vendredi 31 octobre 2014

la France protestataire en 10 points chauds

Sivens, 1000 vaches, stade de l’OL : la France protestataire en 10 points chauds      

 
     

Sivens, 1000 vaches, stade de l'OL : la France protestataire en 10 points chauds
(Crédit photo : blandinelc - Flickr )
 
Après la mort d'un opposant au barrage de Sivens, les signes de soutien en provenance d'autres ZAD se multiplient. Car une myriade de poches de résistance aux grands projets parsème l’Hexagone. Tour d'horizon. 

« Des légumes, pas du bitume ». Lancé il y a cinq ans dans le bocage de Loire-Atlantique, le slogan s’est, depuis, propagé de Lyon à Orléans. Dans le Tarn ce week-end, la lutte contre l’artificialisation des terres, menacées par le projet de barrage de Sivens, a viré au drame avec la mort d’un manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse. Dès le lendemain, les occupants de Notre-Dame-des-Landes manifestaient « contre la violence d’Etat » (Retrouvez ici la liste des manifestations de soutien après la mort de Rémi Fraisse). Au même moment, la ferme des bouillons près de Rouen accueillait pour un soir agriculteurs et militants de Notre-Dame-des-Landes des Landes en route vers Amiens pour soutenir neuf opposants à la Ferme des 1 000 vaches, qui comparaissaient devant les tribunaux.
Depuis cinq ans, d’un bout à l’autre de l’Hexagone, un réseau de mobilisations citoyennes se tissent. Les ZAD, ces « Zones d’aménagement différé » dans le jargon des maîtres d’ouvrage devenues des « Zones à défendre » dans la bouche des militants en sont l’incarnation. Contre les projets d’autoroutes, d’aéroports, de centrales à bois… des groupes de citoyens, hostiles au bétonnage du territoire manifestent, cultivent ou campent pour défendre une autre idée de l’intérêt général.
Outils
Monde
Pays
Dépt.
Ville
Rue
Maison
Couches
200 km
0
Abscisse :   Ordonnée :
© IGN
1. L’aéroport Notre-Dame-des-Landes

A la fois berceau, source d’inspiration et base arrière des opposants aux grands projets, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes se distingue par sa longévité. La naissance du premier squat d’opposants au projet d’aéroport remonte à 2007. Puis, à partir de 2009, les occupations de terres se multiplient pour empêcher les bulldozers du groupe Vinci de transformer 1 600 hectares de terres agricoles en parkings et piste atterrissage. A l’automne 2012, après une vaine tentative d’expulsion, le mouvement prend de l’ampleur. Remise en culture des terres, naissance d’une radio : une microsociété émerge. Le projet reste aujourd’hui suspendu à la décision du tribunal administratif. Sur place, des dizaines de militants aux parcours et motivations hétérogènes se relaient toujours.

A lire : notre dossier sur Notre-Dame-des-Landes

2. Le barrage de Sivens

Depuis le lancement des opérations de défrichement, le 1er septembre dernier, le site est le théâtre de violences entre forces de l’ordre et opposants. Celles-ci ont atteint leur apogée ce week-end avec la mort de Rémi Fraisse, un opposant au projet de 21 ans. Les motifs de la contestation sont pluriels. D’une part, la construction de cette retenue de 1,5 million de m3 implique l’artificialisation de 45 hectares de terres dont 13 hectares en zones humides. D’autre part, les opposants contestent l’utilisation de 8,5 millions d’euros d’argent public pour un projet, jugé surdimensionné par les experts et principalement destiné à offrir des solutions d’irrigation des terres à une quarantaine de céréaliers.

3. La Ferme des 1 000 vaches

Ce mardi, un cortège de tracteurs, dont certains roulant depuis Notre-Dame-des-Landes a défilé jusqu’au tribunal d’Amiens. Un signe de soutien aux neuf militants qui comparaissaient pour avoir organisé, en mai dernier, une opération commando à l’intérieur de cette « ferme-usine ». Equipée du plus gros méthaniseur d’Europe, l’infrastructure de la Somme a vocation a produire 2,8 millions de litres de lait et 1,5 megawatt d’électricité. La lutte contre ce projet, contre-exemple d’agriculture à taille humaine, est menée conjointement par la Confédération paysanne et l’association Novissen (Nos villages se soucient de leur environnement) qui réunit aujourd’hui près de 2 500 adhérents. Après l’organisation de manifestations, de happenings et la réalisation d’une vidéo virale, les opposant actionnent aujourd’hui un nouveau levier : ils comptent sur les consommateurs pour dissuader le producteur de yaourts Senoble de se fournir auprès de cette installation. Un formulaire à renvoyer au président du groupe est proposé.

