mercredi 10 juin 2015

9 idées reçues sur les AMAP

9 idées reçues sur les AMAP

1- C’est un truc de bobo

Déjà entendons-nous sur la définition de bobo. D’après Wikipedia : "Le terme bobo, contraction de bourgeois-bohème, est une expression désignant des personnes relativement aisées dont les valeurs se situent à gauche. À partir de cette définition générale, différents attributs peuvent être ajoutés à l’archétype du bobo : urbain, écologiste, idéaliste, hypocrite, etc. [...]. En France, le terme est plutôt utilisé de manière péjorative pour désigner des personnes aisées se proclamant de gauche mais dont les actes sont contradictoires avec les valeurs qu’ils défendent".
Il n’y a pas si longtemps (le 22/11/2014), Le Point ne titrait-il pas : "Ruches ou Amap : guerre des légumes chez les bobos ?". Mon expérience à moi, c’est que dans les AMAP où je suis, oui il y a des gens qui votent à gauche, oui il y a des urbains, oui il y a des écolos, oui il y a des idéalistes, sans doute y a t’il des hypocrites parce que personne n’est parfait. En termes de profession, il y a des ingénieurs, même des chefs d’entreprise, des profs, des personnes qui exercent le métier d’assistance sociale, des instit., des sage-femme...mais de la à dire que tout le monde a un niveau de vie aisée ce serait incorrect. Alors moi je veux bien qu’on me mette dans cette catégorie si ça peut faire plaisir, mais de là à mettre tout le monde dans ce sociostyle somme-toute péjoratif, il y a un gap. Voici quelques éléments trouvés dans divers ouvrages :
Dans l’ouvrage « Les AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ? » de Claire Lamine [A1], voici les statistiques que l’on peut lire datant de 2006 (p.35) : "la seule caractéristique dont on soit sûr, c’est que le niveau de diplôme et de qualification des amapiens est supérieur à la moyenne nationale, même à âge égal (le niveau de diplôme et de qualification s’accroissant au fil des générations, de manière générale) [...] Nous pouvons affirmer que les amapiens sont en moyenne, comme d’ailleurs les consommateurs bio, des personnes au niveau d’éducation relativement élevé, mais appartenant aux couches de revenus moyens [...] Des citadins qui ont en général gardé un lien fort à la campagne, soit par leurs origines familiales, soit par leurs pratiques de loisir".
Des statistiques plus récentes sont disponibles (datant de 2012), notamment pour l’AMAP Pastel à Tournefeuille [A3] et les AMAPs en Isère [A4]. Elles sont globalement en accord avec celles avancées par Claire Lamine.
Annie Weidknnet, du réseau AMAP Midi-Pyrénnées, apporte dans son ouvrage « AMAP, histoire et expériences » [A2], un éclairage sur le profil des amapiens de la région toulousaine (p.89) : "Globalement des revenus un peu supérieurs aux moyennes nationales, mais l’importance des écarts dans une même AMAP amène à mettre en avant surtout le niveau d‘étude, un peu plus élevé aussi, qui peut expliquer un meilleur accès à l’information. Grande diversité, leur composition reflète les différences entre régions ou entre quartiers d’une même ville. Sur l’agglomération toulousaine par exemple, il y a dans les AMAP beaucoup d’employés d’Airbus dans les villes de l’agglomération où ils sont nombreux à habiter ; dans le centre-ville, beaucoup d’étudiants, des intermittents du spectacle."
Qu’il y ait des bobos dans les AMAP, que moi-même je possède des traits rappelant ce "sociostyle", que parfois nos paysans nous regardent en se moquant gentiment de notre naïveté et de notre enthousiasme, c’est vrai. Mais ce qui est aussi vrai c’est que nous sommes un vrai collectif de consommateurs qui œuvrons avec les producteurs à proposer un mode de production et de consommation alternatif qui permet, quand ça fonctionne bien, une vraie agriculture durable...alors ce débat devient vite dérisoire.

2- Ce sont des repaires de militants

Bien sûr qu’il y a des militants, des militants écolo, des militants altermondialistes...en plus ou moins grand nombre selon les AMAP, ayant plus ou moins de poids au sein du groupe. Voici le regard que porte un producteur dans mon AMAP : "ces militants sont de deux sortes : les militants qui sont « contre » et ceux qui sont « pour ». Ceux qui sont « contre » ont souvent une énergie remarquable mais sont dans un effort « contre » et non pas dans la création d’une alternative, du coup ils s’épuisent. Ce que je pense de manière générale, c’est qu’on peut faire de très bonnes choses pour de mauvaises raisons. Et dans ce cas, l’action risque de ne pas être durable, on s’épuise, ou on fait culpabiliser les autres de ne pas être "à fond"". Je trouve cette analyse assez sensée. Par exemple, ma collègue Anna serait tentée par l’AMAP vers chez elle mais est regardée avec de gros yeux noirs par certains adhérents parce qu’elle n’utilise pas de couches lavables pour son petit ou qu’elle ne psychote pas sur les antennes relais ou les micro-onde. Ces personnes étant pour la plupart du sexe féminin, ma collègue les appelle les "bio-connasses"...Du coup elles sont un vrai rebutoir pour elle, et je la comprends. Le but est quand même de se sentir un minimum à l’aise au sein du groupe.
Donc oui il y a des militants, et encore heureux, car pour monter un groupe, le dynamiser, le faire tenir dans la durée, il faut quand même "y croire" un minimum ! Etre militant n’est pas une tare. Et au sein des AMAP que je fréquente, les éventuels militants (parce que ce n’est pas écrit sur leur front !) sont assez intelligents pour ne pas s’enfermer dans des discours idéologiques et sont capables de cultiver un vrai climat de cordialité. De plus, une bonne partie des adhérents ne sont pas militants et constituent juste une masse de consommateurs dont l’implication est a minima ce qui est déjà beaucoup.

3- Le panier est plein de légumes bizarres que je ne sais pas cuisiner

Le maraîcher a à coeur de proposer des paniers équilibrés composés de produits "classiques" (en hiver, carottes, pommes de terre et salades font le gros du panier par exemple) et des produits que nous avons moins l’occasion de manger (tel le céleri rave pour rester dans le panier d’hiver). Au début oui ça fait peur, on se dit qu’on ne saura pas faire, mais ce n’est pas bien sorcier. Moi je me suis achetée un livre de cuisine spécial légume qui me dit comment les conserver et les cuisiner, sans partir dans des recettes compliquées. Et puis parfois dans les AMAP une personne propose chaque semaine des recettes en lien avec les produits du panier, pour ceux qui seraient en panne d’idée. Ce qui est appréciable, c’est justement de voir que l’on progresse, qu’on adopte des réflexes, qu’on se "rode". En ce deuxième hiver avec mon panier de légumes, voici mon plan hebdomadaire : faire une soupe de légumes verts (là c’est épinard), un accompagnement d’une viande (là c’est purée de céleri), une entrée (là c’est betterave avec des dés de fromage) et laver mes deux salades vertes. Pas bien compliqué !

Ce qui est bien avec les AMAP, c’est que l’on devient moins ignorant, il y a un processus progressif de "re-qualification" des consommateurs, comme l’explique Claire Lamine [A1] page 58.

4- Les fruits et légumes BIO sont tout petits

Une des choses que nous apprennent les AMAP c’est de changer notre regard sur les fruits et légumes. Notre regard est conditionné par ce que nous voyons dans la grande distribution, il faut apprendre à voir avec de nouveaux yeux. Pour ce qui est de la taille, oui ils peuvent être plus petits, mais parce qu’ils auront été moins dopés aux produits chimiques, donc ça en vaut la peine. De plus, ce n’est pas la taille qui compte :-) : cette année nous avons eu une récolte de poires assez catastrophique (le poirier est un arbre qui alterne* beaucoup), peu de poire sur les arbres, et bien chaque poire était d’autant plus goûteuse ! Enfin pour terminer sur cette histoire de taille, à titre d’exemple, dans mon panier j’avais une pomme de 9 cm de diamètre !
(*) je vous invite à vous pencher sur cette histoire d’alternance et d’éclaircissement, fondamental pour les arboriculteurs.

5- De toute façon, les légumes, les enfants n’aiment pas !

C’est pas faux, disons qu’ils mangent plus naturellement du jambon et des coquillettes que des brocolis. Mais c’est notre rôle de parent de leur faire aimer les légumes, il en va de leur santé. Et ça vient, petit à petit. Les faire participer à la récupération du panier, dire bonjour au producteur, les faire essorer la salade, équeuter les haricots verts, mixer la soupe, leur faire boire la soupe à la paille....sont pleins de petits trucs pas compliqués pour les faire adhérer en douceur. On ne peut pas laisser aux restaurations collectives toute la responsabilité de faire manger "équilibré" nos enfants. C’est quand même de notre ressort en tant que parents. Et c’est par l’exemple que l’on donne envie à nos enfants. Moi j’ai mis 35 ans, il a fallu que je devienne mère pour me mettre à cuisiner (tout court, légumes ou pas légumes !). Et aujourd’hui j’ai parfois de petits "flashs" au cours desquels je revois des petits moments étant gamine avec ma grand-mère, quand elle m’expliquait l’importance d’enlever le germe des oignons ou avec mon autre grand-mère quand elle hachait menu le persil pour sa recette du beurek.

Alors oui vous essuierez des échecs avec vos enfants mais vous aurez progressivement de petites victoires. La clé, je crois, est de leur montrer l’exemple et de les associer à vos activités, par petites touches.

