chimique, en 1974, via son célèbre Roundup. Depuis, le glyphosate est devenu l’herbicide le plus vendu au monde. Il est utilisé dans les champs mais aussi dans les jardins, les forêts, les rues, les cimetières. Du coup, on en trouve dans l’air que l’on respire, dans l’eau que l’on boit et dans la nourriture que l’on mange, a rappelé ce vendredi le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), l’agence internationale de référence pour la recherche sur le cancer, qui a été créée par l’Organisation mondiale de la santé et qui est basée en France, à Lyon. Dans son évaluation – publiée après un travail d’un an mené par dix-sept experts internationaux indépendants qui ont recensé l’ensemble des études scientifiques sur le sujet –, le Circ a classé ce produit comme « probablement cancérogène ».

Un champ de blé français sur trois

L’information est énorme. En France, un champ de blé sur trois est traité au glyphosate. En Europe, pas moins de 400 entreprises en commercialisent, à travers 30 désherbants différents. Ailleurs dans le monde, une bonne partie des maïs et soja OGM ont été conçus pour être « Roundup ready », c’est-à-dire résistants au glyphosate. Ce qui permet d’épandre du glyphosate sur un champ et y tuer toutes les plantes sauf les OGM. Ce qui permet à Monsanto de vendre à un agriculteur à la fois la plante et l’herbicide. Génial.

Mais revenons au Circ. Cet organisme international de référence classe donc l’herbicide au rang de cancérogène probable, dans sa catégorie 2A. Pour comparaison, on trouve dans la même catégorie les formaldéhydes, ces produits chimiques biocides utilisés dans les colles, résines et dans le textile dont la mise sur le marché est interdite en France depuis 2012. Les bitumes routiers, qui ont valu la condamnation en 2012 d’une filiale de Vinci après la mort d’un employé atteint d’un « cancer du bitume », ne sont classés eux que dans la catégorie 2B, c’est-à-dire cancérogènes possibles. C’est dire la prudence du Circ. Rappelons ensuite que jamais un agent classé cancérogène n’a ensuite été rétrogradé par le Circ à un échelon de dangerosité inférieur. Nicolas Gaudin, directeur de la communication au Circ, ajoute : « Nos évaluations correspondent à une méthodologies très précise. Nous appliquons les mêmes méthodes de travail depuis quarante ans, et nos évaluations sont utilisées comme références depuis quarante ans par les gouvernements du monde entier ».

La contre-attaque commence en France

Pourtant, les industriels du secteur mènent depuis plusieurs jours une contre-attaque en règle contre l’évaluation du Circ. Tout commence par un « Livre blanc » pdf, publié le 13 mars par les industriels français du secteur – dont Monsanto ou Syngenta – réunis dans un groupe appelé « plateforme glyphosate ». On y lit notamment que la réduction de l’utilisation du glyphosate entraînerait un désastre économique, puisqu’il entraînerait une baisse de 30% des rendements. Source ? Une étude pdf de deux pages menée par deux chercheurs d’un cabinet, sans relecture par un comité scientifique. Surtout, on lit dans ce livre blanc que « le glyphosate n’est pas cancérigène ». Source ? « Des centaines de publications scientifiques. » Comment expliquer que ce livre blanc paraisse une semaine avant l’avis du Circ ? Réponse d’Arnaud Dechoux, coordinateur de la plateforme : « Notre livre blanc était en route depuis plus d’un an, nous n’avons pas voulu cette coïncidence, je ne peux pas vous en dire plus. »

Coïncidence ?

La coïncidence n’en est peut-être pas une. Car l’évaluation était elle aussi annoncée depuis un an par le Circ, explique Nicolas Gaudin : « Dans notre procédure d’évaluation, un appel officiel aux experts internationaux est lancé un an avant la publication. Dans ce cadre, notre procédure permet à des observateurs d’accéder à une partie des débats, sans y participer. Il y avait en l’occurrence trois observateurs liés à l’industrie, dont un expert de Monsanto. Monsanto a ensuite décidé de ne pas respecter notre embargo, et de communiquer contre notre évaluation avant sa publication. Ces gens ne sont pas très réglos. »

Monsanto et la plateforme glyphosate ont publié vendredi sur leurs sites respectifs des textes dénonçant la procédure du Circ. Monsanto avance ainsi : « Le Circ a volontairement écarté des dizaines d’études scientifiques qui soutiennent que le glyphosate ne présente pas de risques pour la santé humaine. » La plateforme glyphosate met en avant le même argument. Nous avons interrogé Kathryn Guyton, la chercheuse qui a coordonné l’étude du Circ à ce sujet : « Les études auxquelles il est fait référence dans ce communiqué sont des études menées sur les bactéries et dont les résultats indiquent en effet l’absence de danger du glyphosate. Nous expliquons dans le sommaire de notre évaluation que les études menées sur les animaux et les êtres humains, qui indiquent elles que le glyphosate est probablement cancérogènes, sont plus significatives pour évaluer la dangerosité pour l’être humain. Contrairement à ce qui est avancé, nous avons donc bien pris en compte les études sur les cellules, nous les avons simplement considérées comme moins significatives. »

« Ils demandent aux scientifiques de se taire »

Deuxième argument de la plateforme glyphosate : « Le récent rapport de réévaluation (Review Assessment Report), généré dans le cadre du processus actuel de renouvellement de l’approbation du glyphosate par l’UE, a conclu que “aucune évidence de cancérogénicité n’a été obtenue” dans les études prises en compte ». Encore un argument fallacieux, selon Kathryn Guyton : « Ce rapport n’était pas finalisé au moment de la publication de notre évaluation. Nous ne pouvions donc tout simplement pas le prendre en compte. Et si vous regardez la composition de leur groupe de travail, on voit qu’au moins quatre membres sont directement liés à l’industrie et sont donc en situation de conflit d’intérêts. »

Malgré la légèreté de ses arguments, la plateforme glyphosate se permet dans son communiqué de demander au Circ de retirer sa décision. Nicolas Gaudin s’étonne : « C’est inouï et totalement naïf. Ce n’est pas le Circ qui s’exprime, mais un comité des meilleurs experts internationaux indépendants sur la question. Ces experts n’ont pas produit un rapport mais ont recensé les études publiées sur le sujet pour en tirer une évaluation. Et les industriels leur demandent de se taire. On peut admettre que des scientifiques soient en désaccord s’ils apportent des arguments scientifiques, mais là, en clair, ils nous demandent de retirer notre évaluation simplement parce qu’on n’a pas pris en compte les arguments qui leurs convenaient. »

La fabrique du mensonge

La méthode rappelle furieusement les pratiques des industriels décrites par le journaliste Stéphane Foucart dans son excellent ouvrage La Fabrique du mensonge (éd. Denoël, 2013). On y découvre comment des industriels, sous couvert de recherche scientifique, protègent leurs produits dangereux pour la santé et l’environnement. Il y raconte comment les industriels du tabac ont financé des études afin de produire du « doute » après la publication de travaux prouvant la dangerosité du tabac. Ou comment les industriels de la chimie ont réussi à noyer les études montrant la dangerosité des insecticides sur les abeilles en faisant publier… dix fois plus d’études aux résultats bien sûr contraires.

L’histoire se répète sans cesse. Le même Stéphane Foucart racontait dans Le Monde il y a quelques jours comment les industriels de la chimie ont tenté de torpiller un moratoire européen mis en place en 2012 sur certaines utilisations de quatre molécules insecticides. Moratoire qui intervenait à la suite d’un passage en revue de la littérature scientifique, établi par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui attestait de l’impact de ces molécules sur les abeilles et la biodiversité. L’arme des industriels ? Une étude scientifique annonçant un cataclysme agricole et économique si ces produits étaient interdits. Bien sûr, malgré le moratoire, le cataclysme n’a pas eu lieu. Il n’empêche, une résolution proposée par plusieurs sénateurs français enjoignant la France « à agir auprès de l’Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations de ces substances » a été rejetée en février par le Sénat. Le journaliste termine son article par ces mots : « L’histoire fait au moins comprendre une chose : l’état de notre environnement est souvent celui de notre démocratie. »

Cet article a initialement été publié sur Rue89 le 23 mars 2015

Les nouveaux résilients (7/7 ) : l’ingénieur lumineux

Inventer une machine qui transforme la coco en huile, utiliser cette huile pour générer de l'électricité, décortiquer du riz à l'énergie solaire... En Papouasie-Nouvelle Guinée, Gregory Denn fourmille d'idées pour donner de l'énergie aux villageois.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… Du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

Faire fonctionner des machine agricoles aux confins du globe : telle est la mission que s’est donnée Gregory Denn. Avec son entreprise Projet support service, ce Britannique exilé en Papouasie-Nouvelle Guinée tente de favoriser l’autonomie alimentaire des villages isolés. Le tout sans énergies fossiles.

Terra eco : Pourquoi équiper les villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée en machines agricoles ?

Gregory Denn : Dans les îles tropicales, où les populations vont subir de plein fouet les effets du changement climatique, s’alimenter est d’ores et déjà compliqué. En milieu rural, trois plantes – le riz, le maïs et le manioc – constituent la nourriture de base de la population. Toutes sont difficilement consommables en l’état. Pour être ingéré, le riz doit être décortiqué, les céréales sont le plus souvent transformées en farine et le manioc doit être râpé. Les femmes passent donc un temps considérable – au minimum une heure par jour – à transformer les aliments bruts. Parfois, elles parcourent de longues distances pour se rendre aux moulins. Elles dépensent alors un dollar par trajet (0,94 euro) auquel s’ajoute un dollar pour broyer 25 kg de graines. Les populations très pauvres peinent à supporter ces coûts, mais elles n’ont pas d’autres choix. En mettant à disposition des villageois de petites machines, assez rudimentaires, qui leur permettent de réaliser eux-mêmes ces opérations, on leur permet de retrouver une souveraineté alimentaire. Au lieu d’engendrer une dépense supplémentaire, leur récolte gagne de la valeur.

Comment est né ce projet ?

Un peu par hasard. A la base, je suis ingénieur civil : je ne fais pas de machinerie. Mais une ONG est venue me voir pour me demander si j’étais capable de fabriquer un appareil permettant de produire de l’huile de coco. Je me suis laissé prendre au jeu et l’expérience a fonctionné. En plus des savons et des lotions, l’huile de coco nous a permis d’alimenter un système de générateurs électriques. Celui-ci suffit à l’éclairage des maisons d’un petit village et permet en prime de charger la batterie de quelques téléphones. L’invention d’outils est devenu mon hobby. Après la transformation de la noix de coco et la fabrication d’agrocarburants à partir de céréales, nous nous sommes attaqués à la transformation des cultures vivrières indispensables à la survie des populations locales. C’est ainsi que la râpe à manioc et que le décortiqueur-polisseur-égraineur de riz sont nés.

En quoi ces machines constituent-elles des outils de résilience ?

Pour l’heure, le projet ne concerne que la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais demain les machines agricoles solaires pourront être implantées dans tous les lieux reculés qui devront diversifier leurs cultures pour s’adapter aux effets du changement climatique. Le deuxième atout de ces appareils, c’est de n’avoir besoin que du soleil pour fonctionner. Nos premières machines étaient alimentées à l’agrodiesel. Mais cela ne réglait pas vraiment la question de la pollution et posait des problèmes d’autonomie. Impossible de se rabattre sur l’électricité : de nombreux villages ne sont pas raccordés et nos générateurs à l’huile de coco n’étaient pas assez puissants. Nous nous sommes donc tournés vers l’énergie solaire. Nous avons sollicité des fabricants chinois – les plus proches géographiquement – pour équiper notre matériel agricole de panneaux solaires et de LED. Cette option est très adaptée au climat de la région.

Comment des populations pauvres parviennent-elles à s’offrir ces équipements ?

C’est là le coup de force. Première possibilité : on vend notre matériel à des ONG et à des fondations qui équipent elles-mêmes les villages. De leur point de vue, c’est un bon investissement : il ne s’agit plus seulement d’apporter de l’aide alimentaire mais de permettre aux habitants de se nourrir eux-mêmes. Mais un village peut aussi s’équiper sans l’intervention d’une ONG. Dans ce cas, ce que nous proposons aux habitants, ce n’est pas d’acheter la machine, mais son usage. Ainsi, on réduit considérablement les sommes à débourser. Les villageois paient pour chaque utilisation, via des cartes prépayées, un système d’abonnement et même du troc. Cela fonctionne un peu comme l’achat d’électricité : on se voit proposer un service et l’on paie en fonction de ce que l’on consomme. Individuellement, personne dans les villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée ne pourrait s’offrir une telle machine, mais collectivement, l’innovation n’est plus hors de portée.

Les nouveaux résilients (6/7) : le sourcier indien

Humidifier les racines grâce à de simples bouteilles d'eau plantées dans le sol. C'est le système inédit et peu coûteux développé pour contrer les sécheresses par Gopal Komandur et l'ONG Centre for Environment Concerns.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… Du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

Il a découpé une bouteille, l’a enfoncée dans le sol puis reliée à un tuyau distribuant de l’eau avec parcimonie. Le voilà qui tenait sa solution : le SWAR (« System of Watering for Agriculture Rejuvenation », « Système d’irrigation pour le renouveau de l’agriculture »). Gopal Komandur, directeur du Centre for Environment Concerns (CEC), une ONG indienne, cherchait depuis plusieurs années à résoudre le casse-tête des régions non irriguées de son pays. Son idée ? Aller directement humidifier les racines pour limiter au maximum l’évaporation et ainsi réduire par dix le recours au précieux liquide par rapport à un système classique d’irrigation. « C’est une vieille pratique indienne d’humidifier ainsi les rhizomes des plantes. Nous, nous n’avons fait qu’ajouter des solutions techniques à ce savoir ancestral, mécaniser cette solution », souligne le directeur du CEC.


Crédit photo : CEC


Car dans de nombreuses régions indiennes, les précipitations se font de plus en plus rares avec le changement climatique. Aussi les agriculteurs ont-ils souvent recours à des monocultures d’espèces importées, peu bénéfiques pour les populations locales et sans grandes qualités environnementales, assure Gopal Komandur. De l’eucalyptus notamment, accusé d’être gourmand en eau et d’appauvrir les sols. Ailleurs, de grandes étendues de terre sont laissées en jachère, privant ainsi les populations d’une ressource vivrière, voire d’un atout économique. Tant que les campagnes se vident de leurs habitants.

Le SWAR, ce sont en fait deux innovations : un sac en polyéthylène pliable et peu coûteux pour recueillir et stocker jusqu’à 1 000 litres d’eau de pluie et un moule à fabriquer des bouteilles durables capables d’empêcher l’évaporation.

Crédit photo : CEC


Pas besoin d’électricité, ni de cours d’eau pour ce système qui fonctionne de manière autonome : « C’est simple et peu coûteux. On n’a pas recours à des produits chimiques », résume Gopal Komandur. Aussi le système aujourd’hui en cours d’expérimentation s’adresse-t-il surtout à des « agriculteurs propriétaires de leur terrain et qui cherchent une productivité sur le long terme. Ils ne veulent pas tuer leurs sols. Mais ce sont des victimes. Commercialement, ils n’arrivent pas à s’en sortir. Alors ils emploient des solutions qui fonctionnent à court terme : ils travaillent avec des produits chimiques même s’ils savent les dommages causés à leurs terres. Pourtant, aujourd’hui, ils s’intéressent à de nouvelles solutions ».

Fini, la monoculture d’eucalyptus avec ce système : « On peut revenir à une biodiversité formée d’espèces indigènes, de grandes canopées, des buissons, des arbres », souligne l’Indien dans une vidéo de l’AFD. De quoi redonner des ressources aux populations (bois de chauffage, d’outillage…) en leur donnant tout intérêt à veiller sur ces cultures. De quoi aussi améliorer la protection contre le changement climatique.

Le SWAR, schéma tiré de la demande de brevet (pdf) formulée par le CEC

Le tuyau partant du réservoir livre son eau par simple gravité à des moules en terre couverts de demi-bouteilles. L’eau est ensuite acheminée vers les racines des plantes à travers de minuscules tuyaux.

Les nouveaux résilients (5/7) : le marchand de carbone

En République démocratique du Congo, Olivier Mushiete Nkole s'est lancé dans un vaste programme d'agroforesterie. Et pour financer les investissements initiaux nécessaires, il a fait appel au marché carbone.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… Du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

Les crédits carbone qui s’échangent – à prix dérisoire – sur le marché semblent bien intangibles. Pourtant, dans les pays où le CO2 s’économise, ils ont des visages très concrets. C’est le cas sur le plateau des Batéké, à deux heures de route de Kinshasa (République démocratique du Congo). Là, des étendues d’acacias parsemés de manioc s’offrent au regard. C’est cette savane herbeuse de faible fertilité qui, ainsi transformée, s’est vue officiellement érigée au rang de puits de carbone agroforestier, le premier d’Afrique centrale enregistrée à la Convention cadre des Nations Unies, dans le cadre du mécanisme de développement propre. Mieux, si les plantations séquestrent, elles évitent aussi – en limitant le risque de feu et en fertilisant les terres pour les habitants – les tentations de déforestation. Aussi, d’ici à 2020 devront être plantés 8 500 hectares de la même combinaison – acacias + manioc – (voir pdf. Assez pour prétendre cette fois au mécanisme Redd (Réduction des émissions de CO2 provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts), là aussi valorisé au sein des Nations Unies à travers le versement de crédits carbone.

Une double ambition à mettre au compte d’Olivier Mushiete Nkole, un ingénieur agronome formé en Belgique. Pour y parvenir, l’homme a fondé deux structures : d’un côté, une société privée, Novacel, qui plante acacias et manioc, les récolte et transforme les produits qui en sont issus ; de l’autre, une ONG, GI Agro, qui forme les habitants des villages alentour aux vertueux principes de l’agroforesterie, mais aussi améliore leur vie au quotidien via la construction d’une école et d’un dispensaire.


Formation. Crédit photo : Ibi village.


Invité à Paris par l’Agence française de développement dans le cadre du Challenge Climat, Olivier Mushiete Nkole raconte son expérience à Terra eco.

« Mon père est mort en 1999 et a légué à mon frère, ma sœur et moi, un terrain sur le plateau des Batéké qu’il avait lui-même reçu de ses parents. C’est un terrain d’héritage coutumier qui est dans notre famille depuis longtemps. Moi, j’avais fait des études d’agronomie en Belgique. Quand je suis rentré, c’était la fin de l’ère Mobutu. A cette époque, il était difficile de mobiliser des ressources financières. D’autant que le plateau des Batéké, avec son sol sablonneux qui retient peu les éléments fertilisants, avait une faible productivité. L’avantage, en contrepartie, c’est que les étendues sont vastes. En 1997, Kabila est arrivé et on est entrés dans une longue période d’instabilité. La guerre a éclaté en 1998 et ne s’est terminée qu’en 2003. C’était difficile, là encore, de trouver de l’argent.

La stratégie d’agroforesterie, je l’avais déjà dans la tête mais j’ai dû ronger mon frein à cause des problèmes politiques. J’ai commencé l’expérimentation en mars 2005. Dans notre modèle d’agroforesterie, on fait des lignes de manioc et d’acacias. Après dix-huit mois, on retire le manioc et on consomme les tubercules. L’arbre, lui, continue de pousser pendant sept ans avant qu’on ne le coupe pour en faire du charbon de bois. Mais pendant tout ce temps, les feuilles des arbres s’accumulent, un matelas se met en place. Et quand on coupe les arbres, le manioc retrouve un sol protégé de l’impact du soleil et de la pluie et fertilisé par les acacias qui ont capté l’azote de l’air. Le manioc, lui, a protégé les arbres contre le feu, puisqu’il ne brûle pas. Un des grands inconvénients de ce procédé, c’est que le cycle est long et donc difficile à gérer pendant les dix premières années : il y a beaucoup de travail, mais peu de revenus. Une fois cette période passée, on rentre dans un processus viable et vertueux. Les villageois ne vont plus dans la forêt primaire pour chercher du bois et la gestion du territoire s’en trouve modifiée. »


Dans le manioc. Crédit photo : Ibi village.


« Pour financer cette première période, je me suis engagé dans l’aventure carbone dès 2005. En septembre de cette année-là – alors que je commençais à peine à expérimenter l’agroforesterie sur mes terres – la Banque mondiale m’a signé une lettre d’intention me garantissant l’achat d’un million de tonnes de CO2 (soit l’équivalent de 5 millions d’euros au cours d’aujourd’hui, ndlr) via le mécanisme de développement propre qui récompense la séquestration du CO2. A l’époque, le programme Redd n’existait pas. Il est apparu plus tard, en 2006-2007, quand les pays forestiers ont voulu récompenser ceux qui préservaient la forêt existante en comptabilisant les émissions économisées grâce à elle. En 2009, j’ai répondu à l’appel à projets du fonds de la forêt du bassin du Congo pour participer à un projet pilote Redd. Le souci, c’est que le marché carbone est trop bas. Nous avons une promesse d’un million de tonnes de crédits rachetés. Mais combien d’argent touchera-t-on et quand ? Qu’est ce que cela signifiera par rapport à notre investissement ? On devra sans doute se bagarrer. »

A voir, un petit film de Yann Verbeke et Séverine Dieudonné sur l’expérience menée par Olivier Mushiete Nkole

Olivier Mushiete / Ibi Village (RDC) from Yann Verbeke on Vimeo.

« Libres ! », documentaire nucléaire

De Jean-Paul Jaud, sortie le 11 mars.

Il y a eu bien des événements, depuis 2011, pour nous faire oublier Fukushima. Jean-Paul Jaud (Nos enfants nous accuseront), lui, a décidé d’y laisser sa caméra pour filmer les suites de la catastrophe, notamment la vie des enfants réfugiés. Les enfants sont le fil conducteur de ce documentaire, tourné entre une classe musique et nature en bordure de la Gironde en face de la centrale du Blayais, l’île danoise de Samsø, autonome en énergie, et la zone irradiée de Fukushima. Réflexion sur les conditions de la transition énergétique, dont la charge reposera, en grande partie, sur ces gamins, le film donne des pistes et souligne l’importance de l’éducation devant la catastrophe qui plane. —

Au Chili, le village le plus sec du monde

A Quillagua, dans le désert de l’Atacama, les habitants n’ont pas vu la pluie depuis vingt-deux ans et tentent de survivre aux côtés d’un ancien fleuve pompé et pollué par l’industrie minière. Reportage.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, José n’a jamais « senti la pluie sur [son] visage ». Comme un mirage, chaque fois que les nuages de l’Altiplano s’approchent, les gouttes s’évaporent avant de toucher le sol brûlant de sa ville natale. Rêveur, le guide touristique de 36 ans, cheveux au vent, peau tannée et regard de vieux Sioux, essaie d’imaginer « l’eau qui vient du ciel », mais n’y parvient pas. Accoudé à la rambarde du petit office du tourisme de son village, José fixe le vide de la place principale. Il est 13 heures et le soleil écrase tout. Les vieilles carcasses des voitures sont brûlantes, la canette de Coca se réchauffe à la vitesse de l’éclair. La poussière tarit les gorges. Le sable, par bourrasques, creuse les murs et les toits en tôle des maisons. Le feu du ciel assèche ici jusqu’aux corps des morts qui se momifient naturellement (Voir encadré). Nous sommes à Quillagua, sur le sable de l’Atacama, le désert le plus aride de la planète, dans l’extrême nord du Chili. Nous sommes aussi, d’après la Nasa, dans « le village le plus sec du monde ». En vingt-deux ans, il n’y est pas tombé une goutte. Une quasi-absence de précipitations qui lui a valu son inscription au livre Guinness des records. Une palme attribuée il y a quarante-trois ans, qui n’avait pourtant jamais empêché les habitants de prospérer.

Jusque dans les années 1990, l’agriculture y était florissante et de nombreux vacanciers venaient se baigner dans le Loa, le plus grand fleuve du Chili, qui traverse la commune. Si incroyable que cela puisse paraître, l’endroit le plus sec au monde a longtemps été une oasis. Un coin de verdure avec des champs de luzerne et de maïs verdoyants où les touristes venaient se délecter de crevettes et de miel, spécialités locales. Aujourd’hui, il ne reste rien de l’âge d’or de Quillagua. Le tronçon de fleuve, dégageant une odeur d’œuf pourri, n’est plus qu’une langue de verdure qui serpente entre le sable et la roche blanche. Ravitaillée trois fois par semaine en eau potable, la population vit au rythme des arrivées de camions-citernes. « L’eau, c’est de l’or ici, résume Isabela, 21 ans, une jeune maman qui vit avec sa famille dans une petite maison à la sortie du village. Quand les camions arrivent, on sépare bien les bidons d’eau. Il y en a un pour boire, un autre pour se laver, un autre pour la vaisselle et la lessive, encore un pour laver le sol. » Pedro, son mari, travaille comme manutentionnaire dans une mine. Il soulève une bâche en plastique pour montrer une douche, construite avec un seau et une ficelle. A Quillagua, chacun a sa technique pour gérer les précieux mètres cubes distribués. Les foyers les plus riches disposent de petites citernes, mais la majorité des habitants se débrouillent avec marmites, bassines, bidons et même boîtes de conserve nettoyées. « Je suis né ici, donc je suis habitué », affirme Pedro, résigné. Isabela, elle, n’est pas originaire de Quillagua. Alors quand elle rend visite à ses parents, à Calama, une grande ville à trois heures de là, la première chose qu’elle fait, c’est « de prendre une douche ». Et la jeune femme d’ajouter : « On est en 2015, on a Internet, des sodas, mais on n’a pas d’eau ! » Et l’absence de pluie n’y est presque pour rien…

Le regard plongé dans cette fresque murale qui borde l’ancien fleuve et retrace le glorieux passé, affalée sur une vieille table de pique-nique, Mariel Castro, 56 ans, dont autant passés à Quillagua, pleure, mais ne pardonne pas. « Quand je viens ici, je me rappelle ce que je voyais avant, cela me rend triste car je sais que je ne le reverrai jamais. » Cheveux auburn taillés court, peau brunie par le soleil, cette mère de cinq enfants se souvient des baignades de sa jeunesse, des moutons de ses parents, de l’ancienne boulangerie qui n’est plus qu’une bicoque ensevelie sous le sable et les ans. « J’ai la rage, j’ai la rage et tellement de nostalgie… »

Contamination à l’arsenic

Comme tous ici, Mariel connaît les noms de ceux qui ont « sucé » l’eau du fleuve, la sève de Quillagua : « SQM et Codelco ». SQM, l’une des plus grandes sociétés minières et chimiques du pays, a racheté les droits d’extraction d’eau des habitants (le marché de l’eau a été libéralisé en 1981). « Les gens de SQM sont arrivés chez les agriculteurs pour leur donner de l’argent et leur faire signer des documents, se souvient Mariel. Nous avions des enfants à nourrir, presque tout le monde l’a fait. » Aujourd’hui, pour la production de ses fertilisants, SQM a racheté 75% des droits d’extraction d’eau du fleuve. « Ils font pousser des fruits et des fleurs partout dans le monde, soulève la mère de famille. Mais chez nous, ils assèchent tout. » Codelco, la seconde société citée par Mariel, est le numéro 1 du cuivre mondial. Cette entreprise d’Etat administre Chuquicamata, la plus grande mine à ciel ouvert de la planète, à trois heures de là. Elle est considérée par les habitants comme responsable de la ruine de Quillagua. Et pour cause… Il y a dix-huit ans, en mars 1997, en raison de violents orages en amont du fleuve, les réservoirs d’eau artificiels, contaminés à 80% par les déchets miniers – arsenic et métaux lourds –, débordent et s’écoulent dans le Loa.

Florentina, 52 ans, se souvient : « Il devait être 5 heures de l’après-midi quand nous avons senti une odeur très forte qui venait du fleuve. Nous avons accouru, c’était horrible, des coulées de boue noire descendaient, il y avait aussi de la mousse blanche… Les crevettes flottaient, les oiseaux morts s’échouaient sur les rives. Pendant cinq jours, la ville était devenue irrespirable. » Assise sur le pas de sa porte, Florentina, menue, énergique, s’énerve contre « les politiques qui sont venus le lendemain pour dire que c’était de la pollution naturelle et que tout allait rentrer dans l’ordre… Tout ça pour que Codelco ne paie pas d’amende. » Codelco ne paiera pas non plus en février 2000 quand la catastrophe se reproduira… Et puis le mal est fait : les deux « marées noires » provoquent la contamination du fleuve, de l’air, mais aussi des champs alentour – présence d’arsenic dans les terres à un taux dix fois supérieur au seuil critique. « Le résultat a été la mort de tous les moutons, les poissons, les porcs et les abeilles, la destruction du maïs et de la luzerne », témoigne une des études scientifiques réalisées sur l’événement. En quelques mois, 90% des habitants de Quillagua — dont la majorité vit de l’agriculture et du tourisme – quittent la ville. L’entreprise nie, quant à elle, toute implication dans la pollution, par la voix de son responsable de la communication : « Moi aussi, avant de travailler ici, je croyais que Codelco était impliqué, comme tout le monde, mais maintenant que j’y travaille, je sais que c’est faux. »

A la fin de l’année 2003, une centaine d’irréductibles subsistent durement dans le petit village. C’est à ce moment-là qu’un groupe de voisins a une idée lumineuse. Victor Pelape, propriétaire d’un des « routiers » à la sortie de la ville, faisait partie de ceux-là. Assis à une table de son restaurant, celui qui se fait appeler « Don Victor » est fier de sa réussite. « J’ai commencé en vendant des boissons aux touristes à Quillagua et voilà où j’en suis… », se gargarise le patron, cheveux poivre et sel gominés.

Monstres d’acier

Dehors, le ballet des camions étincelants, qui transportent matériaux et produits chimiques pour les mines de la région, ne s’interrompt jamais. Des hommes fourbus sautent de leurs monstres d’acier et s’installent silencieusement devant un ragoût et un écran géant. « Après la deuxième contamination, commence Victor, nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes, alors nous avons eu l’idée de faire reconnaître notre ascendance aymara (un peuple indigène originaire du lac Titicaca, ndlr), afin de protéger notre ville. » L’Etat chilien, signataire de la convention internationale sur les droits des peuples autochtones et tribaux, est tenu de protéger les territoires des peuples indigènes du pays. Les habitants de Quillagua créent donc une association aymara qui devient un outil de négociation. Désormais, Codelco, SQM et les autres doivent les consulter à chaque nouveau projet qui pourrait porter atteinte au territoire des Aymaras. Magdalena Nuñez, 50 ans, femme au foyer et présidente de l’association, était là au moment des négociations. « Puisque nous ne pouvions pas les empêcher de pomper l’eau, que la justice n’était pas décidée à leur faire payer des amendes, nous nous sommes assis autour d’une table et nous avons nous-mêmes négocié une rétribution pour le village. » Et c’est ainsi que, bon gré mal gré, à partir de 2003, les géants miniers vont devenir les principaux artisans de la renaissance de ce village de l’Atacama. Le premier chèque ? 120 millions de pesos (167 000 euros) pour le financement d’une partie des camions-citernes qui alimentent chaque semaine en eau potable les cuves de Quillagua.

Parc à jeux, panneaux solaires et laitues

SQM va également financer le parc à jeux de la place du village, la construction de panneaux solaires, une serre de culture hydroponique de laitues, le centre de santé, l’éclairage public, une nouvelle route et des postes de professeurs d’anglais et d’informatique pour l’école. Mais aussi et surtout, le « rêve » des irréductibles de Quillagua : transformer leur petite ville en une destination touristique internationale. Le temps de « Quillagua, station balnéaire » étant définitivement révolu, les habitants ont décidé de miser sur le patrimoine historique de la vallée du Loa. Quillagua, « eau de lune » en langue aymara, oasis millénaire, est un véritable musée fossilisé à ciel ouvert, situé sur un ancien chemin inca. On peut y découvrir hiéroglyphes, momies et cimetières millénaires, mais aussi de mystérieux cratères. SQM a donc assumé la construction d’un office du tourisme connecté à Internet, formé et embauché deux guides – dont José. Le groupe a en outre installé des panneaux signalétiques dans le village et fait construire un camping avec piscine. Si les touristes ne se bousculent pas encore au portillon, les habitants qui avaient déserté ont commencé à revenir. Le nombre d’élèves de l’école primaire est passé de trois en 2009 à 21 cette année. Un jeune homme d’affaires fortuné, natif du village, a lui aussi décidé d’apporter sa pierre à l’édifice. Enthousiasmé par le projet des habitants, il a décidé de bâtir le premier complexe hôtelier de la ville. En novembre dernier, trois maisonnettes multicolores destinées à accueillir les futurs touristes étaient déjà sorties de terre. C’est ainsi que, pour la première fois de son histoire, Quillagua aura des habitations reliées au réseau d’eau courante. —



Naturellement momies

Depuis 2013, l’association aymara de Quillagua et la fondation du désert de l’Atacama travaillent sur un plan de récupération du patrimoine de la ville. Un groupe de 40 archéologues et anthropologues a mis au jour la présence de nombreuses momies datant de l’époque précolombienne dans les cimetières alentour et de 500 hiéroglyphes, vieux de presque trois mille ans. En effet, les conditions de sécheresse extrême ont permis la conservation naturelle de ces reliques et, fait extrêmement rare, de tissus, en dépit de l’absence d’entretien spécifique. Quillagua est l’un des seuls endroits connus où les corps des défunts se momifient naturellement. Et ces témoignages du passé sont d’autant plus importants que l’oasis du village est chargée d’histoire. Sont passés par là, entre autres, des empereurs incas, les expéditions des conquistadors, les armées péruviennes et boliviennes durant la guerre du Pacifique. Pour accueillir ces trésors rescapés, la municipalité a ouvert un petit musée qui, faute de moyens, n’a aucun employé. Pour y accéder, il faut taper à la porte d’à côté, c’est la voisine qui détient les clefs.

« Jouets de fortune », livre ludique

De Max et Basile Vandervorst, Alternatives, 112 pages, 13,50 euros.


Comment fabriquer une « aéromobile » avec une bouteille en plastique et un ballon gonflable, ou une arbalète avec un cintre ? Voici 40 fiches très pratiques, clairement illustrées en photos, pour bricoler de quoi s’amuser avec ses enfants (jouets, instruments de musique, jeux de société), à partir de matériaux 100% récup. Il y a les incontournables du genre (cerf-volant, échasses en boîtes de conserve) et des idées plus originales (jeu de dacau, un sport populaire en Asie) ou appeau à grenouille. Vivement les vacances ! –
 

Les nouveaux résilients (4/7) : la militante antibrûlis

Au Cameroun, l'agriculture sur brûlis fait des ravages et accélère la déforestation. Dans un village du bassin du Congo, des jeunes gens apprennent aux paysans à planter des vergers écologiques et à diversifier leurs revenus.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… Du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

Pour la Camerounaise Adeline Flore Ngo-Samnick, l’aventure a commencé il y a cinq ans. « J’étais diplômée de sociologie en développement, mais je ne trouvais pas de travail et j’avais besoin d’argent. Alors, je suis retournée dans mon village de Tayap pour cultiver. Avec mes frères, on a travaillé sur notre bananeraie. Mais des voisins, qui pratiquaient la culture sur brûlis, ont mis le feu à 5 hectares de nos terres. C’est là que j’ai décidé qu’il fallait informer la population sur les dangers du brûlis. Mais je ne pouvais pas juste leur dire tout de go d’arrêter, ils ne connaissaient que ça. Il fallait leur montrer comment on pouvait faire autrement », raconte la jeune femme [1], venue présenter son initiative à la presse dans les locaux feutrés de l’AFD, quelques jours avant l’ouverture du Salon de l’agriculture.

60 hectares de terres restaurés

Dans cette région du bassin du Congo parsemée de forêts, la déforestation fait rage : rien que pour le village de Tayap, 1 500 hectares ont été perdus en quinze petites années, notamment à cause de l’agriculture sur brûlis. Cette technique ancestrale, largement pratiquée en zone tropicale humide, consiste à défricher grossièrement la forêt avant de mettre feu aux débris végétaux. Avantage : le paysan peut alors semer ses cultures sans labour. Inconvénient : la terre est fertile peu de temps et doit être ensuite abandonnée à la friche. Or, « la durée de jachère est longue et avec l’accroissement de la démographie, les forêts se réduisent », souligne la jeune femme. En 2010, avec une dizaine d’autres jeunes, elle crée Agripo (Agriculteurs professionnels du Cameroun) pour montrer qu’un autre chemin est possible : « Nous, on leur dit que les jachères disponibles et délaissées peuvent être utilisées différemment pour nourrir la famille et gagner de l’argent. Pas besoin d’aller détruire plus de forêts ».


Crédit photo : Agripo


Pour restaurer les terres abîmées par le feu, Agripo identifie les bons candidats, capables de rendre au sol sa fertilité : des arbres (safou, cola, maobi….) dont les produits non ligneux (fruits, écorces ou feuilles) sont rentables à la vente. Mais ces arbres-là, comment les fournir aux villageois ? Depuis 2014, grâce à l’aide du Fonds mondial pour l’environnement géré par le Pnud (programme des Nations unies pour le développement), une pépinière de 12 500 plants a vu le jour et permet aux agriculteurs d’en disposer gratuitement. Grâce à elle, 60 hectares de terres ont déjà été restaurés dans le village, assure fièrement la directrice générale d’Agripo. En outre, les familles sont encouragées à installer sur une partie de leurs parcelles un verger écologique (cacao, arbres fruitiers, bananiers et cultures vivrières…) : « un patrimoine qui apporte tous les ans de l’argent sans trop d’efforts une fois mise en place », poursuit-elle.

Pépinière de cacao. Crédit photo : Agripo


Réduire la dépendance à la terre

Mais voilà, « pour atteindre la vitesse de croisière d’un verger écologique, il faut du temps : en moyenne cinq ans », souligne Adeline Flore Ngo-Samnick. Alors « il faut trouver aux villageois d’autres alternatives d’activités et de revenus. » Un fonds de microfinance développé par le Pnud leur permet de s’équiper pour s’atteler à d’autres activités. La transformation des ressources produites est une première piste. « Par exemple, une huilerie végétale permet de produire l’huile qui est mieux vendue, au lieu de vendre le produit agricole à l’état brut », poursuit-elle.

Vente de bananes plantains. Crédit photo : Agripo


D’autres projets visent à développer des activités plus loin de la terre : apiculture, artisanat, couture… « Dans les villages, l’exode rural est souvent causé par l’absence d’alternatives à l’agriculture. Or, [le microcrédit] est une occasion d’accroître le nombre de services apportés à une communauté rurale. Par exemple, nous voulons soutenir une boulangerie artisanale au village pour fabriquer du pain localement. Pourquoi faut-il que les populations aillent acheter leur pain en ville ? » S’ils le souhaitent, les villageois peuvent aussi s’engager dans une autre activité, nouvelle dans la région : l’écotourisme.

Car dans sa forêt préservée, parsemée de grottes naturelles et de collines, la communauté de Tayap entend bien attirer des visiteurs. Alors « nous construisons des cases écologiques (deux d’entre elles ont déjà été construites, ndlr) pour amener les gens à découvrir notre village, ses oiseaux endémiques rares (le picatharte chauve, notamment, ndlr)… Elles doivent permettre d’abriter les touristes étrangers avec leurs guides, les Camerounais de Yaoundé qui viennent à la campagne le week-end. Mais aussi les volontaires des ONG. Souvent, quand ils viennent, ceux-là ne savent pas où dormir », souligne Adeline Flore Ngo-Samnick.

Voilà presque cinq ans que le projet a débuté et le bilan est bon, selon sa directrice. Même si les réticences persistent. « C’est difficile de changer les mentalités des gens », avoue la jeune femme. Car les habitants se disent : « Nos parents, nos grands-parents vivaient comme ça. Pourquoi changer ? » Mais voilà, « les populations ne peuvent pas travailler comme autrefois, car les enjeux actuels ne sont pas ceux d’autrefois. Autrefois, l’école était gratuite, elle ne l’est plus. Autrefois, la population était peu importante, elle ne l’est plus. Autrefois, c’était le plein emploi, ce n’est plus le cas. Autrefois, le bois des forêts n’étaient pas vendu à grande échelle, ce n’est plus le cas. Les réponses apportées doivent être à la hauteur des enjeux actuels », conclut-elle.

Les nouveaux résilients (3/7) : le VRP du hanza mal-aimé

Au Niger, on dénigre certaines plantes autochtones. Or, elles sont parfois les plus aptes à résister aux épisodes de sécheresse. Josef Garvi s’est donné pour mission de redorer leur réputation.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

De Gao à Paris, Josef Garvi ne voyage jamais sans ses sachets de hanza : farine de hanza, sablés aux hanza, hanza soufflé. Derrière cette avalanche de produits dérivés, une même plante, originaire des terres arides du Sahel, qui est devenue la marotte de ce Nigérien d’adoption. « Le hanza a de bonnes qualités nutritionnelles et résiste très bien aux épisodes de sécheresse, explique-t-il. C’est un formidable allié face aux effets du réchauffement climatique. » Mais au Niger, le hanza a beau pousser comme du chiendent, ses graines sont très peu consommées. Dans cette région où la malnutrition touche 15% des enfants, l’expatrié travaille à sa réhabilitation.



Josef Garvi parle français avec l’accent nigérien. Grand, blond, ce Suédois a passé les trois quarts de sa vie en Afrique subsaharienne. En créant en 2011 son entreprise sociale, Sahara Sahel Food (SSF), spécialisée dans la transformation du hanza, l’homme de 37 ans marche dans les pas de ses parents, « des idéalistes, qui consacrent leur vie à la lutte contre la désertification et à la malnutrition ». Pour mener ce combat, ils ont misé sur la végétation locale.

« La colonisation a changé les habitudes alimentaires »

L’aventure familiale commence en 1983. Le couple de jeunes parents, alors engagé dans la promotion de l’agriculture biologique en Suède, tombe sur une étude de l’écologue britannique Norman Myers indiquant qu’une part infime des plantes comestibles présentes dans le monde sont consommées. Qu’à cela ne tienne, en 1986, la tribu Garvi part s’installer au Niger et se lance, en collectant des fonds via sa fondation baptisée Eden, dans la culture de plantes vivaces en milieu aride. Le tout sans intrants ni engrais.



Le hanza, lui, n’a pas besoin de l’homme pour proliférer. « Il pousse partout spontanément, mais comme personne ne reconnaît sa valeur, il est massivement défriché », déplore Josef Garvi. Qu’importe ses précieuses propriétés, son nom fait grimacer la population nigérienne. Le goût amer de ses graines n’est pas le seul en cause. « Dans l’esprit des gens, la plante est associée aux périodes de famine, elle est synonyme de malnutrition », déplore Josef Garvi. Parfois désignée comme une baie toxique par les médias et les ONG, l’aliment a été totalement discrédité. « Ces accusations sont fausses : sur le plan nutritionnel, le hanza est un équivalent céréalier », s’emporte son plus fervent partisan.



Les racines de ce désamour sont encore plus profondes. « La colonisation a changé les habitudes alimentaires locales. Les colons ont méprisé les plantes indigènes, alors, au nom de la modernité, les populations s’en sont à leur tour détournées, soupire Josef Garvi. Le drame, c’est qu’il s’agissait évidemment des plantes les mieux adaptées au climat. » Leur abandon ne pouvait qu’accroître les risques de malnutrition.

« Nul n’est prophète en son village »

De son adolescence, Josef Garvi garde en mémoire les images des corps décharnés des gamins des villages voisins : « Au Niger, la famine a été très médiatisée en 2005, mais cette situation, accentuée par la désertification, est chronique depuis au moins vingt ans. » A l’action ponctuelle des ONG, le trentenaire préfère un retour à l’autosuffisance. « La seule faiblesse du hanza, c’est qu’il ne se mange pas tel quel, il faut le laisser tremper quatre ou cinq jours pour qu’il perde son amertume. Or, ce savoir-faire a quasiment disparu », précise-t-il. Pour lui redonner du goût et de la valeur, les porteurs du projet Sahara Sahel Food s’emploient, dans leur petite usine nigérienne, à le changer en couscous ou en farine. Leur stratégie est la suivante : racheter le hanza aux populations locales à bon prix, lui donner ainsi une valeur marchande et freiner les envies de défricher. « Aujourd’hui, près de 500 personnes tirent un revenu de cette activité de cueillette », souligne Josef Garvi. Reste à convaincre les populations locales d’en consommer.



« Nul n’est prophète en son village : un ami nigérien qui a essayé de réhabiliter le hanza s’est fait rire au nez », sourit Josef Garvi. Lui a donc parié sur sa blondeur et son air d’éternel étranger. « Si moi, qui suis différent, je m’intéresse au hanza, les gens commencent à s’interroger », explique-t-il. A cet atout s’ajoute une connaissance profonde de la population et de ses traditions. « Pour convaincre, je rappelle qu’il y a à peine quelques décennies on offrait du hanza en cadeau aux jeunes mariés. Vous pensez qu’on aurait offert une plante synonyme de malnutrition ? »

Pour l’heure, Sahara Sahel Food reçoit plus de hanza qu’il ne vend de produits transformés. « Je suis un chef d’entreprise bénévole qui ne fait pas de profit », précise le porteur du projet, un brin inquiet. Mais face aux menaces que fait peser le changement climatique sur la région, l’homme est convaincu que la population ne pourra se passer de cet ingrédient clé. L’intérêt des pays voisins pour son projet lui donne des raisons d’espérer. « C’est un travail de longue haleine. L’enjeu, c’est de changer les manières de penser. »

Tartelettes à la crème d’amandes, aux clémentines, aux noix et aux amandes

Chaque semaine, nous vous proposons une recette végétarienne, réalisée par Cocotte et Biscotte. Aujourd’hui, un dessert de saison, sain et facile.

Envie de profiter des dernières clémentines, envie de réconfort, envie de se faire un petit dessert de saison, sain et gourmand à partager avec les amis ? Hop, ma recette de base de fond de tarte, quelques clémentines, des noix, quelques amandes, un peu de noix de coco et nous voilà parés pour un bon samedi soir, entre amis avec un dessert gourmand réalisé en dix minutes. Ni vu ni connu pour un dessert qui fera plaisir à tous. Héhé, trop forte miss cocotte !

Pour 6 tartelettes ou une grande tarte

Préparation : 15 mn

Cuisson : 25 mn

Pour la pâte
- 200 g de farine de blé T80 (ou châtaigne pour une version sans gluten)
- 50 g de sucre de canne blond
- 60 ml d’huile d’olive
- eau

Pour la garniture
- 25 g d’amandes en poudre
- 25 g de noix de coco râpée
- 50 g de sucre de canne blond
- 50 g de purée d’amandes complètes
- 50 ml de lait végétal au choix (ici soja nature)
- 5 clémentines bien juteuses
- Une poignée de cerneaux de noix
- Une poignée d’amandes grillées
Préchauffez votre four à 160°C.

Dans un saladier mélangez la farine, le sucre et l’huile d’olive du bout des doigts. Ajoutez un peu d’eau tiède jusqu’à l’obtention d’une boule ni trop collante ni trop sèche. Conservez.

Préparez votre crème d’amandes en mélangeant la poudre d’amande,la noix de coco, le sucre, la purée d’amandes et le lait végétal. Conservez environ cinq à dix minutes au frais.

Sur un plan de travail fariné, abaissez la pâte et placez-la dans les petits moules à tarte. Garnissez vos fonds de tarte de crème d’amande et déposez les quartiers de clémentine, les cerneaux de noix et les amandes de façon à recouvrir les petites tartelettes.

Enfournez environ vingt-cinq minutes. Dégustez tiède ou froid accompagné d’un bon chocolat chaud ou d’un thé. Bon appétit !

Les nouveaux résilients (2/7) : la planteuse d’arbres

Inondations, typhons, incendies : les Philippines sont l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Sans attendre l'« Appel de Manille », Norma Llemit a cherché à protéger son île. Sa solution : la reforestation.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.



Quand Norma Llemit était enfant, les collines des Philippines étaient boisées, et l’île de Mindanao, la deuxième de l’archipel, n’avait jamais connu ni typhon, ni pluies torrentielles. Aujourd’hui, le pays a perdu une grande partie de ses forêts et il est l’un des plus vulnérables aux effets du changement climatique. Comme beaucoup de Philippins, Norma Llemit y voit un lien de cause à effet. Docteur en philosophie et communication du développement, cette salariée de l’ONG philippine Hineleban Foundation n’a pas attendu l’« Appel de Manille », lancé conjointement par les présidents français et philippin vendredi 27 février, pour prendre le problème en main. Sa méthode ? Faire renaître les forêts avec l’aide des populations locales. Une initiative qui lui a valu d’être récompensée lors du Challenge Climat, le 1er mars.

Terra eco : Les Philippines est le deuxième pays au monde le plus exposé aux conséquences du dérèglement climatique. Comment cela se manifeste-t-il ?

Norma Llemit : De plusieurs manières. D’abord, comme les médias du monde entier l’ont montré, nous sommes frappés par de terribles catastrophes. Ces dernières années, nous avons connu trois supertyphons, des villages ont été complètement détruits et des milliers de personnes ont perdu la vie. D’autres effets, moins violents mais malheureusement moins ponctuels, ont également un impact considérable sur la vie des habitants. Il y a d’abord les feux de forêt. Sous l’effet de la chaleur, une plante, l’imperata, très présente dans nos forêts, s’embrase toute seule. A cause de ces incendies, souvent impossibles à maîtriser, les populations locales sont privées des ressources de la chasse. Les pêcheurs ne sont pas mieux lotis. Le manque de précipitations accentue l’envasement des océans et des rivières, qui lui-même détruit le corail et diminue le stock de poissons. A l’inverse, les terres agricoles de Mindanao, d’où proviennent 40% des fruits philippins, sont souvent dévastées par les inondations. Tous les moyens de subsistances de la population se raréfient.



Pourquoi centrer votre action sur la protection de la forêt ?

La destruction de la forêt accentue la gravité du problème. Sa réhabilitation est donc une grande partie de la solution. Depuis un siècle, pour satisfaire les intérêts privés, et à grand renfort de corruption, les forêts ont été pillées. Quand j’étais enfant, je voyais passer à côté de mon village de gros camions chargés de rondins de bois qui partaient à l’exportation. Cette déforestation massive et illégale a encore été accentuée par la pratique de la culture sur brûlis. Longtemps, les populations locales ont coupé, défriché puis brûlé des zones forestières pour cultiver. Puis, quand les sols avaient perdu leur fertilité, ils avançaient. Aujourd’hui, il ne reste que 1,5% de la forêt primaire qui recouvrait 70% du territoire en 1900. Or, la forêt est cruciale pour la fertilité de la région. Elle permet une meilleure infiltration des eaux de pluie, ce qui renforce les réserves hydrauliques et diminue l’impact des inondations, elle capte le CO2 et surtout, elle fait tomber la pluie.

De quelle manière ?

En créant des poches de condensation et donc des variations de températures auxquelles les nuages sont sensibles. C’est ainsi que fonctionne le cycle de l’eau. On a constaté qu’en plantant des arbres à flanc de colline, on augmentait la pluviométrie. Pour toutes ces raisons, la forêt est un formidable outil d’atténuation des conséquences du réchauffement climatique. En fait, c’est pour nous la seule solution.



Comment impliquer les populations dans la préservation de la forêt ?

En leur démontrant que planter des arbres a un effet. Nous avons commencé avec l’implantation d’une ferme expérimentale autour de laquelle nous avons lancé nos opérations de reforestation. Les populations autochtones de Mindanao ont alors constaté qu’il pleuvait plus sur nos terres que sur les leurs. Derrière la ferme, une crique qui était asséchée depuis des années s’est remplie. Les habitants ont alors constaté par eux-mêmes qu’il était dans leur intérêt de protéger la forêt. Mais pour ça, il leur fallait abandonner la culture sur brûlis, et donc trouver des alternatives pour survivre. C’est là que notre ONG intervient. Au dessus de 1 000 mètres, nous incitons les populations locales à développer la culture du café arabica. Nous prenons ensuite en charge la torréfaction, le conditionnement et le marketing, pour donner une valeur ajoutée au produit. L’ensemble des bénéfices est reversé aux populations, ce qui leur permet d’en vivre. En dessous de 1 000 mètres d’altitude, on privilégie plutôt la culture d’abaca (un cousin du bananier qui sert à fabriquer des produits de vannerie, ndlr) et de bambou. Pour chacune de ces cultures, on incite à planter de la calliandra, une plante qui empêche le développement de l’impetra, et qui ainsi limite le risque d’incendie.

Dans le cadre de ce projet, quel est votre plus grand succès ?

Notre grande fierté, c’est d’avoir mis un terme aux querelles qui déchiraient les sept tribus de l’île. Les batailles de territoires qui faisaient rage depuis des décennies empêchaient toute action coordonnée en faveur de la forêt. En 2012, les chefs de ces tribus, qui réunissent tout de même 300 000 personnes, ont promis de faire alliance pour protéger la forêt. Ils ont signé ce pacte avec leur sang. C’était un moment très fort : la démonstration que chacun avait pris conscience de l’urgence du combat. Un arbre ne pousse pas en un jour, si nous voulons que notre action porte ses fruits, il nous faut agir maintenant.

De Chambéry à Nantes, il invente la randonnée botanique

Aux prémices de l'été, l'herboriste Yves Yger se lancera sur les chemins de France. A chaque étape, il suspendra son pas le temps d'un spectacle ludique pour partager sa connaissance des plantes et des jardins.

Le 31 mai, il s’élancera à pied depuis Chambéry, en Savoie. Direction Nantes, en Loire-Atlantique, à 900 km de là. Yves Yger, herboriste, inaugurera ainsi sa première randonnée botanique. Un mois durant, il cheminera de jardin en jardin pour conter l’histoire de ces êtres de chlorophylle et faire découvrir au public leur magie.

Pharmacien en Bretagne vingt ans durant, l’homme a rejoint la Savoie il y a une dizaine d’années pour ouvrir un magasin d’herboristerie à Chambéry puis un café quasi exclusivement végétarien. Son temps libre, il le consacre alors à sa passion : le théâtre de rue. « Petit à petit, je me suis amusé à associer les deux, à appliquer mon savoir d’herboriste au théâtre. J’ai donc imaginé des “causeries botaniques”, sortes de conférences gesticulées à travers lesquelles je transmets mes connaissances de manière ludique », explique-t-il. Avec pour théâtre les jardins de la région, il conte ainsi depuis 2009 « les histoires des plantes et des gens », comme le montre cette vidéo sur les herbes de la Saint-Jean.

Ses spectacles ? Ils sont de son propre aveu « un peu barrés », comme Le petit traité de conversation avec les arbres qui appelle les spectateurs à « s’initier, sans langue de bois, au discours et aux messages » des arbres ou encore C’était un petit jardin, une fresque « assez baroque » sur l’histoire des jardins. Au mélange botanico-théâtral le voilà qui a décidé d’ajouter un nouvel ingrédient : le mouvement qui le transformera demain en « chemineau des herbes », du nom de son site Internet. « Cela faisait deux ans que l’idée me trottait dans la tête. Je voulais associer mes passions pour la botanique, le spectacle et la randonnée. » L’homme dit avoir été inspiré notamment par le généticien Axel Kahn, instigateur d’une longue marche à travers la France achevée en 2013.

Son blog a lui ne visera pas à partager de longues observations sociologiques, mais contera plutôt l’histoire de rencontres feuillues, matinée de références historiques ou littéraires. « Je vais partir du jardin de Rousseau – le parc des Charmettes – pour arriver au jardin de Jules Verne – le jardin des Plantes – à Nantes [1]. C’est une jolie boucle », s’amuse-t-il. Et entre les deux ? Il s’arrêtera dans « toutes sortes de jardins, de la roseraie très classique de Saint-Galmier dans la Loire au parc de château, en passant par un jardin de particulier dans la Creuse. » 900 km en tout, soit une trentaine de kilomètres avalés chaque jour. « Je n’ai pas d’objectif sportif. Je ne cherche pas la performance physique, mais plutôt artistique. Je ne suis pas un anachorète de la marche à pied, ni un gourou ou un druide », mais un passeur de connaissances. Chaque jour, Yves Yger cueillera une plante caractéristique de la région traversée qu’il mettra sous presse avant de livrer, au jardin des plantes de Nantes, le fruit de sa récolte : un « herbier du bord des routes ».


- A suivre sur Le blog du Chemineau des herbes et sur sa page Facebook.

« C’est peut-être le début de la fin de l’or noir »

La Première et la Seconde Guerre mondiale, le choc de 1973, Saddam Hussein, le 11 Septembre et des rats dans un paquet de corn-flakes : il y a tout ça dans la saga du pétrole contée par le journaliste Matthieu Auzanneau.
Journaliste indépendant – et collaborateur occasionnel de Terra eco –, auteur du blog « Oil Man », Matthieu Auzanneau a rejoint l’équipe du Shift Project en tant que prospectiviste. Il enquête depuis plus de dix ans sur le pétrole. Dans Or noir (La Découverte, 19 mars 2015), il retrace l’histoire du brut, des premiers puits américains à aujourd’hui, et de ses liens toujours plus étroits avec la géopolitique.

Terra eco : Le fil rouge d’ « Or noir », c’est l’émergence des Etats-Unis comme superpuissance bâtie sur le pétrole. Comment se produit-elle ?

Matthieu Auzanneau : N’en déplaise aux tintinophiles, les Etats-Unis sont, grâce à la richesse de leur sous-sol, le vrai pays de l’or noir ! Les liens ont toujours été très étroits entre la Maison-Blanche et l’industrie pétrolière, du président Hoover (Herbert Hoover, en poste de 1929 à 1933, ndlr), géologue de métier, aux Bush (George H. W. Bush, président de 1989 à 1993, et George W. Bush, président de 2001 à 2009, ndlr), tous deux fondateurs d’entreprises dans ce secteur. Les plus grosses compagnies américaines ont longtemps été Exxon, Mobil et Chevron, suivies de General Motors et Ford. Mais deux facteurs ont contribué à l’explosion de la puissance américaine : structurées avec l’argent de la Standard Oil de Rockefeller, deux banques, Chase Manhattan et ce qui va devenir la Citibank, font de Wall Street une place financière majeure. Et sur le plan politique, l’intervention américaine pendant la Grande Guerre, en 1917, qui a débloqué la guerre de tranchées, en alimentant en carburant une nouvelle arme : les chars d’assaut français et anglais. Clemenceau dira que « pour les nations et pour les peuples, une goutte de pétrole vaut une goutte de sang ». D’ailleurs, la Seconde Guerre mondiale sera perdue par le bloc qui n’a pas de pétrole. L’économie américaine, devenue structurellement importatrice de brut dès les années 1920, ces Roaring Twenties rugissantes comme le moteur des Ford T, le département d’Etat sera obsédé par son approvisionnement, élaborant un colonialisme du pétrole.

Quel rôle joue aujourd’hui le pétrole dans les conflits au Moyen-Orient ?

Pour comprendre, il faut remonter à la fin de la Grande Guerre : les deux butins en jeu sont le charbon de la Ruhr, en Allemagne, et le pétrole – encore inexploité – de la Mésopotamie, perdue par l’Empire ottoman. La Grande-Bretagne laisse le premier à la France, contre le champ libre au Proche-Orient. L’Irak est une nation créée par les Britanniques pour exploiter le pétrole. Ensuite, Washington a favorisé l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, puis l’a soutenu dans son agression contre l’Iran (en 1980, ndlr), avant de mener contre lui deux guerres. Tout aussi contradictoire a priori est l’alliance entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, et que celle-ci ait perduré après le 11 Septembre, alors que 15 des 19 pirates de l’air étaient Saoudiens… Pour conserver leur base militaire et leurs intérêts, les Américains ont toujours complaisamment soutenu le régime des Saoud (la maison royale saoudienne au pouvoir en Arabie Saoudite, ndlr), même si ceux-ci ont joué avec le fanatisme wahhabite comme d’un chien de combat dangereux.L’Etat islamique et la politique d’Obama ne sont que les suites de cette politique américaine inconséquente visant à ne laisser aucun Etat devenir hégémonique dans le Golfe persique.

Le livre explique le rôle du pétrole dans les crises économiques, de 1929 à 2008. Est-ce un facteur décisif de déstabilisation ?

Le pétrole n’est pas l’alpha et l’omega de l’Histoire, mais celle-ci n’a pas qu’une dimension humaine, car on vit dans un monde physique. On nous a notamment toujours expliqué que le choc pétrolier de 1973 est un point de basculement, qui a plongé l’Occident dans le chômage de masse et la dette. Mais nous gardons de cet événement une représentation caricaturale, un caprice de princes arabes avides de richesse. Au-delà du facteur déclencheur qu’est la guerre du Kippour menée contre Israël par les pays arabes, il y a un soubassement physique : trois ans plus tôt, le pic de production de pétrole conventionnel a été atteint aux Etats-Unis, où l’on s’inquiète de ce déclin. Plusieurs responsables de la politique pétrolière des Etats-unis voient d’un bon œil l’hypothèse d’une augmentation des prix du baril, pour pouvoir financer de nouveaux projets d’extraction en dehors des zones d’influence de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Ce sera effectivement le cas en mer du Nord et en Alaska. Après le choc pétrolier, Henry Kissinger, patron de la diplomatie américaine, proposera même de fixer un prix plancher du baril !

Vous expliquez la baisse actuelle des cours du pétrole – 49 dollars le baril, soit 44 euros – par, notamment, le boom des pétroles non conventionnels (gaz et pétrole de schiste, sables bitumineux…). Incarnent-ils l’avenir du pétrole ?

C’est une course sur tapis roulant : les majors doivent sans cesse investir pour compenser le déclin des ressources de pétrole conventionnel, mais n’y parviennent pas. Pour satisfaire la consommation actuelle, il faudrait trouver et mettre en production tous les dix ans l’équivalent des extractions de quatre Arabie Saoudite, soit la moitié de la production mondiale ! Le boom du pétrole de schiste est indéniable et spectaculaire, mais l’industrie ne tient pas là (encore ?) sa planche de salut, loin s’en faut : il représente 3 millions de barils par jour aux Etats-Unis, sur une production totale de pétrole de 90 millions de barils. La Pologne n’a pas été l’eldorado espéré. Et Total a remisé sur l’étagère un projet d’exploitation de sables bitumineux, car il n’était pas rentable à 110 dollars (98 euros) le baril. Comme le dit un expert, « nous sommes dans la position de rats qui ont fini de manger les corn-flakes et s’attaquent au carton de la boîte ». C’est peut-être le début de la fin de l’or noir. Si on n’arrive pas à sortir du pétrole et à trouver un accord climatique global, ce n’est pas faute de prise de conscience, mais parce qu’on ne sait pas faire de croissance sans énergie fossile abondante.

Or noir, de Matthieu Auzanneau (La Découverte, 19 mars 2015), 720 pages, 26 euros

Les nouveaux résilients (1/7) : le gardien des sols

Comment cultiver sur des terres que le changement climatique rend de plus en plus arides ? Au Togo, Bakary Samake tente de lutter contre ce fléau en brisant l'addiction aux engrais.

Ici, le changement climatique n’est encore qu’une épée de Damoclès. Là-bas, il sévit déjà. Sécheresse, dégradation des sols, insécurité alimentaire… du Togo au Congo, en passant par les Philippines et la Papouasie-Nouvelle Guinée, des populations sont, dans leur quotidien, aux prises avec les conséquences du dérèglement. Pour s’en prémunir ou s’y adapter, des porteurs de projets rivalisent d’inventivité. Ils imaginent de nouvelles sources d’énergie, redécouvrent des plantes, réapprennent à cultiver en milieu aride. Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Agence française du développement (AFD) a lancé le concours Challenge Climat pour récompenser ces initiatives. Terra eco est allé à la rencontre de ces nouveaux résilients.

Bakary Samake est malien. Il y a un peu plus d’un an, ce docteur en phytopathologie et protection des cultures a rejoint le nord du Togo où il tente de rendre à la région des savanes sa fertilité, avec Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF).

Terra eco : Pourquoi les familles togolaises ne peuvent-elles pas continuer à cultiver comme elles l’ont fait jusqu’à présent ?

Dans le nord du Togo, la densité de population est forte. Les villages sont très proches les uns des autres et on compte près de 200 habitants par kilomètre carré (contre 117 en moyenne pour la France, ndlr). Comme ces familles ne disposent que de très petites surfaces dédiées à l’agriculture vivrière – 0,5 hectare en moyenne, jamais plus de 2 hectares –, elles cultivent toujours les mêmes sols et utilisent beaucoup de produits – pesticides ou engrais – en faisant elles-mêmes leurs dosages, sans tenir compte de l’environnement. Fatalement, au fil du temps, les sols se dégradent. Comme ceux-ci sont carencés en matières organiques et en phosphore, les paysans ont beau augmenter les doses de produits, les rendements baissent. Le dérèglement climatique accentue ces difficultés. Traditionnellement, les pluies commencent début juin. Mais l’an passé, le nord du Togo a seulement connu un petit épisode pluvieux le 6 juillet, puis, plus rien jusqu’au 15 août. Ces périodes de sécheresse donnent de mauvaises récoltes. A l’inverse, lorsqu’il pleut enfin, les averses sont violentes, elles provoquent des érosions qui peuvent encore entraîner la perte d’une partie de la production. Au final, la terre ne suffit plus à nourrir les familles. Beaucoup vont alors travailler dans les pays voisins, au Burkina Faso ou au Bénin pour gagner un maigre complément de revenu. Là-bas, ils sont saisonniers, vivent de petits commerces ou deviennent chauffeurs routiers, ils perdent leur autonomie.

Comment enrayer cette baisse des rendements ?

De plusieurs manières. D’abord, on travaille à la diffusion des pratiques agroécologiques, on prône le retour à certaines techniques traditionnelles, faciles et peu coûteuses, qui permettent de réhabiliter les terrains dégradés. Je pense, par exemple, à l’utilisation du fumier comme engrais, ou à l’usage de l’ail et du piment pour se débarrasser des ravageurs. De la même manière, on va lutter contre l’érosion des sols : on enherbe des cultures en pente, on construit des cordons pierreux… Pour faire face à la sécheresse, on réapprend la technique du zaï, qui consiste à creuser des trous en demi-lunes pour concentrer les eaux de ruissellement. Enfin, on replante des arbres. Ceux-ci favorisent l’infiltration des eaux de pluie et, en plus, ils fournissent du bois pour la cuisine. Sans eux, les femmes brûlent les tiges des récoltes qui seraient plus utiles si elles revenaient dans le compost.

Quelle est votre stratégie pour convaincre les habitants d’adopter ces pratiques ?

Le simple fait de dire que les produits chimiques sont mauvais et qu’il existe des alternatives viables ne suffit pas. Il faut le démontrer. C’est pourquoi nous avons créé des « champs école ». D’octobre à mars, les paysans togolais viennent, par groupes de trente, tester de nouvelles pratiques. Ce sont eux qui choisissent ce qu’ils veulent expérimenter. Nous les orientons vers l’agroécologie, mais s’ils veulent tester beaucoup de produits chimiques, on ne les en empêche pas. Seulement, dans ce cas, on met également en place une technique comparative où l’engrais est remplacé par le fumier. A la fin, les participants feront eux-mêmes le bilan et se rendront compte que notre méthode coûte moins cher avec, sur le long terme, une meilleure efficacité. Ces stages sont accompagnés par des enseignements théoriques. On y enseigne, par exemple, les techniques de reproduction des semences pour que les paysans ne soient pas obligés d’en racheter chaque année.

Mais notre démarche ne peut pas s’arrêter là. Si les agriculteurs rentrent chez eux et qu’il n’ont pas d’outils pour mettre en application les techniques qu’ils ont apprises, nos efforts sont vain. Les participants repartent donc avec des kits de maraîchage, de pépiniériste ou d’aménagement hydroagricole. A l’intérieur, ils ont des pelles, des brouettes, des arrosoirs, des sécateurs. On met aussi à disposition 163 charrettes à âne que se partagent plusieurs familles : ça paraît basique, mais c’est indispensable pour transporter le fumier.

Quelle est l’ampleur du projet ?

Aujourd’hui, le projet touche 1 500 familles, soit 9 000 personnes. Mais nous voulons faire des émules. Dans un premier temps, nous essayons, sur une zone géographique limitée, de coordonner les différents projets. Pour y parvenir, on utilise la cartographie participative. Avec l’aide des habitants, nous répertorions des savoirs techniques et économiques en matière d’agroécologie ou d’agroforesterie. A partir de là, dans les six cantons togolais concernés, nous mettons en place une méthode de diffusion des bonnes pratiques. Une fois que celle-ci sera au point, nous rédigerons une fiche technique que nous aimerions traduire en plusieurs langues locales. Cette feuille de route permettrait d’abord d’étendre l’opération à l’ensemble des 23 cantons du Togo, puis aux pays voisins qui rencontrent les mêmes problématiques, ou les rencontreront demain.
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