Humidifier les racines grâce à de simples bouteilles d'eau plantées
dans le sol. C'est le système inédit et peu coûteux développé pour
contrer les sécheresses par Gopal Komandur et l'ONG Centre for
Environment Concerns.
Il a découpé une bouteille, l’a enfoncée dans le sol puis reliée à un tuyau distribuant de l’eau avec parcimonie. Le voilà qui tenait sa solution : le SWAR (« System of Watering for Agriculture Rejuvenation », « Système d’irrigation pour le renouveau de l’agriculture »). Gopal Komandur, directeur du Centre for Environment Concerns (CEC), une ONG indienne, cherchait depuis plusieurs années à résoudre le casse-tête des régions non irriguées de son pays. Son idée ? Aller directement humidifier les racines pour limiter au maximum l’évaporation et ainsi réduire par dix le recours au précieux liquide par rapport à un système classique d’irrigation. « C’est une vieille pratique indienne d’humidifier ainsi les rhizomes des plantes. Nous, nous n’avons fait qu’ajouter des solutions techniques à ce savoir ancestral, mécaniser cette solution », souligne le directeur du CEC.
Car dans de nombreuses régions indiennes, les précipitations se font de plus en plus rares avec le changement climatique. Aussi les agriculteurs ont-ils souvent recours à des monocultures d’espèces importées, peu bénéfiques pour les populations locales et sans grandes qualités environnementales, assure Gopal Komandur. De l’eucalyptus notamment, accusé d’être gourmand en eau et d’appauvrir les sols. Ailleurs, de grandes étendues de terre sont laissées en jachère, privant ainsi les populations d’une ressource vivrière, voire d’un atout économique. Tant que les campagnes se vident de leurs habitants.
Le SWAR, ce sont en fait deux innovations : un sac en polyéthylène pliable et peu coûteux pour recueillir et stocker jusqu’à 1 000 litres d’eau de pluie et un moule à fabriquer des bouteilles durables capables d’empêcher l’évaporation.
Pas besoin d’électricité, ni de cours d’eau pour ce système qui fonctionne de manière autonome : « C’est simple et peu coûteux. On n’a pas recours à des produits chimiques », résume Gopal Komandur. Aussi le système aujourd’hui en cours d’expérimentation s’adresse-t-il surtout à des « agriculteurs propriétaires de leur terrain et qui cherchent une productivité sur le long terme. Ils ne veulent pas tuer leurs sols. Mais ce sont des victimes. Commercialement, ils n’arrivent pas à s’en sortir. Alors ils emploient des solutions qui fonctionnent à court terme : ils travaillent avec des produits chimiques même s’ils savent les dommages causés à leurs terres. Pourtant, aujourd’hui, ils s’intéressent à de nouvelles solutions ».
Fini, la monoculture d’eucalyptus avec ce système : « On peut revenir à une biodiversité formée d’espèces indigènes, de grandes canopées, des buissons, des arbres », souligne l’Indien dans une vidéo de l’AFD. De quoi redonner des ressources aux populations (bois de chauffage, d’outillage…) en leur donnant tout intérêt à veiller sur ces cultures. De quoi aussi améliorer la protection contre le changement climatique.
Le SWAR, schéma tiré de la demande de brevet (pdf) formulée par le CEC
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