6- Cuisiner des légumes, j’ai pas le temps !

C’est sûr que ça prend du temps. Je dirai deux à trois heures par semaine pour un panier de légumes. Alors moi c’est vrai que quand mes enfants étaient en bas âge je n’étais pas en AMAP pour les légumes. J’achetais mes légumes en BIOCOOP ou chez Naturalia et les fruits en AMAP (parce que les fruits ne nécessitent pas de préparation). Parce que chaque minute non occupée à langer, soigner, occuper bébé l’était à...me reposer, j’étais débordée. En revanche, dès que j’ai pu reprendre une vie "normale", j’ai adhéré à une AMAP légumes. Tout est une question d’organisation que chaque foyer doit essayer de trouver. Où je suis nous récupérons les paniers le vendredi à 18h, donc samedi matin pendant que papa fait les courses maman cuisine pour la semaine. C’est mon moment à moi, je mets la musique, je suis contente.

On ne peut pas souhaiter se réapproprier son destin alimentaire sans passer un peu plus de temps aux fourneaux, c’est un fait. La clé, c’est le plaisir que petit à petit l’on trouve à cuisiner et à faire plaisir à nos proches.

7- Toutes les semaines, c’est trop contraignant !

Quand on n’est pas chargé de distribution (c’est une à deux fois par an, ce n’est pas grand-chose), récupérer son panier peut ne prendre que 15 minutes, le temps de dire bonjour, de charger son panier, de signer la feuille d’émargement, de dire au revoir. Alors oui ces sont 15 minutes à caser le soir entre la sortie du boulot, la récupération des petits, la préparation du repas...etc, mais ce n’est pas insurmontable, surtout si sur le lieu de distribution plusieurs paniers peuvent être récupérés en même temps (légumes, fruits, pain, fromage, volaille...). Mais c’est sûr, c’est une question d’organisation que chaque foyer est obligé d’arriver à trouver.
De plus quand on est absent, on peu s’adresser à un autre adhérent ou à sa nounou ou à n’importe quelle personne qui sera ravie de récupérer pour nous notre panier. Pendant les vacances, certaines AMAP, telles les Oliviers, mettent en "vente" les paniers des adhérents en congés, une bonne façon de tester le concept avant de s’engager.
Moi personnellement, j’aime bien les distributions parce que progressivement j’ai sympathisé avec pas mal de gens, c’est ma petite parenthèse conviviale du vendredi soir qui inaugure en beauté le week-end.
Donc comme je l’ai déjà écrit plus haut, on n’a rien sans rien. Oui il y a des contraintes, il faut au début faire un effort d’organisation, et la clé est de progressivement faire sienne la démarche, qu’elle ne soit plus vue comme une contrainte mais comme partie intégrante de son quotidien.

8- Des paniers de produits BIO, ça coûte cher !

Déjà, soyons clair : pour 10 euros par semaine, voici ce que j’ai, à titre d’exemple dans mon demi-panier du 19/02/2015 (tout est BIO) : 2 petites salades vertes, 1 kg d’épinard, un gros céleri rave, deux petits choux rave, 4 ou 5 carottes, 4 ou 5 pommes de terre. Rien à envier aux prix dans la grande distribution. Et encore, à certaines périodes les paniers sont encore plus garnis.
Ensuite, dans tout budget alimentaire, il y a des priorités et parfois la possibilité de dégager un peu d’argent pour les légumes, en mangeant un peu moins de viande par exemple.
Mais bien sûr, comme conclut Olivier Fantine [A6] le prix restera toujours trop élevé pour certains. C’est pour cela que les établissements scolaires, et avec eux les collectivités territoriales peuvent jouer un rôle considérable dans le développement des valeurs, du fonctionnement et donc des répercussions possibles du système AMAP. L’accès au système des AMAP aux revenus modestes fait partie des discussion récurrentes au sein des réseaux, comme le rappelle Claire Lamine [A1] (page 39) au travers de divers exemples : le recours à des chèques services et à des subventions ou l’exemple de "La courgette solidaire" ; Maud David-Leroy & Stéphane Girou [A5] (page 45) citent quant à eux l’exemple des paniers solidaires à Romans ou la mise en place d’un barème en fonction des revenus à Parent. Enfin Annie Weidknnet [A2] (page 131) de conclure : "Ces solutions ne constituent en rien une solution à la question générale de l’accès des personnes à faible revenu à une alimentation de qualité, qui est un problème si grave qu’il est hors de portée du partenariat AMAP d’y faire face. Le lui demander c’est un peu comme demander à l’école de régler tous les problèmes de violence et d’éducation de la société, dédouanant les élites de leur responsabilités propres".

Au final la vraie question est : quel est le prix juste ?

C’est tout simplement le prix qui permet à l’agriculteur de gagner sa vie. Car comme le rappelle souvent un producteur de notre AMAP : "en AMAP on ne gagne pas d’argent, on gagne sa vie". En AMAP il n’y a aucun intermédiaire dans la vente, pas de spéculation sur les produits, une minimisation des emballages. Le prix dépend essentiellement :
- des coûts de production directement liés au mode de production. Les produits fabriqués en conventionnel sont moins chers, parce que le conventionnel, quoi qu’on en dise, présente des rendements supérieurs au Bio, et parce que ces producteurs n’intègrent pas le coût écologique de leur mode de production dans le prix des produits vendus.
- du salaire que souhaite percevoir le paysan. Détail du calcul : le producteur évalue ses charges d’exploitation et ajoute son salaire (*), estime par ailleurs le nombre de paniers complets qu’il est en mesure de livrer à chaque distribution et le nombre de distribution dans l’année (ce qui correspond à la fameuse "part de récolte"), et fait la division : [coûts + salaire] / [nombre de paniers x nombre de distribution] = le prix du panier.
(*) et de là découle une autre question : combien ça vaut, un paysan ? Y a t’il un salaire moyen de référence ? Maud David-Leroy et Stéphane Girou [A5] (page 81) évoque un "revenu de référence" départemental lié à la capacité de production du paysan et à son temps de travail. Je n’ai pour l’instant d’autres renseignements à ce sujet. Je sais juste que notre arboriculteur gagne 1350 euros nets par mois, et m’a dit que "c’est dans la lignée du salaire des autres paysans que je connais dans le réseau, à 1400 €/mois. C’est relativement peu en regard de l’investissement en temps et en compétences. Aujourd’hui un paysan doit mobiliser des compétences énormes dans des domaines extrêmement divers."

9- Les paysans, mais ils n’y en aura bientôt plus de toute façon !

Ben oui, à quoi bon vouloir aller à l’encontre de la diminution continue du nombre de paysan en France (*) et s’embêter à faire tout ça, les AMAP et tout et tout ? A t-on vraiment besoin d’eux pour bien se nourrir ? Est-ce que "l’avenir" n’est pas plutôt à ses fermes futuristes où des scientifiques font pousser des légumes hors sol ou ses fermes gigantesques où les animaux ne foulent jamais un pré (la "ferme aux 1000 vaches", déjà monstrueuse pour nous français, doit bien faire rire nos voisins allemands, américains, sud africains...qui ont paraît-il largement dépassé ce petit nombre de 1000 vaches depuis longtemps...) ? Je vous ai mis en PJ un petit article que j’aie trouvé dans la revue 01NET de mars 2015 dont le titre est "La grande révolution de l’ageekulture".
Je sais pas vous mais moi ça me fait flipper !!
Bien sûr il ne faut pas être réfractaire au progrès ; il serait idiot de s’opposer à ce qui pourrait augmenter la productivité des exploitations et le "confort" de l’agriculteur ; la disponibilité des terres agricoles diminue et nous sommes de plus en plus nombreux, donc il faut réfléchir à comment nourrir tout ce petit monde dans ce contexte. Mais il me semble qu’il faut rester vigilant et continuer à garder un savoir-faire agricole et ne pas verser uniquement vers un savoir-faire "technico-scientifique". Cette idée que le travail des blouses blanches pourrait un jour substituer le travail des paysans sur le terrain me rappelle un peu la grande époque du tout chimique, où tout reposait sur les engrais, pesticides, fongicides...et on voit ce que cela a donné : on a vu que le coût écologique n’était pas soutenable et qu’il fallait retrouver d’anciens savoir-faire perdus si on voulait une agriculture productive ET durable. Si on fait un parallèle, le jour où il n’y aura plus de pétrole ou que les métaux nécessaires à la fabrication des nombreux composants électroniques de toutes ces machines seront hors de prix, comment ferons-nous si le savoir-faire "agricole" a été perdu ?
De plus, manger des salades cultivées en labo, c’est s’éloigner un peu plus du vivant. A la limite, pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas se nourrir de pilules, comme dans "Le meilleur des mondes " d’Aldous Huxley (1931) ? Il me semble que ce qui fait de nous des êtres vivants, c’est que nous mangeons d’autres être vivants. Et ce qui fait de nous des humains, c’est justement cette culture universelle autour du repas. Pas très funky de partager un repas de pilules !
Enfin autre chose : souvent le modèle économique de ces grands projets futuristes est basé sur des subventions de l’état, un fort endettement de l’agriculteur...et donc pas vraiment durable si l’on prend en compte toutes les données.

Alors oui ça vaut le coup de continuer à faire vivre des paysans qui travaillent la terre et d’essayer de comprendre comment leur métier a évolué.

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