4. Le stade de l’Olympique lyonnais

Pour protester contre la construction du futur stade de l’Olympique lyonnais, les militants ont également opté pour une phase d’occupation. Mais le 8 janvier 2014, leur campement de Décines a été expulsé, après de deux ans d’existence. Aujourd’hui, seul Philippe Layat, le dernier agriculteur menacé d’expropriation, soutenu par la Confédération paysanne, incarne la résistance. Il vient de lancer une pétition très relayée.

5. La ferme des Bouillons

En décembre 2012, une poignée de militants, passés par Notre-Dame-de-Landes pour certains, se sont installés dans une ferme de l’agglomération de Rouen (Seine-Maritime) menacée de démolition par le groupe Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan. La défense de cette zone agricole passe par des travaux de jardinage et l’organisation d’événements culturels impliquant les habitants des communes alentour.

A écouter : Le reportage de France Culture à Rouen.

6. La centrale à bois de Gardanne

Le troisième groupe de distribution d’énergie allemand, E.on, veut reconvertir un réacteur de la centrale électrique de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui fonctionne actuellement au charbon et aux résidus de pétrole, en centrale à bois. Le projet engloutira plus d’un million de mètres cubes de bois chaque année. Il fait donc craindre aux habitants une surexploitation des forêts locales, mais aussi cévenoles et jurassiennes. Le 5 octobre, environ 300 personnes ont manifesté pour réclamer la suspension du projet.

7. La ZAD Patates

Dans la plaine de Montesson (Yvelines), une des dernières vastes étendues de maraichage en Ile-de-France, l’artificialisation des sols menace. Au pied d’un magasin Carrefour, un collectif local, la ZAD Patates plante des pomme de terres pour circonscrire symboliquement la zone d’activité commerciale (ZAC) de la Borde, que les élus locaux envisagent d’étendre de 8 hectares. Depuis le dépôt, le 14 septembre, d’un recours par le collectif d’associations pour la défense de l’environnement dans la Boucle de la Seine (CADEB), le projet est en suspens. Les planteurs de tubercules n’ont pas lâché leurs binettes pour autant. Un autre projet menaçant la continuité agricole de la plaine – un nouveau tronçon de route départementale, déviation de la RD121 – est toujours à l’étude.

8. Le village Décathlon d’Orléans

Dans la banlieue d’Orléans (Loiret), un collectif d’habitants s’oppose au « Village Oxylane », un complexe dédié au « sport et au bien-être ». Construite autour d’un futur magasin Décathlon, l’infrastructure aura une vocation principalement commerciale. Pour éviter que celle-ci ne voit le jour, grignotant 16,5 hectares de terres au passage, les opposants ont lancé une pétition et récolté près de 800 signatures. La mobilisation passe également par la culture de courges sur le site convoité. Les récoltes débouchent sur l’organisation de « courges parties », des soirées de mobilisation au cours desquelles les militants partagent une soupe de potiron.

9. EuropaCity

2 milliards d’euros d’investissement pour 30 millions de visiteurs par an, 250 000 m2 de commerces et une piste de ski en intérieur… le tout au détriment de quelque 80 hectares de terres. Ce complexe commercial et de loisir prévu pour redynamiser le triangle de Gonesse (Val-d’Oise) suscite la colère d’un collectif d’habitants. Leur première manifestation, organisée le 22 septembre dernier a réuni plusieurs centaines de personnes.

A lire : notre article sur EuropaCity

10. La scierie du Morvan

Un temps baptisé Notre-Dame-des-Bois, le projet de méga-scierie a, lui aussi, été le théâtre d’une contestation d’ampleur. Jugé trop gourmand en bois par les défenseurs de l’environnement, le projet a été attaqué sans relâche tout au long de l’année 2013 : pétition récoltant 60 000 signatures, occupation de terrains et attaque en justice sur les failles juridiques du projet. En novembre de cette même année, après décision du Conseil d’Etat, le projet a finalement été abandonné.

Et près de chez vous ? Des citoyens se mobilisent-ils face à de grands projets qu’ils jugent inutiles ? Aidez-nous à compléter cette carte en nous écrivant dans les commentaires ci-dessous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire